ASDE 052 Entretien avec Antonio Livi

 

Un entretien fort et instructif

Entretien de Mgr Antonio Livi du 2 mai 2018

 

Préambule :

 

Notre-Seigneur disait à don Michelini, dont les écrits sont repris depuis des mois dans cette revue, que s’il voyait l’état véritable de l’Eglise, il en mourrait. Et ceci date de plus de trente ans. La situation n’a pu qu’empirer depuis. Rappelons-nous aussi les paroles de la Vierge Marie à la Salette disant que le clergé état un cloaque d’impuretés, et ceci il y a près de 150 ans.

 

L’état de notre Église est en effet bien triste. La foi se perd, à tout le moins dans le monde Occidental. Chacun ne peut que constater que nos églises se vident au fil des années, voir ferment ou sont désacralisées. Et les sursauts que l’on peut voir de ci de là ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. Oui l’Église est bien malade et très malade. Et pourtant, au milieu du siècle dernier, on peut dire que l’Église se portait bien avec de nombreuses vocations. Il y avait bien quelques lézardes déjà sous Pie XII mais dès sa disparition, les choses ont commencé à évoluer dans un sens négatif, par son ouverture au monde.

 

Les papes précédents avaient eu à lutter contre le modernisme, le relativisme et le libéralisme, qu’ils étaient arrivés à juguler tant bien que mal, mais avec l’élection du pape Jean XXIII, tout a commencé à bouger. Le clan moderniste a saisi l’occasion du choix de ce pape, gagné en quelque sorte à leurs idées pour avancer leurs pions et entreprendre un véritable travail de sape dans l’Église. Celui que l’on a appelé par la suite le bon pape Jean, image du bon père de famille qui cherche le meilleur pour ses enfants, était un homme de conviction ancrée à gauche, un progressiste qui allait entraîner l’Église dans une voie diamétralement opposée à celle de Pie XII.

 

Sous son aspect bonhomme, Jean XXIII appliquait le programme qu’il s’était fixé, transformer l’Église en profondeur, suivant son credo social et progressiste. Le jugement porté par le plus célèbre vaticaniste de l’époque, Fabrizio Sarazani est sans appel : « … La marque laissée par Roncalli dans l’histoire de l’humanité dépasse de loin celle de Lénine et Staline. Ceux-ci ont liquidé quelques millions de vie humaines, tandis que Jean XXIII a liquidé deux mille ans d’Église catholique. » . Pas moins !

 

Partout où il passait, il professait ses idées de par ses fonctions enseignantes. Afin de minimiser ces actions jugées « subversives » et le retirer de l’influence de son évêque gagné à ses idées, il fut nommé Nonce Apostolique en Bulgarie, ensuite en Turquie et Grèce, et enfin à Paris. Passé maître dans l’art de la diplomatie, il excellait dans ses contacts tout empreints de tact et de compromis et parvenait toujours à gagner ses interlocuteurs à ses idées. Fleurtant avec la franc-maçonnerie qui lui est venue en aide à plusieurs occasions, c’est en 1935 qu’il entre dans la secte des « Rose-Croix » où il prend le nom de Johannes. Élu au pontificat suprême, ne prendra-t-il pas le nom de cet autre Jean XXIII, le schismatique. Il fera d’ailleurs figurer sur ses armoiries papales une tour et deux fleurs de lys, pour lesquelles de nombreux experts de la franc-maçonnerie attribueront une signification hautement symbolique : la Tour du Temple maçonnique flanquée de deux cavaliers, la « raison » et l’« instinct », interprétation bien entendu démentie par le Vatican.

 

ll a modifié petit à petit la perception du marxisme, jusque-là condamné par ses prédécesseurs comme « intrinsèquement pervers », en ouvrant l’Église à un dialogue avec les communistes et par l’acceptation de cette philosophie pourtant destructrice pour toute l’humanité. La Vierge de Fatima en avait déjà averti le monde en annonçant que si le monde ne se convertissait pas, la Russie y répandrait ses erreurs. Signalons au passage que la chute du communisme en République socialiste soviétique est une étape acceptée par les communistes pour mieux rebondir aujourd’hui. La Russie n’est plus le pays des soviets, avec un communisme toujours présent mais muselé, mais une institution a repris le flambeau, c’est l’Union Européenne, nouveau soviet de l’Europe. Bien que plus dissimulée, elle n’en est est pas moins réelle et même plus dangereuse que la première car elle ne dit pas son nom. Elle n’attaque pas de front mais dissimule son action, pervertissant toujours plus les esprits et les âmes. Elle devient progressivement une « dictature feutrée » mais qui impose au fil des années ses idées perverses, cherchant toujours plus à avilir les hommes par des lois perverses. Car il ne faut surtout pas l’oublier, le but premier du communisme est de détruire l’Église catholique et de se substituer à elle, créant une sorte de religion athée et anti-christique. Nous en reparlerons davantage ultérieurement.

 

Mais revenons à Jean XXIII et son action dans l’Église. Son accointance avec la Franc-maçonnerie est attestée de bien des manières. Citons-en une. Alors qu’il était devenu nonce apostolique à Paris, le Baron Marsaudon avait été nommé ministre plénipotentiaire de l’Ordre de Malte sur recommandation du nonce Roncalli. Or, ce baron était franc-maçon et pas n’importe lequel puisqu’il était un « trente-troisième degré », au plus haut de la hiérarchie franc-maçonne donc, et un membre à vie du Conseil de la Grande Loge du Rite Écossais. De plus, son secrétaire de la nonciature, Mgr Bruno Heim, avait porté un jugement enthousiaste sur le Baron Marsaudon qui avait su faire comprendre à la nonciature la valeur transcendante de la franc-maçonnerie. Il disait d’ailleurs que « la nonciature de Paris travaille en grand secret à réconcilier l’Église catholique avec la franc-maçonnerie ».

 

Quelques jours avant le conclave de 1958, un haut dignitaire franc-maçon dira dans un entretien privé avec le vaticaniste Franco Bellegrandi : « … contrairement à ce qui se murmure dans certains milieux romains, le prochain pape ne sera pas Siri, parce que c’est un cardinal trop autoritaire. Le Conclave élira un pape de conciliation. Et celui qui est déjà choisi : ce sera Roncalli, le patriarche de Venise. » « Choisi par qui ? » « Par nos représentants maçonniques au Conclave. » « Y a-t-il donc des francs-maçons au Conclave ? » « Bien sûr, l’Église est entre nos mains. » « Mais alors, qui commande dans l’Église ? » Après un bref silence, cette personne répondit en choisissant ses mots : « Personne ne peut dire qui sont les dirigeants. Les dirigeants sont occultes. » Précisons encore que le cardinal Siri fut choisi comme pape mais qu’il refusa, suite à des pressions exercées par des cardinaux sur sa famille, mise en danger. Il en fut de même lors de l’élection du cardinal Montini quelques années plus tard. Voilà de quoi faire comprendre combien la franc-maçonnerie a réussi à imposer ses hommes au plus haut niveau de l’Église. Des cardinaux sont francs-maçons, des évêques aussi, d’autres sous l’influence de la franc-maçonnerie, de quoi faire frémir le peuple fidèle qui ne connaît rien de ce qui se trame dans les sphères cachées du Vatican.

 

Poursuivant son rapprochement avec le communisme, Le nonce Roncalli, lors de son passage par Paris eut une influence grandissante auprès de l’épiscopat français, qu’il entraîna dans une course vers la gauche. Cette action fut si forte qu’elle surprit véritablement les forces communistes françaises.

 

Poursuivant sa carrière vers le « Pouvoir », Mgr Roncalli, nommé entre-temps cardinal, se retrouve patriarche de Venise où il poursuit son « dialogue » avec les communistes. « Les fonds du Patriarche de Venise sont maintenant à la disposition des sections communistes locales, et les manifestes du parti sont imprimés aux frais du Patriarcat… C’est au cours de cette période que le cardinal Roncalli commence à s’intéresser de très près à la Russie soviétique et à sa version du communisme… C’est alors que naît le rêve d’un rapprochement de l’Église avec le pays de la plus grande révolution sociale de l’histoire. » (Franco Bellegrandi dans une biographie de Jean XXIII)

 

C’est également de cette époque que date le rapprochement de Giovanni Battista Montini avec le cardinal Roncalli. Ecarté par Pie XII, c’est de ce moment qu’il travailla à l’élection du cardinal Roncalli, en collaboration étroite avec deux autres cardinaux, le belge Jozef Suenens et le néerlandais Bernard Jan Alfrink. Vingt jours après l’élection papale, Mgr Montini sera nommé cardinal, malgré les combines politiques de ce dernier qui l’avaient écarté si longtemps du Vatican. Les deux hommes n’eurent de cesse de travailler de commun accord sur le changement à apporter à la conduite du navire catholique. L’entente était telle que le pape Jean XXIII laissait entendre qu’il comptait bien faire du cardinal Montini son successeur.

 

Celui qui deviendra plus tard Paul VI, faisant partie de l’entourage indirect de Jean XXIII, puisqu’il dirige le diocèse de Milan, est appelé régulièrement au Vatican, à la demande du pape régnant. Il ne manque pas d’étudier tous ceux qui gravitent autour du pape afin de connaître ceux qui pourraient lui être utiles et sur qui il pourra compter par la suite.

 

Quand il deviendra Paul VI, celui-ci surprendra son entourage en portant l’Ephod du grand prêtre hébreu sur ses vêtements pontificaux, un ornement rituel symbolisant les douze tribus d’Israël, l’emblème de Caïphe, ce qui suscita la curiosité des journalistes…

 

Ce qui va suivre n’est pas dit pour porter l’opprobre sur une personne mais bien pour éclairer en partie comment l’Église en est arrivé à ce qu’elle est. De compromission en compromission, de lâcheté en abandon, du laisser faire pour garder la tranquillité, on en arrive inévitablement à ce que tout et son contraire se déroule sous nos yeux.

 

« En outre, il se murmure à Rome et dans toute l’Italie que Montini est homosexuel. Donc susceptible de chantage et, par conséquent, au pouvoir de ceux  qui entendent le manoeuvrer à leur propres fins.

 

« A Milan, lorsqu’il était archevêque de cette ville, il se faisait souvent arrêter de nuit par la police, en vêtements civils et en douteuse compagnie. Depuis des années, il est lié par une amitié particulière à un acteur qui se teint les cheveux en rouge et qui ne fait pas mystère de sa relation avec le futur pape. Cette relation est du reste extrêmement stable. Un membre du service de sécurité m’a confié que le favori de Montini avait reçu l’autorisation d’accéder aux appartements papaux et d’en sortir à sa guise.

 

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« La première opération de chantage prit Montini à la gorge à peine avait-il accédé au Siège de Pierre, car les loges franc-maçonnes obtinrent rapidement l’abolition de l’excommunication dont l’Église frappe les partisans de la crémation des morts, après qu’elles eurent menacé de révéler les rencontres secrètes entre l’intéressé, lorsqu’il était Archevêque de Milan, et « son » acteur dans un hôtel de Sion, ville du canton suisse du Valais. Plus tard, on fera connaître les activités souterraines ayant entouré ce premier et retentissant acte pontifical de Paul VI, ainsi que le travail d’un gendarme ayant patiemment recueilli des preuves incontestables quant aux rencontres en question.

 

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« Il est un autre changement qui n’a pas échappé au cercle restreint de ceux dont le rang et le service les amenaient à passer la majeure partie de leur journée au Palais apostolique : la soudaine apparition d’homosexuels à des postes de prestige et de responsabilité proche du Pape… Affligé de la dite faiblesse, l’Archevêque de Milan avait le bras long, et il mettait discrètement en place, sur l’échiquier de l’état aux onze mille salles, les personnages qui entraient dans son jeu et jouissaient de sa dilection. Naturellement, les nouveaux protagonistes affectés de la « maladie » en question amenaient avec eux des personnages de moindre importance qui leur étaient liés par le même sort solitaire. Ainsi, lentement mais avec  une insistance croissante, le Vatican s’emplissait de rumeurs et d’indiscrétions qui allaient être suives des plus graves événements… On vit naturellement se détacher de la masse des fonctionnaires ceux que « recommandait » l’Archevêque de Milan, et il éclatait çà et là de petits et de grands scandales, de sorte que la gendarmerie pontificale avait pour tâche délicate de slalomer dans ce champ de mines, c’est-à-dire de fermer les yeux, de regarder ailleurs, d’enterrer des rapports et de décourager de temps à autre un journaliste trop zélé. » Propos de Franco Bellegrandi, Camérier de cape et d’épée de sa Sainteté, 1977.

 

Qui parle de désolation ?

 

Le Vatican s’est ainsi avancé petit à petit sur une pente glissante, avec un cortège de désastres plus grand les uns que les autres. Comment s’étonner dès lors de voir éclater de véritables scandales à différents niveaux. Le pontificat actuel n’échappe en rien à cette règle. Qu’est-ce qui a véritablement poussé le pape Benoît XVI à démissionner de sa charge ? Est-ce réellement un problème de santé. Probablement ne se sentait-il passez « fort » pour faire face à ce courant irrésistible au sein de l’Église, à cette lame de fond puissante voulant bouleverser la vision catholique de l’Eglise et lui faire épouser les idées du monde. Quoi d’étonnant de voir la puissance de ce lobby gay au sein de l’Église, à tous les niveaux de la hiérarchie, de la base à son sommet. Comment a-t-on laissé à son poste ce cardinal Mc Carrick, écarté par Benoît XVI et remis sur le devant durant ce pontificat. Et ils sont si nombreux les scandales de ce type, dans tant de pays. Et jusqu’au Vatican où, il y a quelques mois, la secrétairerie du Cardinal Coccopalmerio a vu débarquer la gendarmerie pour une orgie homosexuelle avec consommation de drogues.

 

Comment des cardinaux qui ne croient plus en la présence réelle, en la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie, dans l’enfer, dans la Virginité de la Vierge Marie, dans les miracles des Évangiles, etc…, etc… sont-ils toujours en place. Comment un Cardinal Kasper, qui est de ceux-ci, est-il présenté comme un excellent théologien alors que leurs propos en font des hérétiques, sinon de fait, du moins dans leur arrangement de la Vérité. Pourquoi remettre à l’honneur un Luther en fustigeant l’Église d’avoir pris les positions que l’on connaît à son égard ? Et tant et tant de choses, petites aussi bien que grandes !… Que d’extravagances dans la liturgie ici et là, avec des prêtres que l’on pourrait dire de bonne foi mais qui se laissent prendre par la force tranquille du changement quand ce n’est pas pour certain à desseins.

 

Mes propos ne sont pas là pour démolir l’Église, loin s’en faut, mais pour faire prendre conscience de la gravité de la situation, pour faire ouvrir les yeux de ceux qui les ont fermés, la plupart de bonne foi et inconscients de cette gravité. Chacun doit éveiller son sens critique et se poser les bonnes questions. C’est ce à quoi s’efforceront d’arriver plusieurs articles qui devraient suivre.

 

Mes propos sont là pour introduire ces articles, qu’ils soient de moi comme d’autres, mieux qualifiés que pour moi en parler, mais dans le souci constant d’éclairer le plus clairement possible. Ayons aussi le courage de les lire pour comprendre et pour mieux faire face par la suite. L’interview de Mgr Antonio Livi va dans ce sens. Il est d’ailleurs mesuré dans ces propos et ne porte aucune condamnation sur personne. Par contre, et il nous le fait bien comprendre, l’erreur doit être combattue et la Vérité primée sur elle.

 

L’essentiel pour chacun de vous est de garder intact le dépôt de la foi transmise par l’Église au cours des siècles. Chacun de vous doit vivre de cet esprit de l’Évangile qui est de posséder Dieu en plénitude, Dieu qui vit au dedans de chacun de vous, au plus profond de votre être, soyez en persuadé. Rien ne doit éteindre en vous cette flamme qui a besoin pour vivre de son Maître, Jésus-Christ, qui ne demande que de nous éclairer par  l’Esprit-Saint, et qui attend que nous nous attachions à ses pas, chaque jour de notre vie, faisant nôtre la devise « Dieu premier servi », le mettant véritablement et pleinement à la première place, confiant en sa personne et en sa Miséricorde infinie. Il sera toujours avec nous, jusqu’à la fin et les portes de l’Enfer ne prévaudront pas sur son Église. Il nous l’a dit et nous devons y croire fermement et avec constance, quoi qu’il arrive, quoi que les événements de la vie puissent nous amener à penser.

 

Faisons nôtre les paroles de Notre-Seigneur : « J’ai vaincu le monde ».

 

Nota bene : les propos tenus sur Paul VI m’ont été confirmés par un professeur de philosophie et de théologie. Ils le sont aussi par Mgr Luigi Villa, italien aujourd’hui décédé, dont la mission lui a été donnée par Saint Padre Pio de poursuivre et traquer la franc-maçonnerie au sein de l’Église, mission confirmée par Pie XII et qu’il a accepté jusqu’à la fin de sa vie. N’y a-t-il pas dans l’Église, parmi les papes qui ont régné, des « cas » plus sains de canonisation qu’un Paul VI qui sera porté sur les autels sous peu !… Pour ma part, je me pose aussi la question pour Jean XXIII ! Comme l’a souligné le pape François en souriant, il sera le prochain quand il ne sera plus de ce monde. Étonnant cette volonté de vouloir porter sur les autels tous ces papes depuis le Concile ?

 

C.D.

 

 

« Ce ne sont pas les Papes qui sont hérétiques. Je n’ai jamais dit cela d’aucun Pape. Ce sont les Papes qui ont subi cette influence et ne s’y sont pas opposés. Ils ont écouté cette idée folle de Jean XXIII, qui disait : affirmons la doctrine de toujours, mais sans condamner personne. C’est impossible : la condamnation fait partie de l’explication du dogme, c’est l’autre face de la même médaille. Si l’on veut appliquer le dogme aux temps modernes, où il y a des hérésies, il faut forcément les condamner. Ne rien condamner revient à tout approuver. Tout approuver signifie qu’il n’y a plus de foi catholique. »

 

Mrg Antonio Livi

 

 

Question : La pastorale du Pape François déjà appliquée depuis des décennies au nord des Alpes mène à une Église moribonde. Pourquoi le Pape François ne s’en rend-il pas compte ?

A. Livi : Parce qu’il a été élu précisément pour cela. Il l’a dit : « mes frères cardinaux m’ont élu pour que je m’occupe des pauvres, pour que je fasse avancer la Réforme. » En réalité, c’est ce groupe de théologiens de Saint-Gall, en Suisse, Godfried Danneels, Walter Kasper et d’autres, qui déjà lors de l’élection de Benoît XVI, avaient l’idée que le Pape qui allait pouvoir faire avancer une Réforme de l’Église au sens luthérien du terme, ce pourrait être lui, Bergoglio. Une réforme au sens luthérien. Parce que la pastorale ou la politique d’entente interreligieuse avec les luthériens puis avec tous les autres vise à faire en sorte que les luthériens soient appréciés et approuvés, et que le catholicisme soit toujours plus réduit et se repente de tous ses péchés. Officiellement, le théologien du Pape François, le plus à portée de main, Antonio Spadaro, le directeur de « Civiltà Cattolica », publie des articles de l’un de ses confrères jésuites, Giancarlo Pani, qui dit toujours : « L’Église, au XVIe siècle, s’est trompée, elle a péché à l’égard de Luther. Luther avait raison et maintenant il faut le remettre en valeur et faire ce qu’il voulait. Une Église sans sacerdoce, une Église sans magistère, une Église sans dogmes, une Église sans une interprétation officielle de l’Écriture Sainte, laissée aux mains des personnes qui l’interprètent selon l’esprit présumé qu’elle leur suggère. Une Église synodale, où prêtres, évêques, papes, ne sont pas des expressions du Sacré, mais de la politique, de la communauté qui élit, qui nomme.

Le Pape lui-même dit ceci : « Il faut arriver à une Église du peuple. » Mais le peuple est une image purement rhétorique. On ne peut jamais savoir ce que veut le peuple, c’est-à-dire une multitude de personnes différentes. En politique aussi, l’expression « le peuple » est purement rhétorique, et encore davantage en théologie. Dire que le peuple a voulu changer la Messe – par exemple – est une sottise, cela n’a jamais été ni possible ni attesté. Dans le peuple il y a ceux qui, comme le Padre Pio en son temps, sont pleins de foi, et ceux qui n’ont aucune foi. Il y avait ceux qui, simplement, voulaient réformer les choses parce que la Messe en latin ne leur plaisait pas et qu’ils la voulaient en italien, mais ils ne comprenaient pas les paroles de la Messe, ni en latin, ni en italien. L’Église n’a jamais fait d’opération à caractère « démocratique », comme élire des personnes avec l’accord d’une base, et elle n’a jamais tiré ce qu’elle doit enseigner de ce que les gens pensent. L’Église doit enseigner ce qu’a dit Jésus. C’est tellement simple.

Q : Êtes-vous certain que l’élection du Pape François a été orchestrée ?

A. Livi : Oui, oui, j’en suis absolument certain. J’en suis certain entre autres à cause de nombreux témoignages. C’est une certitude historique. Les certitudes historiques se sont toujours fondées sur les témoignages. Les témoignages sont faillibles, mais pour moi il est très probable qu’il en soit ainsi. Personne n’a jamais proposé une thèse différente. Ce que l’on dit parfois, en revanche, et c’est une chose absurde, c’est que le Pape François a été élu parce que le Saint-Esprit l’a voulu. C’est une sottise. Le Saint-Esprit inspire tous les hommes afin qu’ils fassent le bien, mais tous les hommes ne font pas ce que le Saint-Esprit leur inspire : certains font de bonnes choses et certains font de mauvaises choses. Si je pense au cardinal Kasper, qui était déjà hérétique avant et voulait détruire la sainte Messe, le mariage, la communion et le droit canon, et maintenant le Pape dit qu’il est son théologien par excellence et il lui fait organiser le Synode sur la famille, je me dis : c’est quelque chose de complètement orchestré. Car après cela se répercute sur tout : la reconnaissance de Luther, préparer une Messe dans laquelle la consécration n’est plus la consécration, où l’on élimine le terme de « sacrifice » et que cela plaise aux luthériens. C’est la même chose que ce qui s’était passé avec Paul VI qui, dans la Commission du Concile Vatican II présidée par Annibale Bugnini, qui devait préparer le Novus Ordo Missæ, avait fait entrer des luthériens, qui avaient pour mission de dire ce qui leur plaisait et ce qui ne leur plaisait pas dans la Messe catholique. C’est absurde ! On voit alors que c’est un plan très bien orchestré, qui ne date pas de maintenant. Cela vient du début des années soixante. Pendant plus de cinquante ans les théologiens hérétiques, mauvais, ont tenté de conquérir le pouvoir et maintenant ils l’ont conquis. C’est pourquoi je dis : l’hérésie au pouvoir. Ce ne sont pas les Papes qui sont hérétiques. Je n’ai jamais dit cela d’aucun Pape. Ce sont les Papes qui ont subi cette influence et ne s’y sont pas opposés. Ils ont écouté cette idée folle de Jean XXIII, qui disait : affirmons la doctrine de toujours, mais sans condamner personne. C’est impossible : la condamnation fait partie de l’explication du dogme, c’est l’autre face de la même médaille. Si l’on veut appliquer le dogme aux temps modernes, où il y a des hérésies, il faut forcément les condamner. Ne rien condamner revient à tout approuver. Tout approuver signifie qu’il n’y a plus de foi catholique.

Q : Vous avez parlé d’hérésie au pouvoir. Que voulez-vous dire ?

A. Livi : Je veux dire hérésie non pas de personnes qui professent l’hérésie formellement parce que celles-ci, si elles sont des autorités ecclésiastiques, seraient toutes excommuniées et perdraient leur rôle, mais des hérésies qui sont formellement et avec insistance professées par des théologiens qui ont eu beaucoup de pouvoir au début du Concile Vatican II, grâce ou à cause de Jean XXIII, puis dans l’après Concile car tous les Papes de l’après Concile ont continué de traiter avec respect les théologiens hérétiques. Certains, même, comme Benoît XVI, tant comme Préfet de la CDF que comme Pape, maintenaient une position orthodoxe et pieuse dans l’adoration de Dieu et dans le respect de la sacralité de l’Incarnation, mais ensuite, affectivement, ils étaient très unis à ces théologiens (hérétiques). Quand Benoît XVI, en tant que Pape, parle de Karl Rahner, il dit simplement que tous deux étaient d’accord pour aider les évêques à orienter le Concile dans une certaine direction, une direction horrible, et qu’ensuite ils se sont séparés seulement pour certains désaccords.

Benoît XVI, en tant que Pape, a même dit que Hans Küng lui a demandé de changer le dogme de l’infaillibilité et qu’il lui a répondu : « Oui, nous y réfléchirons. » Je veux dire : tous les Papes ont eu non pas une attitude sévère de condamnation des théologiens néo-modernistes mais d’estime et de compréhension. Je n’ai jamais fait dans mes livres de condamnations de personnes. Je condamne les théories, quand les théories sont objectivement incompatibles avec le dogme catholique. Les intentions et le lien avec la personnalité ne m’intéressent pas. Je suis un expert de logique et je peux seulement examiner une proposition, une méthode, et en cela je dis des choses qui sont absolument vraies et incontestables. Quand je critique les tendances à l’hérésie de Benoît XVI, je n’ignore pas qu’il est un saint et qu’il a fait beaucoup de bonnes choses dans la pastorale pour l’Église, et qu’il a eu toujours de bonnes intentions. Mais cela n’enlève rien au fait qu’il a toujours manifesté de la sympathie pour le néo-modernisme qui consiste substantiellement en deux choses : – Ignorer la métaphysique et vouloir expliquer le dogme avec des critères herméneutiques portant de l’existentialisme et de la phénoménologie. – Ignorer – chose terrible et très laide – les prémisses rationnelles de la foi, c’est-à-dire ce que saint Thomas appelle les « præambula Fidei ». Par conséquent, quand on parle de Dieu, il y a seulement la Foi, il n’y a pas le savoir qu’il y a Dieu, comme le Dogme du Concile Vatican I l’affirme en consolidant toute la doctrine de l’Église.

Q : Jean XXIII a dit que l’Église ne condamne personne, mais aujourd’hui l’hérésie au pouvoir condamne ceux qui défendent la doctrine catholique. Que s’est-il passé ?

A. Livi : Depuis Jean XXIII, il y a l’idée que la pastorale de l’Église consiste à traduire le dogme en un langage compréhensible, acceptable par l’homme moderne – ce qui est un mythe, une fantaisie – et à trouver le bien même dans les positions théorétiques les plus contraires au dogme. C’est une pastorale, et en tant que pastorale, je considère qu’elle est erronée et nocive pour l’Église, mais en tant que théorie, c’est une activité, une praxis erronée mais qui n’est pas soutenue par l’infaillibilité comme la doctrine. La praxis peut être erronée parce que c’est un acte dérivant d’un jugement prudentiel qui peut être jugé erroné par qui fait d’autres jugements prudentiels, comme les miens, qui ne sont pas des jugements soutenus par l’infaillibilité. Ainsi quand je critique cette pastorale qui me semble désastreuse, j’utilise des jugements, des adjectifs et des adverbes qui font comprendre quelles sont mes opinions. Dieu jugera mais il n’y a rien de dogmatique dans le fait de juger l’opportunité d’une ligne pastorale. Ceux qui font du mal à l’Église, ce sont ceux qui considèrent dogmatiquement la pastorale du Concile et des Papes suivants comme la seule nécessaire et parlent de « nouvelle Pentecôte de l’Église » et d’« événements du Saint-Esprit », comme si ces jugements prudentiels, que je considère erronés, étaient au contraire dogmatiquement infaillibles et même saints, et la seule chose que l’Église puisse faire.

C’est pourquoi ensuite il y a une oppression envers ceux qui critiquent. Ils critiquent une opinion légitime, au nom d’une opinion illégitime, qui est de penser que l’Église devrait forcément appliquer ce type de pastorale fondée sur des choses absurdes comme la notion d’« homme moderne », qui n’existe pas. Il y a une grande diversité d’hommes modernes en Europe. La culture de la Pologne, celle de la Hongrie, celle de la Slovénie, celle de Paris, sont complètement différentes. Ils pensent que l’homme moderne serait le parisien, l’homme de Francfort… ignorant complètement l’Afrique, l’Amérique latine, une grande partie de l’Asie, ignorant que dans les consciences de tous les hommes, il y a beaucoup plus que ce qu’on lit dans les journaux, dans les magazines, dans les publications académiques. Par exemple penser que l’homme moderne est athée, c’est faux, me semble-t-il. Tout homme a la certitude que Dieu existe sur la base du sens commun. Ensuite il peut s’éloigner de lui. Un pasteur d’âmes qui confesse les mourants le sait très bien. Même Voltaire, au dernier moment, a demandé un prêtre pour l’absoudre. Il savait très bien que Dieu existe et que Jésus-Christ est Dieu.

Q : Pensez-vous que la théologie de Joseph Ratzinger pourrait être une voie de sortie de la crise actuelle ?

A. Livi : Absolument pas, à cause de ce que j’ai déjà dit. Déjà dans « Introduction au Christianisme » il montrait une culture catholique sous l’emprise de la culture protestante, et il agissait déjà dans la théologie avec le choix de combattre le néo-thomisme et la néo-scolastique, avec leurs præambula fidei et la théologie naturelle. Pour lui on passe directement de l’athéisme à la foi, ce que, dogmatiquement, l’Église n’accepte pas, comme l’affirme le Concile Vatican I ; l’Encyclique Fides et Ratio dit elle aussi le contraire. On ne passe pas de l’athéisme à la foi. On passe de la connaissance naturelle de Dieu à la foi seulement s’il y a les præambula fidei, si l’on cherche le salut et que l’on a la possibilité de comprendre la justesse du message du Christ.

Quoi qu’il en soit, il me semble que la pensée de Ratzinger peut être critiquée comme théologien ; autre chose est son action pastorale comme Préfet de la CDF puis comme Pape. Comme Pape, il a fait très peu de pastorale dogmatique. Il a fait de la pastorale que j’appelle « littéraire ». Il a produit des documents qui relèvent plus de la théologie que du magistère. Si l’on fait de la théologie et si l’on met son travail sur le même plan que celui des théologiens, on ne fait plus de magistère, qui consiste à reproposer le dogme et à l’expliquer. Ses encycliques sont à 90 % de la pure théologie, et il a employé une grande partie de son pontificat à écrire les trois volumes de « Jésus de Nazareth ».

Q : En 2005 le cardinal Ratzinger a proposé que les non croyants vivent eux aussi comme si Dieu existait. Comment peut-on faire cela ?

A. Livi : Avec le plus grand respect pour le cardinal Ratzinger – qui ensuite a répété cela en tant que Pape – c’est une sottise. On ne peut pas présenter aux hommes l’existence de Dieu comme une hypothèse. Ce n’est que du fidéisme. L’existence de Dieu est une certitude et il faut rappeler les hommes à la sincérité de leur coeur qui leur dit que Dieu existe et qu’ils ont le devoir de chercher toujours le vrai Dieu qui se manifeste dans l’histoire. Ce discours, Ratzinger l’a toujours tenu en parlant aux institutions politiques, économiques et sociales, car il a une juste préoccupation pour la doctrine sociale de l’Église et pour le bien commun, c’est-à-dire pour la justice sociale. Il disait donc que les personnes qui travaillent en politique, en économie, pour la justice sociale – si elles n’acceptent pas l’existence de Dieu et encore moins la foi chrétienne – devraient rester dans cette hypothèse (de l’existence). Ce qui n’a ni queue ni tête ! Celui qui admet l’hypothèse – tant le Pape que les athées – nie une vérité en sachant que c’est une vérité. Personne ne peut me convaincre qu’il y a vraiment quelqu’un qui, apodictiquement, nie l’existence de Dieu.

En France, dans les années soixante, Étienne Gilson, mon maître, écrivit un livre, L’Athéisme difficile, dans lequel il affirme qu’il est impossible pour un philosophe d’affirmer que Dieu n’existe pas. La source de la philosophie mondiale, qui vient de Grèce, part du présupposé que Dieu existe.

Q : L’année dernière, vous avez dénoncé la persécution (1) contre votre personne et contre ceux qui ne s’alignent pas sur la dictature du relativisme. Cette persécution continue-telle ?

A. Livi : C’est de pire en pire, et cette persécution se justifie par certaines affirmations imprudentes du Pape actuel. Tous ceux qui sont fidèles à la doctrine, au droit canon, et veulent que les certitudes de la Foi ne soient pas mises de côté, sont carrément accusés d’hérésie. Hérésie pélagienne et gnostique. En vérité le Pape en a après ceux qui sont animés de bonnes intentions et qui ont signé d’abord les Dubia, puis la Correctio Filialis, et à qui il répond en disant : « vous êtes des fanatiques ». Le Pape et tous les autres ignorent que dans la foi de l’Église il y a deux niveaux. Il y a le niveau du dogme, les certitudes absolues, qui sont peu nombreuses. Et il y a le niveau des explications et des applications du dogme qui arrivent jusqu’à la pastorale ; celles-ci sont nombreuses mais elles concernent uniquement ce qui est accidentel. Sur ce qui est substantiel, en revanche, il ne peut pas y avoir des écoles de pensée. La Foi de l’Église est toujours la même, et ceux qui lui sont attachés ne doivent pas être réprimandés, ils ne doivent pas être persécutés ; on doit les aider à accomplir leur devoir et il faut leur rendre raison. Il arrivera un temps où un Pape le fera. Quand Dieu le voudra.

Q : Qu’arrive-t-il à ceux qui ne s’alignent pas ? En quoi consistent les persécutions ?

A. Livi : Et bien désormais tout le monde a pu le voir. Nous pensons à ce qui est arrivé aux Franciscains de l’Immaculée et à tous ceux qui, en écrivant des livres et en faisant une pastorale de clarification et de dépassement de la désorientation pastorale, ont vu leurs publications et leurs conférences interdites dans beaucoup de diocèses. Moi, par exemple, je dirige une collection de livres intitulée « Divinitas Verbi », qui a déjà produit six numéros. Ils ont été refusés par les librairies catholiques, qui ne les mettent même pas en vitrine. La « Civiltà Cattolica » ne les cite même pas parmi les livres qu’elle a reçus. C’est significatif. « Avvenire » les combat carrément.

En Italie, toute la presse catholique officielle (Civiltà Cattolica, Avvenire, Famiglia Cristiana, les Edizioni Paoline…) pratique un ostracisme envers cette bonne doctrine, ou bien la nomme de façon péjorative comme si elle avait été produite par un fou. Le quotidien de la CEI, qui reçoit tous les pires traîtres à la foi et les exalte comme des exemples qui font avancer la réforme de l’Église, lorsque j’ai écrit que je n’aimais pas qu’Avvenire publie une catéchèse d’Enzo Bianchi – qui pratique un athéisme déguisé en « bonisme » et dit expressément que Jésus est une créature ; que Dieu est devenu homme donc qu’il n’y a plus Dieu, mais seulement l’homme – m’a vigoureusement attaqué. Dans la page du courrier, que tout le monde lit, le directeur du journal a affirmé que j’étais un fou, un menteur, un méchant… moi qui ai écrit dans ce journal pendant plus de trente ans avant le « virage ».

Cette « conjuration du silence » envers les hommes comme moi devient limitante pour cet ostracisme qui nuit grandement au travail académique et éditorial, car si les livres ne sont pas mis en librairie et ne se vendent pas, il est inutile de les écrire. Ce qui compte, quoi qu’il en soit, c’est reconnaître l’hérésie et la pastorale qui la favorise. C’est ce qui est écrit dans la Correctio filialis « de hæresibus propagatis », c’est-à-dire que nous corrigeons le Pape, non pas parce qu’il est hérétique – chose que je ne dirai jamais – mais parce qu’il favorise par sa pastorale la propagation de l’hérésie. Du reste il a mis au sommet de l’Église les pires hérétiques, auxquels il fait écrire ses encycliques.

Q : François a dit à Eugenio Scalfari que l’enfer n’existe pas. Cela fait-il de François un hérétique ?

A. Livi : Non. Il y aurait hérésie chez le Pape seulement s’il affirmait ces choses formellement. Il les laisse dire. Comme il l’a fait, par exemple, en laissant le Général des Jésuites dire qu’on ne sait pas quelle est la doctrine historique de Jésus parce qu’il n’y avait pas de magnétophones, ou que le démon est un symbole du mal. Ce ne sont donc pas des doctrines prononcées par lui qui, au contraire, dans Gaudete et exultate affirme que le démon est une personne vivante et vraie. Il les fait dire par d’autres dans le cadre d’une praxis. Une praxis fonctionnelle qui crée de la confusion et l’environnement favorable aux réformes qu’il veut réaliser, et quiconque veut s’y opposer est accusé d’être janséniste ou gnostique.

Entretien de Mgr Antonio Livi du 2 mai 2018, publié le 3 mai.

Sources : The Wanderer / caminante-wanderer.blogspot.it / Gloria-Tv / Courrier de Rome n° 611 de juin 2018 / La Porte Latine du 18 juin 2018

 

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