Et voici que Je suis avec vous
jusqu’à la fin des siècles
Avec le père Charles de Foucauld
Ce sont les derniers mots de l’Evangile de saint Matthieu, les derniers mots que vous prononcez sur cette terre en Vous envolant vers le ciel ! O mon Dieu, qu’ils sont doux, qu’ils sont divinement doux les mots de votre Cœur…
Toujours avec nous mais par la sainte Eucharistie, toujours avec nous par votre grâce, toujours avec nous par l’immensité de votre essence divine qui nous remplit, toujours avec nous par votre Science qui nous voit sans cesse, toujours avec nous par votre Providence qui nous protège sans cesse, toujours avec nous par votre Amour, par votre Cœur qui nous aime sans cesse… Oh, oui, mon Dieu, Vous êtes toujours avec nous, et de combien de manières et avec quel amour, avec quel Cœur ; que nous sommes heureux !… Oh mon Dieu, quel bonheur ! Quel bonheur ! Dieu avec nous, Dieu en nous, Dieu dans lequel nous nous mouvons et nous sommes, Dieu qui est à deux mètres de moi dans ce tabernacle, ô mon Dieu, que nous faut-il de plus ? Que nous sommes heureux ! Emmanuel, « Dieu avec nous », voici pour ainsi dire le premier mot de l’Evangile… « Je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles », voici le dernier. Que nous sommes heureux ! Que vous êtes bon…
Puisque vous êtes toujours avec nous dans la sainte Eucharistie, soyons toujours avec elle, tenons-lui compagnie au pied du tabernacle, ne perdons pas par notre faute un seul des moments que nous passons devant elle ; Dieu est là, qu’irions-nous chercher ailleurs ? Le Bien-Aimé, notre tout, est là, Il nous invite à Lui tenir compagnie et nous ne nous y précipiterions pas, et nous passerions ailleurs un seul des instants qu’Il nous permet de passer à ses pieds ! Tout le reste, images, reliques, pèlerinages, livres, est très vénérable et Dieu fait un devoir à telles ou telles âmes de s’en servir dans telle ou telle mesure comme de moyens excellents pour aller à Lui, pour s’instruire de Lui, pour mieux L’aimer et Le connaître, mais ce ne sont que des créatures mortes ; servons-nous en pour aller à Jésus, par devoir quand Jésus nous l’ordonne, quand Il le veut de nous, qu’Il nous fait connaître que c’est sa volonté, mais quand Il ne nous fait pas voir qu’Il le veut, quand il dépend de nous d’aller devant la sainte Eucharistie, n’allons jamais ailleurs : la sainte Eucharistie c’est Jésus, c’est tout Jésus ! Tout le reste, ce n’est qu’une créature morte. Dans la sainte Eucharistie Vous êtes tout entier, tout vivant, mon bien aimé Jésus, aussi pleinement que Vous étiez dans la sainte Famille de Nazareth, dans la maison de Magdeleine à Béthanie, que vous étiez au milieu de vos Apôtres… De même, Vous êtes ici, mon bien aimé et mon Tout ! Oh, ne soyons jamais hors de la présence de la saine Eucharistie, pendant un seul des instants où Jésus nous permet d’y être. Amen.
Et faites cette grâce, mon Dieu, non à moi seulement, mais à tous vos enfants, en Vous, par Vous et pour Vous : « Donnez-nous notre pain quotidien », donnez-le à tous les hommes, ce vrai pain qui est la sainte Hostie, faites que tous les hommes l’aiment, le vénèrent, l’adorent et que leur culte universel Vous glorifie et console Votre Cœur… Amen…
Puisque Vous êtes toujours avec nous par votre grâce, soyons-y toujours, ne négligeons aucune de ces inspirations…
Puisque Vous êtes toujours avec nous par l’immensité de votre essence, gardons sans cesse la pensée de votre présence avec respect, amour, bonheur, parlons sans cesse à Celui qui est toujours en nous, avec nous, prions-Le sans cesse, regardons-Le sans cesse, efforçons-nous de ne Lui déplaire jamais, de Lui plaire toujours le plus possible…
Puisque vous êtes toujours avec nous par votre science, tâchons de plaire sans cesse à Celui que nous aimons et qui nous voit, sans cesse, de prouver notre amour par tous les instants de notre vie à ce Bien-aimé qui nous regarde sans cesse, de dire continuellement que nous L’aimons, ce Bien-aimé toujours à notre écoute, de brûler sans cesse de plus pur et du plus ardent amour pour ce Bien-aimé qui lit sans cesse au fond de notre cœur, d’être enfin en pensées, paroles, actions, tous les instants de notre vie ce que veut que nous soyons le Bien-aimé divin qui a sans cesse devant les yeux toutes nos pensées, nos paroles, nos actions, tous les instants de notre vie…
Puisque vous êtes toujours avec nous par Votre Providence, qui nous protège, nous soutient sans cesse, soyons avec Vous sans cesse par notre reconnaissance, que notre âme soit pleine de gratitude, ô mon Dieu, et que cette gratitude continuelle déborde dans toute notre vie ; que toutes nos pensées, nos paroles, nos actions, que tous les instants de notre vie soient employés en vue de Vous seul, qu’en tout nous cherchions Vous seul, que tout, tout, tout ce que nous faisons soit fait en vue de Vous seul, puisque tout, tout nous vient de Vous : « Rendons à Dieu ce qui est à Dieu » ; en Lui rendant tout ce que nous sommes, corps, âme, pensées, paroles, actions, tout, tout à Lui seul, pour Lui seul, en vue de Lui seul…
Puisque vous êtes toujours avec nous par votre Amour, votre Cœur, soyons toujours avec Vous par le nôtre : que tous les battements de notre cœur soient pour Vous… Que nous Vous aimions uniquement, c’est-à-dire que nous Vous aimions sans limite, à l’infini, de toute notre puissance, et en vue de Vous seul, et que nous n’aimions que les créatures, soit nous, soit le prochain, qu’en vue de Vous, comme Vous le voulez, autant que Vous le voulez… Que nous ne respirions que pour Vous aimer, que toutes nos pensées, nos paroles, nos actions, soient inspirées par Votre amour et telles qu’elles plaisent le plus qu’il nous est possible à Votre Cœur, que tous les instants de notre existence soient consacrés à Vous aimer le plus possible…
Et il y a encore à considérer, mon Dieu, une chose, c’est que ce n’est pas seulement du tabernacle, du fond de nos cœurs, du ciel, que Vous nous voyez, que Vous nous aimez, que Vous êtes avec nous… Pendant tous les instants de Votre vie mortelle, Vous avez vu tous les instants de l’existence de chacun de nous : pendant tous les instants de Votre vie mortelle, Vous avez aimé passionnément, éperdument, divinement, chacun de nous ; et comme alors Vous pouviez souffrir, chacun des instants de notre vie Vous causait ou une jouissance ou une souffrance, suivant qu’il était employé au bien ou au mal, et cette jouissance comme cette souffrance était plus ou moins grande selon le degré de bien ou de mal… Vous avez donc pu jouir ou souffrir à chaque moment de votre vie mortelle, dans chaque moment de la mienne, dans celle de chaque moment de chaque homme…
Oh, puisque Vous avez ainsi avec nous, avec chacun de nous, par la science, par l’amour, par la jouissance, par la douleur, pendant tous les moments de votre vie mortelle, combien il faut désirer, prier, travailler, pour que tous les instants de notre vie mortelle, combien il faut désirer, prier, travailler, pour que tous les instants de nos vies, de la mienne d’abord, puis de celle des âmes dont Vous m’avez entouré dans la vie, puis de celle de tous les hommes qui sont et seront, Vous consolent le plus possible…
Que nous vous consolions le plus possible, pendant tous les instants de notre vie, voilà mon seul désir, mon bien-aimé Jésus ! Accomplissez-le en Vous, par Vous et pour Vous. Amen.