Qui est Elisabeth de la Trinité ?
Elle n’est peut-être pas encore très connue notre petite Elisabeth de la Trinité mais j’avoue avoir un faible pour ses écrits. Elle a d’ailleurs déjà été citée abondamment avec Saint Jean de la Croix quand j’ai repris des extraits du livre « Regards d’amour » de Jean Rémy, qui ont été repris essentiellement dans la 1ère année de parution de cette revue.
Qui donc est-elle ? Si vous avez envie de la découvrir je vous conseille de lire les ouvrages du carme Conrad de Meester en particulier la dernière biographie sur la bienheureuse dijonnaise écrite en 2006 aux Presses de la Renaissance.
Elisabeth Catez est née en 1880 et perdra jeune son père. Elle fut donc élevée avec sa sœur “Guite” par sa mère. De sa jeunesse, on connaît son sale caractère, ses talents artistiques en particulier son don pour le piano et déjà son intériorité rayonnante. Elle ressent très jeune l’appel pour le Carmel, un an après sa première communion en l’église saint Michel de Dijon où vous pouvez toujours venir prier devant ses reliques. Sa mère veut éprouver sa vocation et lui demande d’attendre sa majorité. Ce sera des années bien remplies pour Elisabeth : vie mondaine soutenue, danse, piano, visite des malades, tennis, belles amitiés…. Que retient-elle de ses années ? “Même au milieu du monde, on peut écouter Dieu dans le silence d’un cœur qui ne veut être qu’à lui. (…) Quand j’assiste à ces réunions, à ces fêtes, ma consolation est de me recueillir et de jouir de votre présence. »
Elisabeth- qui signifie “maison de Dieu”- porte bien son nom, elle est véritablement “habitée” par une présence, celle de la Trinité qui ne la quitte jamais. Elle découvre ainsi très jeune le mystère de l’inhabitation trinitaire en son âme. C’est la pierre d’angle de la spiritualité de notre carmélite. Elle pourra enfin entrer au Carmel de Dijon en 1901. Ce fut d’abord ravissement puis nuit spirituelle pendant plusieurs mois…
L’autre point fort de sa spiritualité est la découverte de son nouveau nom grâce à un texte de Saint Paul aux éphésiens. Quel est-il ? Louange de gloire, Laudem gloriae : « Une louange de gloire est une âme de silence, qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit Saint… qui fixe Dieu dans la foi et la simplicité. »
Nous le répétons à chacune de nos liturgies eucharistiques : ” Pour la gloire de Dieu et le salut du monde“. Elisabeth nous rappelle notre vocation profonde : louer Dieu qui est Un et Trine… Comment faire ? Se tenir immobile en Dieu qui habite en nous. Elle meurt très jeune, en 1906 avec ses mots devenus célèbres : ” Je vais à la vie, à la lumière, à l’amour.”
Aujourd’hui encore, de nombreux pèlerins se rendent au Carmel de Dijon, à présent situé à Flavignerot, pour voir les restes de sa cellule, découvrir davantage sa spiritualité.
Un petit florilège des écrits d’Elisabeth pour vous mettre en appétit :
” ‘Coeli enarrant gloriam Dei.’ Voilà ce que racontent les Cieux : la gloire de Dieu. Puisque mon âme est un ciel où je vis en attendant “la Jérusalem céleste”, il faut que ce ciel chante aussi la gloire de l’Eternel rien que la gloire de l’Eternel “.
Ne nous faut-il pas en effet sans cesse nous retrancher en nous-mêmes pour y découvrir la présence de notre Dieu d’Amour et de Miséricorde ? Ne nous faut-il pas nous rappeler que nous sommes faits pour la joie, le bonheur et l’amour, c’est-à-dire pour Dieu ? Ne nous faut-il pas davantage rendre grâce et rendre gloire à notre Dieu ?
“Il faut que je loge chez toi !” C’est mon maître qui m’exprime ce désir ! Mon Maître qui veut habiter en moi, avec le Père et son Esprit d’amour, pour que, selon l’expression du disciple bien-aimé, j’aie “société” avec Eux. “Vous n’êtes plus des étrangers, mais vous êtes déjà de la maison de Dieu”, dit saint Paul. Voilà comment j’entends être “de la maison de Dieu” : c’est en vivant au sein de la tranquille Trinité, en mon abîme intérieur, en cette “forteresse inexpugnable du saint recueillement” dont parle saint Jean de la Croix.“
Se souvenir que nous sommes créés par Dieu et fais par Dieu, notre alpha et notre oméga… Je suis image de Dieu, je suis image de la Trinité, je peux dialoguer en moi-même avec mon Dieu qui m’aime. Je suis temple de l’Esprit, ne l’oublions jamais. Qu’est-ce que cela signifie ? Je ne peux pas faire n’importe quoi avec mon corps, mon intelligence, mon âme : Dieu habite en moi ! Le psalmiste chantera la grandeur de l’homme pour cette raison… ” A peine moindre qu’un dieu…”
Et bien entendu sa très célèbre prière à la Trinité :
“O mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible, comme si déjà mon âme était dans l’éternité ! Que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère !
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos ; que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre Action créatrice.
O mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre Cœur ; je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer… jusqu’à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et je vous demande de me revêtir de vous-même, d’identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m’envahir, de vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu’un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. O Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable afin d’apprendre tout de vous. Puis, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière. O mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.
O feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe ; que je Lui sois une humanité de surcroît en laquelle il renouvelle tout son mystère. Et vous, ô Père penchez-vous vers votre pauvre petite créature, couvrez-la de votre ombre, ne voyez en elle que le Bien-Aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances.
O mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à vous comme une proie. Ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’aller contempler en votre lumière l’abîme de vos grandeurs.”