Qui parmi nous, désireux de vivre en communion avec Dieu, n’est pas désireux de connaître plus intimement cette union avec Lui. Nous sommes des êtres vivants, créés à l’image de Dieu, et donc poussés à vivre d’Amour, mais tellement imparfaitement sur cette terre. Il peut arriver que le Seigneur nous élève vers des hauteurs qui ne sont que
passagères, certes pour nous aider à surmonter les difficultés de la vie, mais toujours pour que nous puissions donner en retour quelque chose à nos frères et sœurs, d’une manière ou d’une autre. Nous avons à nous laisser façonner par le Seigneur qui nous éduque à sa façon, la meilleure, pour nous rendre plus apte à aller vers Lui et les autres avec persévérance.
Les trois textes que je reprends ci-après sont de nature à nous faire prendre conscience que la vie spirituelle ne doit surtout pas nous faire oublier les réalités de l’existence. Ils sont une belle leçon sur la manière dont nous devons nous conduire dans la vie chrétienne, être dans le monde sans y être. Ne sommes-nous pas à vouloir voir Dieu mais en devant nous contenter avec joie de ce qu’Il nous donne, qui est le meilleur pour nous à chaque moment, quel que soit celui-ci.
CD
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Moments d’Extase !
Jésus les conduisit seuls à l’écart sur une haute montagne. Marc 9, v. 2
Nous avons tous vécu des moments exaltants « sur la montagne » où nous pouvions voir toutes choses du point de vue de Dieu. Nous aurions voulu qu’ils durent toujours. Mais Dieu ne le permet pas. La preuve de la valeur de notre vie spirituelle, c’est notre aptitude à descendre de la montagne de la Transfiguration. Si nous savons seulement monter, c’est que nous ne sommes pas ce que nous devrions être. Il est merveilleux d’être au sommet de la montagne avec Dieu, mais ce séjour n’est utile que s’il nous rend capables de descendre ensuite au milieu des hommes pour les délivrer du pouvoir du diable. Nous ne sommes pas faits pour vivre continuellement sur les sommets, environnés de la beauté surnaturelle des rayons de l’aurore. Nous pouvons y séjourner seulement de courts moments, qui renouvellent notre inspiration. Nous sommes faits pour vivre dans la plaine, aux prises avec le « terre à terre » de l’existence, c’est là que nous devons faire nos preuves. L’égoïsme spirituel nous fait désirer d’être souvent sur la montagne. Il semble que, si nous pouvions y demeurer, nous saurions parler et vivre comme des anges. Les moments d’exaltation exceptionnels ont cependant leur place dans notre vie avec Dieu, mais veillons à ce que notre égoïsme spirituel ne nous pousse pas à les rechercher exclusivement.
Nous nous imaginons volontiers que tout ce qui nous arrive doit être exploité en vue d’un enseignement utile. Non, avant tout, cela doit servir à produire un caractère fort. Le séjour « sur la montagne » n’a pas pour but de nous instruire, mais de nous façonner. Il est dangereux de se demander : « A quoi cela sert-il ? » Dans le domaine spirituel, on ne peut faire de calculs de rentabilité. Dieu a un but lorsqu’il nous accorde, en de rares occasions, des moments passés « au sommet de la montagne ».
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Heure d’Humiliation !
Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous. Marc 9, v. 22
Après les moments d’exaltation, nous sommes précipités dans la triste réalité, qui n’a ni beauté, ni poésie, ni rien de palpitant. La montagne semble d’autant plus haute et majestueuse que la vallée est morne et sombre. Mais c’est là pourtant qu’il nous faut vivre pour la gloire de Dieu. Sur la montagne nous contemplons Sa gloire, mais ce n’est jamais là que nous vivons pour elle. C’est dans les heures d’humiliation que sont révélées notre vraie valeur et notre fidélité.
A cause de notre égoïsme naturel, nous sommes capables de faire, dans l’enthousiasme, des choses héroïques. Mais Dieu veut nous laisser dans la grisaille de la vie quotidienne, dans la vallée, vivant notre communion personnelle avec lui. Pierre pensait que ce serait bien pour lui et ses compagnons de rester sur la montagne, mais Jésus fit redescendre ses disciples dans la vallée. C’est là qu’il leur expliqua le sens de la vision.
« Si tu peux quelque chose… » Il faut que nous passions par la vallée de l’humiliation pour que Dieu puisse déraciner notre incrédulité. Interrogez votre propre expérience, et vous reconnaîtrez que, tant que vous n’aviez pas compris qui est réellement Jésus, vous doutiez de sa puissance. Tant que vous étiez sur la montagne, vous n’éprouviez aucune difficulté à croire, mais revenu dans la vallée, vous avez été confronté avec les faits. Vous pouvez peut-être témoigner de progrès que vous avez faits dans la sanctification, mais n’y a-t-il pas en ce moment-même quelque chose qui vous humilie ? Lorsque vous avez été sur la montagne avec Dieu, vous avez compris que tout pouvoir, dans les cieux et sur la terre, appartient à Jésus. Allez-vous en douter maintenant que vous êtes dans la vallée ?
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Le Service de Dieu !
Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière. Marc 9, v. 29
« Pourquoi n’avons-nous pas pu chasser ce démon ? » demandent les disciples. La réponse est à chercher dans la relation personnelle avec Jésus-Christ qui seul permet de chasser cette espèce-là. Nous resterons toujours impuissants, comme l’ont été les disciples ce jour-là, si nous essayons de faire l’ouvre de Dieu en comptant sur nos forces naturelles et non sur sa puissance. Nous déshonorons Dieu par notre zèle, si nous ne le connaissons pas vraiment lui-même.
Vous êtes devant un cas difficile, et, en apparence, rien ne se produit ; pourtant vous savez que la délivrance sera accordée, parce que vous êtes en communion avec Jésus-Christ. Voici donc le principe de votre service : Veiller à ce qu’il n’y ait aucun interdit qui vous sépare de Jésus. S’il y a le moindre obstacle il faut qu’il soit non pas ignoré, ni dissimulé, mais regardé bien en face, et ôté en présence de Jésus-Christ. Alors cet obstacle-même, et toutes les circonstances par lesquelles vous êtes passés à cause de lui, contribueront à glorifier Jésus-Christ, dans une mesure qu’il vous sera impossible de comprendre avant de le voir face à face.
Nous devons pouvoir nous élever sur des ailes d’aigle, mais aussi savoir comment redescendre. Les saints ont la capacité de redescendre et de vivre dans la plaine. » Je puis tout par Christ qui me fortifie « ; en disant cela, Paul parlait surtout de ce qui l’abaissait. Nous avons la possibilité de repousser l’humiliation, et d’affirmer : « Non, merci, je préfère, de beaucoup, rester sur le sommet de la montagne, avec Dieu. » A la lumière de Jésus-Christ, suis-je prêt à affronter les choses comme elles sont dans la réalité ; ou bien cette réalité ébranle-t-elle ma foi en lui, et me jette-t-elle dans le désespoir ?