ASDE 056 Maria Valtorta

Extrait des cahiers de Maria Valtorta

Le 16 mai 1946

Maman.

Maman ! Elle montre une douce tristesse. Son visage est serein, certes, ce n’est plus le visage cendreux des premières apparitions mais celui de ses meilleurs moments, si ce n’est même plus en paix, comme adouci par le reflet d’une âme comblée de paix… Mais elle est triste. Elle me regarde avec une compassion pleine d’amour ; c’est un regard comme j’en aurais désiré très souvent de sa part quand elle était ma mère sur la terre, mais j’en ai bien rarement obtenu, et toujours plus faiblement qu’aujourd’hui. Elle me regarde… Elle paraît souffrir… Mais elle n’est plus loin de moi, dans des régions de là-haut comme c’était le cas lors des premières apparitions. Elle est réellement présente, au bout de mon lit, et regarde autour d’elle – je ne sais si c’est par curiosité ou pour saluer ses affaires, qu’elle revoit autour de moi. Elle sourit à la vue de son portrait placé près de moi, elle sourit de façon plus lumineuse à sa Vierge des Douleurs, à ma miniature, puis elle regarde Jésus à la tête de mon lit et son regard est si indéfinissable que je n’arrive pas à le décrire. Elle parait prier et vénérer, elle paraît s’humilier en demandant pardon… Elle paraît souffrir.

Je la crois triste parce que voici deux mois que je n’ai pu faire dire une messe pour elle. Auparavant, de décembre à mars, elle s’était apaisée – j’en avais du moins l’impression – car je ne la voyais et ne l’entendais plus, comme si la messe mensuelle lui apportait quelque soulagement. Je luis dis : « Tu as raison, Maman. Mais si tu savais dans quel état je suis ! Par moments, on ne s’occupe plus de moi… »

Elle hoche la tête comme en signe de dénégation.

Je poursuis : « Je ne sais pas à qui m’adresser pour être certaine qu’on te soulagera par le saint sacrifice de la messe… »

Elle répond : « Moi, je sais. Nous, ici, nous le savons. Mais ce n’est par pour moi que je souffre. C’est pour toi. Pauvre Maria ! Jamais comprise, jamais aimée, jamais heureuse… Même maintenant que tu es si malade et si digne d’être aidée. Que de torts ils ont tous envers toi !

Ne souffre pas, Maman. Tu sais, je suis si habituée à cet état… » Je n’ajoute rien, car je comprends que mes paroles seraient autant de reproches du passé, de son passé comme du mien.

Elle me répond : « Il m’est impossible de ne pas souffrir. Car je comprends désormais. Plongés comme nous le sommes dans un bain ardent et lumineux d’amour d’expiation, nous voyons, connaissons et apprenons ici et maintenant à aimer Dieu et notre prochain, que pendant notre vie nous avons si peu et si mal aimés. Les souffrances de notre prochain augmentent donc notre expiation car, une fois l’égoïsme disparu, nous savons aimer et souffrir avec lui et pour lui. Mais ne t’en afflige pas. Cela nous sert à aller plus vite au paradis. Sois patiente, Maria. Dieu seul t’aime, mais il t’aime tellement ! Et maintenant, ta mère aussi t’aime énormément, mais elle ne peut pas encore te donner tout ce qu’elle souhaiterait pour réparer. La première période, celle du remords, est terminée… et je suis dans l’amour actif. Mais je ne peux encore faire davantage que prier pour toi. Sois tranquille, cependant. Tu sais déjà aimer, par conséquent tu es protégée par l’Amour. Moi, j’apprends à connaître, instant d’éternité après instant d’éternité. Plus je connais, plus j’apprends à aimer. Quand je saurai aimer comme cela nous était demandé, mon expiation prendra fin, et alors je pourrai faire beaucoup plus. C’est en aimant qu’on obtient le paradis et la puissance, ici comme sur la terre. Ne pleure pas, « Picceccola » (c’est le surnom affectueux que Maman me donnait quand j’étais petite ; cela voulait dire : ‘ma petite fille’, et elle le réservait à quelques très rares moments d’effusion). Le mal est celui des autres. Ce sont eux qui doivent pleurer, parce qu’ils agissent mal.

Ah, si tu savais combien il faut expier ici la souffrance infligée aux autres ! Ils en souffriront tous. Et ce sera justice, parce qu’ils n’ont pitié ni de la créature ni des moyens employés par Dieu. Il nous faudrait être bons autant que faire se peut. Sois donc patiente et offre à Dieu ta patience en réparation pour ta mère. C’est la meilleure des offrandes, justement parce que c’est toi qui la subis, toi seule. Ce sont tes offrandes, tes sacrifices qui me soulagent, car c’est envers toi surtout que j’ai manqué d’amour, envers toi plus que tout autre… Peppino n’est plus au nombre des vivants… Adieu, Mario… » (autre surnom que me donnait ma mère, qui aurait préféré avoir un garçon et m’appelait ‘Mario’ comme pour se consoler d’avoir mis au monde une fille…). Et un frais baiser m’effleure la joue pendant que la vision s’estompe… puis disparaît lentement.

J’appelle : « Mama, maman, dis-moi… Es-tu plus purifiée maintenant, puisque tu parles alors que tu ne le pouvais auparavant ? Dis-le moi ! » Mais elle est partie sans me répondre. J’aurais encore voulu lui demander : « Quand tu étais si tourmentée en décembre et que tu m’appelais d’une voix si larmoyante, est-ce parce que tu voyais venir ce qui se préparait pour moi ? » J’aurais voulu encore ajouter : « Pourquoi Papa ne vient-il jamais ? N’est-il donc pas en paix, ou l’est-il tellement qu’il agit du Paradis sans venir ? » Mais elle ne m’en a pas laissé le temps. Je reste sur mes interrogations, mais avec une impression de réconfort paisible.

(Note à dix heures du matin). A tel point que, après une nuit de souffrance continuelle qui m’a empêché de dormir, je m’assoupis doucement, le chapelet encore dans les mains car, après avoir récité cent « Requiem » pour Maman, j’avais commencé à dire mon chapelet.


Le 22 août 1943

Jésus dit :

« Je t’ai dit un jour que l’éternel envieux cherche à copier Dieu dans toutes ses manifestations.

Dieu a ses fidèles archanges, Satan a les siens. Michel, témoignage de Dieu, a son émule infernal, tout comme Gabriel, force de Dieu, a le sien.

La première bête, sortie de la mer, laquelle, d’une voix de blasphème, fait proclamer aux naïfs : ‘Qui est semblable à la bête ?’, correspond à Michel. Vaincue et brûlée par lui dans les batailles entre les troupes de Dieu et celles de Lucifer, au commencement du temps, guérie par Satan, elle porte à Michel une haine mortelle et amour à Satan, si toutefois on peut parler d’amour entre les démons – il vaut mieux dire soumission absolue.

Ministre fidèle de son roi maudit, elle utilise son intelligence pour nuire à la descendance de l’humain, créature de Dieu, et pour servir son maître. Elle emploie une force sans fin et sans limites pour persuader l’être humain d’effacer de soi mon Signe qui fait horreur aux esprits des ténèbres. Une fois enlevé ce signe, par le péché qui supprime la grâce, le chrisme lumineux sur votre être, la bête peut s’approcher et induire la créature à l’adorer comme si elle était un Dieu et à la servir dans ce crime.

Si l’être humain réfléchissait à quoi il s’assujettit en épousant la faute, il ne pécherait pas. Mais il ne réfléchit pas. Il ne regarde que le moment et la joie du moment, et pire qu’Esaü, il troque le divin engendrement pour un plat de lentilles.

Mais Satan ne sert pas seulement de ce violent séducteur des humains. Si en général ils réfléchissent peu, il y a encore trop d’humains qui, non par amour, mais par crainte du châtiment, ne veulent pas pécher gravement. Et voilà qu’entre en scène l’autre ministre satanique, la deuxième bête. Sous l’aspect d’un agneau, elle a l’esprit d’un dragon.

C’est la deuxième manifestation de Satan et elle correspond à Gabriel, parce qu’elle annonce la bête et elle est sa plus grande force : celle qui démantèle sans en avoir l’air avec une feinte douceur qui convainc qu’il est juste de suivre dans les traces de la bête.

Il est inutile de parler de pouvoir politique et de pouvoir de la terre. Tout au plus, vous pouvez donner au premier le nom de pouvoir humain et au second celui de science humaine. Et si le pouvoir de par lui-même produit des rebelles, la science, lorsqu’elle est uniquement humaine, corrompt sans susciter la révolte et entraîne à leur perte un nombre infini d’adeptes. Combien se perdent par l’orgueil de l’esprit qui leur fait mépriser la Foi et tuer l’âme par l’orgueil qui sépare de Dieu ! Au dernier jour, je moissonnerai les moissons de la terre, mais il y a déjà un moissonneur parmi vous. Et c’est cet esprit du Mal qui vous fauche et fait de vous, non pas des épis de blé éternel, mais de la paille pour les demeures de Satan.

Une science, une seule science est nécessaire. Je le répéterai mille fois : connaître Dieu et le servir, le connaître par les choses, le voir dans les événements et savoir le distinguer de ces antagonistes pour ne pas tomber dans la perdition. Au lieu de cela, vous vous préoccupez d’augmenter le savoir humain au détriment du savoir surhumain.

Je ne condamne pas la science. Je suis même heureux que l’être humain approfondisse par son savoir les connaissances qu’il a accumulées, pour pouvoir me comprendre et m’admirer toujours davantage dans mes œuvres. Je vous ai donné l’intelligence pour cela. Mais vous devez vous en servir pour voir Dieu dans la loi de l’astre, dans la formation de la fleur, dans la conception de l’être, et non vous servir de l’intelligence pour violenter la vie ou nier le Créateur.

Rationalisme, humanisme, philosophisme, théosophisme, naturisme, classicisme, darwinisme, vous avez des écoles et des doctrines de tous les genres et vous faites grand cas de toutes, bien que la vérité y soit dénaturée ou supprimée. Il n’y a que l’école du Christianisme que vous ne voulez pas suivre et approfondir.

C’est du reste une résistance naturelle. En approfondissant la culture religieuse, vous seriez obligés ou de suivre la Loi, ce que vous ne voulez pas faire, ou de confesser ouvertement que vous voulez piétiner la Loi. Et cela aussi, vous ne voulez pas le faire. Par conséquent, vous ne voulez pas devenir savants dans la science surnaturelle.

Mais pauvres sots ! Que ferez-vous de vos petites écoles et vos petits mots quand vous aurez à subir mon examen ? Vous avez éteint en vous la lumière infinie de la vraie science et vous avez cru éclairer vos âmes avec des succédanés de lumière, comme de pauvres fous qui prétendaient éteindre le soleil et faire un nouveau soleil avec beaucoup de petites lanternes. Mais si même le brouillard cache le soleil, le soleil est toujours dans le firmament. Mais si même par vos doctrines vous créez des brouillards qui voilent le savoir et la vérité, la vérité et le savoir demeurent puisqu’ils viennent de moi qui suis éternel.

Chercher la vraie sagesse et vous comprendrez la science comme elle doit être comprise. Débarrassez vos âmes de toutes les superstructures artificielles et érigez-y la vraie Foi. Comme les flèches d’une cathédrale spirituelle, la science, la sagesse, l’intellect, la force, l’humilité et la continence s’y élèveront, car le vrai savant sait, non seulement ce qui est humainement connaissable, mais aussi la plus difficile des choses : se dominer dans les passions de la chair et faire de sa partie inférieure le piédestal pour élever son âme et lancer son esprit vers les Cieux, à ma rencontre, moi qui viens et suis en chaque chose et qui aime être le Maître véritable et saint de mes frères et de mes sœurs. »

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