De l’Adoration du Christ dans l’Eucharistie
jusqu’à le servir dans les pauvres
Partie 1
Par Sœur Joseph, missionnaire de la Charité
- Introduction
De la part de Sr. Prima, notre Supérieure Générale, et Sr. Nirmala, j’aimerais vous remercier pour votre invitation à me joindre à vous aujourd’hui.
J’espère pouvoir, par ces mots, exprimer comment, de façon presque tangible et avec force, notre Adoration Eucharistique insuffle la puissance du Christ Lui-même au cœur de nos vies et de notre travail comme Missionnaires de la Charité.
L’Adoration de Jésus dans l’Eucharistie, avant toute chose, exige une pureté d’intention dans nos paroles et nos actes. À peine sommes-nous devant l’autel que nos péchés et nos fautes nous sont révélées.
Lorsque nous sommes en adoration, nous devenons pour Dieu une fenêtre, qui s’ouvre sur notre monde, pour l’inonder de sa vie, de sa lumière et de son amour. Et quand nous avons fini, Il nous accompagne et fait que « de bonnes choses arrivent » !
Je souhaiterais que nous commencions, tous ensemble, par une prière qui était essentielle dans la vie de Mère Teresa et l’est aussi pour toutes les Missionnaires de la Charité.
Un jour où notre communauté sortait de l’église, une sœur salua simplement un homme qui passait. Nous avons appris plus tard qui il était et ce qu’a signifié pour lui ce salut. Il luttait contre son addiction, essayant d’achever son programme de réinsertion. Un jour, alors qu’il était proche du désespoir, en marchant dans la rue, il implorait et pleurait du plus profond de son être. « Mon Dieu, aide moi ! ». Soudain, il vit l’inscription sur notre porte « Missionnaires de la Charité Contemplative ». Il entra et s’assit dans la chapelle. Le Saint-Sacrement était là et il fut immédiatement enveloppé de paix. Cette situation illustre bien le lien profond entre l’Eucharistie, les Pauvres et les Missionnaires de la Charité.
- Importance de l’Eucharistie dans la vie des Missionnaires de la Charité
Notre congrégation a été fondée pour étancher par l’amour et pour le Salut des âmes, la soif infinie de Jésus sur la croix. En réalité notre Seigneur pria notre Mère, la Bienheureuse Teresa de Calcutta, de Le porter aux plus Pauvres et d’amener les Pauvres vers Lui, de Le mener aux tréfonds de la pauvreté, de Le faire connaître aux Pauvres. Il dit : « Ils ne me connaissent pas donc ne me désirent pas ».
Comme Jésus suppliait notre Mère, elle n’avait de cesse de lui dire : « Je suis trop faible, trop misérable ». Jésus lui dit : « Oui, je sais, c’est la raison pour laquelle je t’ai choisie. Je serai avec toi » et ce fut ainsi. Notre Mère avait conscience de son impuissance et comptait totalement sur la puissance de l’Eucharistie. Elle répétait souvent : « Je ne pourrais vivre un seul jour sans l’Eucharistie ». Ainsi nous commençons chaque journée par la Sainte Messe et la Sainte Communion qui est le moment de plus grande intimité avec notre Époux. Ce moment passé avec Lui est notre préparation et notre force pour aller ensuite travailler parmi les Pauvres.
L’importance de l’Adoration eucharistique a grandi dans notre congrégation. Notre Société a été fondée dans les années 1970 et la charge de travail a rapidement été écrasante. Néanmoins en 1973, les sœurs ont ressenti le besoin d’une heure d’Adoration par jour. Mère Teresa pria et accepta. À aucun moment, elle ne le regretta et fit souvent la remarque : « Non seulement le travail n’en a pas pâti mais augmenta même, il était fait de façon plus efficace avec plus d’amour.
En Inde après un grand tremblement de terre, des équipes de secours vinrent du monde entier. Elles demandèrent à plusieurs de nos sœurs d’organiser le travail dans chaque camp de secours. À leur surprise, les sœurs insistèrent pour commencer chaque journée par la prière et la Sainte Messe. Elles voulaient aussi un temps pendant les repas pour la prière. Certains ne furent pas d’accord, mais les autres virent leur sagesse. Grâce à la confiance des sœurs en Dieu, les équipes purent continuer leur mission. Jésus a dit : « Sans Moi tu ne peux rien faire ».
Oui, d’après mon expérience et au nom de toutes nos sœurs, je peux affirmer que sans la force donnée par l’Eucharistie, nous ne pouvons vivre notre vocation.
L’habitude de nos sœurs en cas d’extrême danger est de montrer le Saint-Sacrement et de prier avec les malades. Un jour, en pleine guerre au Rwanda, des groupes de rebelles armés et prêts à tirer, firent irruption dans la chapelle où les sœurs étaient en Adoration. Voyant Jésus sur l’autel, ils s’arrêtèrent brusquement et sortirent de la chapelle en marchant. Il y a des années, un cyclone arriva sur Haïti et grâce à la foi en l’Adoration la contourna. Et nous pouvons tous témoigner de tels miracles.
Quand Notre Mère devint très malade, nous avons été en Adoration jour et nuit, à tour de rôle. Au départ, je pensais : « Ce sera impossible, comment pouvons-nous gérer notre travail et avoir une heure d’Adoration supplémentaire ? ». Mais, en fait, nous nous sentions renforcées et portées et vivions une joie intense.
L’accroissement de notre besoin de prier a abouti à la création de notre branche contemplative où notre 4ème vœu est de se vouer au service des plus pauvres d’entre les pauvres. Nous le vivons à travers l’Adoration, pour le salut des âmes, cela deux heures par jour. Notre Mère voulait que la branche contemplative soit pour notre communauté comme le sang dans le corps. Notre vie doit être vécue de telle sorte qu’elle nous implique de façon plus profonde, en communion avec les souffrances de ce monde.
Ainsi, allons-nous, actives et contemplatives, à la recherche des âmes. Celles qui ne le font pas physiquement, le font spirituellement en présence du Saint-Sacrement. Quand nous sommes en Adoration, nous n’y allons pas seules, et nous sommes là « au nom de tous ceux qui ne prient pas, qui ne savent pas comment prier, qui ne veulent pas prier, ceux qui n’osent pas prier ». Lorsque les heures de prière semblent longues et difficiles, il est utile de garder à l’esprit que nous les présentons au pied du Seigneur. Peu importe comment je me sens, je reste là. Le Seigneur travaille dans son Eucharistie. C’est un grand réconfort de dire aux personnes souffrantes à qui nous rendons visite que nous les portons dans nos cœurs devant Jésus dans le Saint-Sacrement.