Dieu est Amour
Le grand désir de Dieu d’être aimé
Père François Zanninni
Désirons le Ciel par amour de Dieu. Dieu nous a créés pour l’aimer et notre bonheur est d’aimer Celui qui est l’Amour et qui nous permet de l’aimer par sa grâce. Dieu ne veut pas être aimé par crainte de l’enfer, par obligation mais par amour gratuit et le Ciel doit être désiré par amour de Dieu seul. A sainte Brigitte, Jésus dira : « Si les peines de l’enfer étaient vues comme elles sont, l’homme sécherait de crainte et chercherait le ciel non par esprit d’amour, mais par crainte de la peine, mais par la charité que je cache les peines des damnés. »
Jésus ne désire que le cœur de l’homme, car si ce dernier accepte de donner son cœur à Dieu, celui-ci le façonne à son gré pour que l’homme laisse toujours Jésus aimer en lui et devienne le saint qu’il attend de lui. A Henri Suso, Jésus dira : « Mon fils, donne-moi ton cœur. Ne crains rien, je serai avec toi. Je te secourrai dans toutes tes peines, parce que je t’aime d’une manière toute spéciale. »
Jésus dans sa divinité aime l’homme plus que l’homme ne peut l’aimer et quand cet amour divin comble une âme, il la remplit d’un bonheur indicible, d’une joie qui ravit l’âme et la transporte au ciel qu’elle ne voudrait plus jamais perdre. A sainte Angèle de Foligno, Jésus dira : « Aime-moi car je t’aime bien plus que tu ne m’aimes… Oh ! Je t’aime, je t’aime plus qu’aucune autre personne qui soit dans cette vallée. O ma fille et mon épouse ! Je me suis posé et reposé en toi ; maintenant pose-toi et repose-toi en moi. »
Ce que Jésus attend de tout homme est un amour sincère, gratuit et non hypocrite et intéressé pour recevoir des grâces à des fins terrestres et non célestes. Et à sainte Angèle de Foligno, il dira encore : « J’aime d’un amour immense l’âme qui m’aime sans mensonge. Si je rencontrais dans une âme un amour parfait, je lui ferais de plus grandes grâces qu’aux saints des siècles passés par qui Dieu fit les prodiges qu’on raconte aujourd’hui. Or personne n’a d’excuse car tout le monde peut aimer ; Dieu ne demande à l’âme que l’amour car lui-même aime sans mensonge, et lui-même est l’amour de l’âme. »
Dieu aime l’homme sans artifice, en acte et en vérité et il est Celui qui aime l’homme parfaitement quand l’homme accepte de se laisser aimer par Dieu pour que Dieu puisse aimer parfaitement en lui. Ainsi l’homme pourra aimer comme Dieu veut, c’est-à-dire sans malice. A sainte Angèle de Foligno, Jésus le réclame : « Aime-moi ma bien aimée, j’aime d’un amour immense l’âme qui m’aime sans malice. »
Jésus veut que l’on aime plus que tout d’un amour qui le privilégie à tout être et à toute chose. A sainte Brigitte, il dira : « Aime-moi de tout ton cœur plus que tout ce qui est au monde ; car moi qui t’ai créée, je n’ai épargné aucun de mes membres pour l’amour de toi, et j’aime tellement ton âme que j’aimerai mieu être crucifié une autre fois si c’était possible que de m’en priver. »
Jésus pour être davantage aimé des hommes leur communique également quelque chose de particulier de son amour. A la mère Anne Marguerite Clément, il invite à faire un duel d’amour à qui aimera davantage. « Je veux qu’il y ait un combat entre nous, à qui aimera davantage. » Une autre fois, il lui révèlera la joie qu’il eut à s’incarner pour elle. Et mère Anne Marguerite profondément émue de tant d’amour voulut lui donner son cœur en retour, mais elle se souvint qu’elle l’avait mis dans le Cœur de Dieu et qu’elle n’avait plus rien à offrir. Mais Jésus pour la tirer de cette peine lui dit : « Donne-moi le cœur nouveau que je te donne, désormais tu auras les œuvres de ce cœur nouveau ; à cet effet, mets ta main dans le mien pour y puiser tout ce que tu voudras. » Et que peut-on puiser dans le cœur de Jésus si ce n’est de l’amour ?
Jésus est un fin pédagogue, il sait éduquer l’homme à aimer toujours davantage, à se faire désirer et à ne pas tout donner à l’homme pour qu’il ait toujours faim de Dieu. A sainte Angèle de Foligno il avoue : « Je t’aime d’un amour immense mais je ne te le montre pas, je te le cache… Mes yeux voient tes défauts, mais c’est comme si je ne m’en souvenais plus. J’ai déposé, j’ai caché en toi mon trésor. » Comme sainte Angèle de Foligno réclamait à Dieu la force de porter son amour pour le posséder, Dieu lui répond : « Tu aurais alors ce que tu désires et ta faim diminuerait ; je veux au contraire que tu me désires, que tu aies faim de moi, que tu languisses d’amour. »
L’amour divin est universel et particulier. Jésus nous aime même d’un amour préférentiel et il nous comble de ses grâces de choix, ainsi nous l’aimons aussi de préférence par l’intensité de notre générosité à son égard. Mais plus l’homme ressent le besoin de donner à Dieu, plus le cœur divin sent le besoin de le combler de faveurs. Jésus veut que l’on soit généreux et que tous nos actes soient transformés en pièces d’or pour payer la dette des ingrats. Plus nous serons dégoûtés devant l’égoïsme humain, plus la vertu sera pénible à vivre, Jésus nous invite à donner davantage et plus joyeusement et c’est en ce sens qu’il dira à Gertrude Marie : « Je t’enrichis pour que tu enrichisses les autres. »
Jésus nous aime d’un amour jaloux parce qu’il sait que tout autre amour humain, affection ou consolation humaine nous détournent de lui et nous privent de la joie de l’aimer en plénitude comme il le mérite. A sainte Rose de Lima à qui il avait demandé d’être la rose de son cœur et de toujours être son épouse fidèle, il s’aperçoit que Rose aimait beaucoup les fleurs et surtout un basilic pour son parfum qu’elle voulait mettre à l’autel. Un matin, elle trouva son basilic chéri déraciné. Rose en fut tout affligée et gémissait de sa perte. Jésus lui dit : « Pourquoi vous affligez-vous ? Moi qui suis la fleur des champs, je vous reste. N’êtes-vous pas plus heureuse de me posséder que votre basilic et toutes vos plantes parfumées qui ne durent qu’un instant ? Je veux être votre basilic, et c’est pour cela que j’ai détruit l’autre. Reversez donc sur moi l’amour que vous lui portez. » Dès lors, Rose comprit la leçon de son Dieu et toutes les fleurs lui devinrent indifférentes, et Jésus l’aima plus tendrement que jamais parce qu’elle avait reporté tout son amour sur le Créateur et non sur la chose créée.
Dieu veut être l’Unique du cœur humain et à Anne Marguerite Clément, il avouera : « Je ne veux pas que tu aimes autre chose que moi. Je veux être l’Unique Roi de ton cœur. Si tu m’aimes, je te pardonnerai tous tes péchés, l’amour est la pénitence que je te demande. Aime-moi donc ma fille car je suis ton Dieu et ton salut. »
Extrait de Stella Maris, février 2012