ASDE 018 : Marie Lataste – Je suis le Roi, le Roi des rois

Dieu, la Sainte Trinité

5ème partie

Par Sœur Marie Lataste, mystique catholique

 

LIVRE 2

Le Verbe de Dieu fait homme

 

Chap. 4, « Je suis le roi, le roi des rois. J’ai une couronne d’épines. »

 

Un jour de l’octave de l’Épiphanie, j’étais venue rendre mes devoirs d’adoration à Jésus dans le sacrement de l’autel. J’assistai à la sainte messe. À l’élévation, le Sauveur Jésus m’apparut sur l’autel. L’autel devint semblable à un trône immense d’or massif et tout éclatant de pierres précieuses. Au milieu se trouvait un fauteuil garni d’une étoffe qui ressemblait à du velours blanc ; ce velours n’était pas tissé ; je ne saurais dire comment il était, et ne puis mieux me faire comprendre qu’en affirmant qu’il paraissait à mes yeux comme des feuilles de roses blanches attachées les unes aux autres, et conservant inaltérable leur fraîcheur et leur beauté, alors même qu’on s’assoit dessus. Le Sauveur Jésus était sur ce fauteuil, qui ne reposait pas sur l’autel, mais était retenu en l’air par les mains des anges qui entouraient Jésus. Enfin une couronne magnifique ceignait le front de Jésus ; c’était une couronne d’épines, et ces épines ressemblaient à du cristal dans lequel sont concentrés les rayons du soleil.

Je regardai longtemps le Sauveur Jésus ; il me semblait qu’il allait me parler. Je le désirais beaucoup ; néanmoins je renonçai volontiers à la satisfaction de ce désir, et je dis à Jésus : “Mon doux Sauveur, que votre volonté soit faite et non la mienne.”

Le Sauveur Jésus m’appela vers lui après la sainte messe et me dit :

 Ma fille, vous désirez entendre ma parole, je veux vous satisfaire et vous parler de ma royauté. Je suis roi parce que je suis Dieu. Je suis roi et n’ai pas besoin de sujets, mon royaume c’est moi-même. Ma royauté, du sein de la Divinité, s’étend sur la création, sur les anges qui sont au ciel et que Dieu a créés non par nécessité, mais par bonté et pour qu’ils célébrassent sa gloire, et sur les hommes qui sont sur la terre et qui m’appartiennent à titre de Dieu Créateur. Cette royauté est inhérente à l’essence même des choses ; par cela seul qu’il y a des créatures, celui qui les a créées en est et doit en être le maître.

« Je suis roi aussi à un autre titre, parce que je suis Sauveur.

« Le monde existait depuis quatre mille ans, et depuis quatre mille ans l’homme était dans l’esclavage. Il avait méconnu la royauté de son Créateur, qui l’avait fait libre, et était tombé sous le joug de Satan. Rien de plus affreux que l’esclavage de l’homme. La lumière avait disparu pour lui, et les ténèbres dans lesquelles il marchait étaient des ténèbres de mort. La force de l’homme n’était que faiblesse, sa vigueur n’était qu’impuissance. Jamais il n’eût secoué le joug. La miséricorde de Dieu jeta un grand cri vers moi et je vins au secours de l’homme. Je vins l’arracher à son souverain pour me mettre moi-même à la place ; je lui montrai ce qu’il avait perdu en s’éloignant de Dieu, en lui montrant ce que je venais lui apporter, non plus comme Créateur, mais comme Sauveur.

« Je dis à l’homme : Tu m’as appelé parce que tu as vu ta misère, je suis venu. La miséricorde de Dieu m’a envoyé vers toi, je suis venu. Ma charité m’a attiré vers toi, je suis venu. Tu n’as que les ténèbres de l’enfer ; je suis la lumière véritable ; marche à la clarté de cette lumi­ère. Depuis le commencement, tu n’as que le trouble, la discorde, la souffrance, les fers. Voici la paix, le calme, le bonheur, la liberté. Satan était ton roi, il faut que tu t’élèves avec moi contre Satan et que tu lui voues une haine éternelle. Tu avais rejeté ma souveraineté de Créateur, il faut que tu l’acceptes de nouveau et que tu me recon­naisses roi en tant que Dieu Créateur et Dieu libérateur.

« Je suis roi, et ma royauté ne ressemble pas aux royautés de ce monde. Je ne règne pas seulement sur les corps, je règne sur les âmes, les volontés, les cœurs. Je suis roi, et un roi conquérant dont les conquêtes ne sont ni les cités ni les empires de la terre, mais les âmes et les cœurs des hommes. Je suis roi, et j’impose un tribut ; mais il n’est point d’or et d’argent, je ne demande que les vœux, les prières, les adorations des hommes. Je suis roi, et j’ai donné un code à mes sujets ; il renferme mes lois. Leur nombre n’est pas considérable ; elles sont contenues en deux articles : le premier c’est l’amour de Dieu, le second l’amour du prochain. J’ai donné liberté pour tout le reste, pourvu qu’on aime Dieu et le prochain. Je suis roi, et j’ai un sceptre entre les mains et une couronne sur mon front. Mon sceptre, vous le voyez, ma fille, c’est ma croix sur laquelle je suis mort pour sauver mes sujets ; ma couronne, vous la voyez, c’est une couronne d’épines qui me rappelle tout ce que j’ai souffert pour acquérir ma royauté sur les âmes. Je suis roi, et j’ai des serviteurs et des soldats. Tous mes sujets sont serviteurs et soldats à la fois ; ils sont mes servi­teurs, en conservant la dignité de chrétiens que je leur ai donnée ; ils sont mes soldats, en luttant contre le péché et les démons. Je suis roi, et j’ai des récompenses pour tous ceux de mon royaume. Je suis roi éternel, et la récompense que je donne est la participation de ma royauté.

« Ma fille, voyez combien est grande et glorieuse ma royauté. En est-il, peut-il en être une autre semblable ?

« Je viens au monde, mais je n’ai point paru dans le monde et déjà on annonce ma royauté. Un ange vient du ciel annonçant que je régnerai éternellement sur la maison de David. Avant lui, les prophètes avaient fait entendre au monde leurs oracles, et ils procla­maient mille fois ma royauté ; ainsi la terre et le ciel me proclamaient roi avant ma naissance.

« Je nais, et les anges du ciel chantent : “Gloire à Dieu”, et ils annoncent un libérateur aux hommes. Gloire à Dieu, dont je suis le Fils et dont je viens reconstituer le royaume ; paix aux hommes qui l’avaient perdue et qui la retrouveront dans ma royauté.

« Je nais, et un nouvel astre apparaît dans les airs, et sa clarté appelle les rois de l’orient à mon berceau. Ces rois accourent et se prosternent devant moi pour me reconnaître comme leur souverain.

« Je nais, et les rois tremblent déjà devant mon autorité ; ils me poursuivent, je déjoue leurs desseins ; ils tombent, je reste debout.

« Je me manifeste au monde, et, sans que le monde me connaisse, je lui donne ma loi.

« Je travaille au salut du monde, je rachète le monde, je lui donne ma vie, je meurs sur la croix ; mais en donnant ma vie, je ne perds pas ma royauté, je l’établis sur un fondement inébranlable. Voyez le titre immortel que porte la croix : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.

« Alors, ma fille, je pus me dire avec vérité roi du monde que j’avais sauvé. Alors je pus m’appeler roi, et roi des rois. Alors j’entre­vis tous les peuples, toutes les nations et leurs rois venir fléchir le genou devant ma royauté.

« Heureux qui me reconnaîtra pour roi, qui se soumettra à ma loi, qui me paiera le tribut que je lui demande, qui mourra les armes à la main proclamant qu’il n’a d’autre roi que le Fils de l’homme ; car je lui donnerai une récompense éternelle, qui sera la participation de ma royauté.

« Malheureux au contraire qui me méconnaîtra comme roi, qui transgressera ma loi, qui me refusera son tribut, qui mourra les armes à la main contre moi et reniant ma royauté ; il recevra une éternelle damnation, et n’aura d’autre trône que celui de Satan, construit et bâti au souffle de la malédiction de Dieu. »

 

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