LUI et moi

2 avril Gare d’Angers. Revenant de Paris, j’avais eu une place assise, malgré foule dense –
Tu vois bien que Je prends un grand soin des Miens. Que, même dans le tumulte, Je les attire dans une heureuse solitude où le cœur se tient en éveil pour écouter le Bien-Aimé.
Ne leur disais-Je pas autrefois : « Quand Je vous ai envoyé sans bourse et sans bâton, vous a-t-il manqué quelque chose ? » Ils répondaient : « Rien ne nous a manqué, Seigneur ».
Toi, ne peux-tu pas en dire autant ?
Souvent, Seigneur, c’est moi qui ai manqué aux choses.
De ces omissions, humilie-toi, ne t’en étonne pas. Souhaite de guérir de ce manque de soins à Mon service. Examine souvent non pas seulement la valeur de tes actions, mais surtout la valeur de ton intention à les faire. La droiture de ta volonté à Me glorifier.
Peut-être, si tu regardais plus souvent ce que tu fais pour Moi, tu augmenterais ton zèle et ta tendresse. Tu serais plus fidèle aux détails : ô heureux détails, qui peuvent mériter de si grands biens !…
Poussières de vertus qui remplissent la vie…
Tu sais, les indivisibles grains de sable qui composaient l’immense Sahara ? Prends bien le souci des toutes petites choses, Ma Gabrielle. Dis-toi : elles sont faites à la mesure de ma petite nature. Et cela te rabaissera.
As-tu remarqué comme il faut souvent recommencer le travail des humbles ? Mets-y tout con cœur, sachant me plaire. Et, puisque tu veux vivre pour Moi, tout voir par rapport à Moi, mettre ta vie à Ma taille, considère la route si courte à franchir désormais.
La gloire qu’elle peut me procurer, ne Me la marchande pas.
20 avril. Le Fresne. A l’église. J’avais vu au bord d’un fossé, des fleurs de toutes sortes. –
Tu vois la force du printemps ! Que dans ton âme, un renouveau d’amour fasse fleurir des actions saintes de toutes nuances !
C’est Moi qui les regarderai, qui les aimerai, comme tu as regardé et aimé celles du sous-bois.
Dis-toi bien qu’il n’y a que l’Amour qui puisse ainsi faire surgir de nouvelles œuvres.
Donne-toi donc à l’Amour, pour que l’Amour te possède. Ne te divise pas même en deux : partie pour toi, partie pour Moi. J’aspire à la totalité de toi. Je m’en nourris.
Ton amour apaise Ma soif.
J’ai toutes les exigences. Je vous veux tout entiers, en tout temps. Ne distrayez rien. Ne soustrayez rien de vous-mêmes. Vous Me voleriez, car tout M’appartient.
Si Je t’exige, c’est que je brûle du désir de toi. Et Mon désir naît de Mon Amour.
Comprends-tu ? Crois-tu enfin ? Me concèdes-tu Ma puissance à aimer ? Et si Je dépasse tout amour, comment toi, ne dépasserais-tu pas tes manières habituelles d’aimer, pour t’établir dans des régions supérieures, celles de la simplicité d’union. Surtout si tu sais que c’est là que J’attends ton âme, et que Mon besoin est grand de t’y rencontrer.

C’est en considérant ce besoin, que tu te souviens que tu peux Me faire l’aumône. Or, rappelle-toi le prix d’une obole offerte par tendresse. Une obole de soi-même… Quelle ne sera pas la joie de Celui qui la reçoit ? Il augmentera Ses dons. L’âme qui les recevra sera éperdue d’étonnement et de reconnaissance : « Qu’ai-je fait pour mériter les complaisances de mon Dieu ? »
A quoi Je répondrai : « Tu L’as aimé de tous ses efforts et tu L’as laissé t’aimer ».
26 avril 1945
Seigneur, Votre pauvre petite Fille, Votre pauvre image est là devant Vous, Vous désirant de toutes ses forces.

As-tu remarqué comme les gens parlent entre eux, se communiquant toutes leurs affaires personnelles. Ils y passent un temps considérable et sans grand profit. Ne crois-tu pas que s’ils se livraient à Moi, leur Ami, Je Me réjouirais d’être quelque chose dans les pensées de leur cœur et Je saurais magnifiquement récompenser leur confiance.
N’est-ce pas qu’entre vous et Moi, cela créerait une intimité de tout instant qui ferait votre bonheur, parce qu’à Mon contact, votre vie s’allégerait.
Tu comprends ? Ce serait vivre à deux. Moi, portant le plus lourd. J’en reviens donc à dire : « Cause avec Moi, petite âme à Moi. Cause avec Moi. Et nos cœurs fusionneront.
N’est-ce pas le but de Mes chrétiens. N’est-ce pas pour cela que vous désirez mourir ? Vivez donc, d’abord de cette fusion de nos cœurs ? Saisissez-en toutes les occasions. Prenez tout prétexte. Vous n’osez pas assez. Certains, c’est par indifférence.
Mais, Mes amis intimes, pourquoi ? Pourquoi ne M’appellent-ils pas plus fort dans leur vie intérieure ?
Si leur foi était moins près de l’incrédulité ! Si leur espérance comptait sur Mon secours ! Et, si, tout simplement, leur amour M’aimait mieux. Je présiderais à tout dans leur jour, et quand la nuit viendrait, leurs yeux se fermeraient encore sur Mon Visage.
Tu sais t’endormir ainsi dans mes bras ?
Tu veux apprendre mieux ? Rappelle-toi qu’il faut maintes fois recommencer l’effort. Qu’il faut essayer de grandir. Qu’il faut bien se garder d’être satisfait de soi.
Mais, souvent, contemple ta misère et raconte-la Moi, telle que tu la connais.
Alors, combien Mon Cœur se sentira pressé de t’aider, puisque tu seras toute petite, toute faible.
En M’appelant, ne manque pas de Me donner les plus tendres noms. Je reconnaîtrai ta voix.
22 mars 1945. Heure sainte.

Tu viens de voir un ami bien malade et tu en as eu compassion. Que diras-tu à ton Grand Ami quand tu regarderas Ses souffrances ? Regarde-les bien, puisqu’elles sont pour toi. Qu’elles sont à toi.
Aie l’humilité de t’en recouvrir. Dis-Moi : « Ayez pitié de moi qui ne suis que pécheresse ». Crois-le et J’aurai pitié. Vois ton néant. Si tu le voyais bien tu serais terrifiée si tu ne connaissais Ma miséricorde et Mon Amour.
Comprends la pauvreté de ton âme, son dénuement. De toi-même, tu n’es rien. Cette vision de toi te serait terrible, si tu ne comptais sur la richesse des mérites de ton Époux. Oh ! comptes-y bien en ce temps de Ma Passion. Que ton regard découvre Mes feux en fouillant les détails de Ma Mort obéissante avec la douceur et l’acceptation de tout Mon Être.
Encore pour vous, cette acceptation et cette douceur. Oh, mes petites enfants, si vous aviez pu lire dans Mon Ame ! Plus tard vous saurez mieux. Aimez déjà comme si vous saviez. Essaie. Donne-Moi ta bonne volonté de petite Enfant.



