ASDE 020 : Les cinq agonies du Fils de l’Homme

Dieu, la Sainte Trinité

6ème partie

Par Sœur Marie Lataste, mystique catholique

 

LIVRE 2

Le Verbe de Dieu fait homme

 

 

Chap. 7, Les cinq agonies du Fils de l’Homme.

 

Un soir du jeudi saint, je me mis à genoux pour dire à Dieu ma prière, mais je ne pus prier. Le souvenir de la passion de mon Sauveur était dans mon esprit. J’éprouvai en moi comme un attrait irrésistible à suivre Jésus et à prier avec lui avant sa passion. Je le vis séparé de ses Apôtres, à l’écart, la face contre terre, et je l’entendis s’écrier :

« Mon Dieu, que ce calice passe loin de moi, néanmoins que votre volonté soit faite et non la mienne. »

Je m’approchai de Jésus pour essuyer la sueur qui coulait de son front avec abondance :

 Vous venez à moi, ma fille, me dit-il, alors que tous m’abandon­nent, je vous remercie.

 Seigneur, lui dis-je, combien grande est votre douleur !

 Ma fille, vous ne pouvez la comprendre. J’éprouve en ce moment toutes les souffrances de ma passion, et les chrétiens pieux, qui gardent souvenir de ce que j’éprouve à cette heure, m’honorent par leur vénération pour ce qu’ils appellent l’agonie des oliviers.

 

Agonie

« Le Fils de l’homme, ma fille, a eu plusieurs agonies. Savez-vous, en effet, ce que c’est qu’une agonie ? L’agonie est l’abaissement considérable de la vie, est le combat d’un être vivant contre la mort qui va le frapper. Vous allez comprendre alors comment il a pu y avoir en moi plusieurs agonies.

 

La première agonie

« La première agonie a eu lieu au moment de ma conception. Avant ma conception, je ne possédais que la vie divine. J’étais Fils de Dieu, Verbe éternel. Mais j’avais fait entendre ma voix à mon Père : “Voici que je viens !” et je vins à Dieu mon Père, non plus seulement par le retour de ma personne divine à lui-même, dans son sein, mais par l’abaissement de ma divinité, de ma vie divine que j’enfermais dans l’humanité que je pris dans le sein de Marie. C’était là un abaissement que votre esprit ne comprendra jamais. Il y eut lutte entre ma vie divine et la vie humaine que j’allais prendre ; c’était l’agonie véritable de ma vie divine ; car, ma fille, un tel abaissement était une véritable agonie, non point capable de me ravir ma divinité, mais capable d’anéantir mon humanité, si ma puissance divine n’eût donné à mon humanité la force de recevoir ma divinité et de s’y unir.

 

La seconde agonie

« La seconde agonie se fit dans le sein de ma mère. Dans le sein éternel de mon Père céleste, j’étais environné de sa gloire ; je lui reflétais éternellement cette gloire ; j’étais Dieu en Dieu, Dieu distinct de Dieu et Dieu uni à Dieu, Dieu engendré éternellement par Dieu et Dieu vivant éternellement en Dieu. Mais, dans le sein de Marie, j’ai dû abaisser, voiler et presque anéantir ma gloire de l’éternité. Je possédais en Dieu une vie divine et glorieuse ; je possédais en Marie une vie obscure, inconnue et paisible. Ma gloire comme Dieu ne peut disparaître, ne peut être anéantie ; ma vie divine ne peut m’être enlevée, parce que je cesserais d’être Dieu ; mais unir cette vie à la vie de l’humanité, conserver cette vie avec la vie de l’humanité, c’est l’abaisser et l’anéantir autant qu’elle puisse l’être, c’est la constituer en état d’agonie jusqu’au jour où mon humanité résidera, pleine de gloire, dans le sein de la Divinité.

 

« Ces deux agonies ne sont point deux agonies véritables, parce qu’elles regardent spécialement et en premier lieu ma divinité ; je vous les ai fait connaître afin que vous y arrêtiez quelquefois votre esprit, et que, devant l’abaissement et l’humilité de ma divinité, vous appreniez à vous abaisser et à vous humilier vous-même.

 

La troisième agonie

« La troisième agonie a commencé au jour de ma naissance. Ma vie, en effet, devait être une expiation, une souffrance continuelle, jusqu’à ma mort. Or, ma vie s’est passée toujours dans la souffrance, et chaque jour la souffrance me rapprochait de ma mort. Je naquis dans la pauvreté ; huit jours après ma naissance, je commençai à répandre mon sang ; quarante jours après, je m’offris comme victime ; plus tard, je dus fuir pour éviter la colère des rois de la terre. Je travaillai ensuite avec Marie et Joseph dans notre demeure de Nazareth ; je jeûnai quarante jours dans le désert ; pendant trois ans, je me fatiguai à évangéliser les pauvres, à guérir les malades, à instruire mes apôtres, et cela pour préparer d’une manière plus prochaine ma mort sur l’arbre de la croix.

 

« J’ai vécu trente-trois ans comme une victime préparée pour la mort, attendant la mort, désirant même la mort pour le salut des hommes.

 

La quatrième agonie

« L’état dans lequel je me montre à vous à cette heure est l’état de ma quatrième agonie. Ma divinité me montre tous les tourments de ma passion, tous les crimes des hommes à expier ; l’expiation de ces crimes, inutile pour un nombre immense, parce qu’ils n’en voudront pas profiter ; et cette vue m’arracherait la vie, si je ne la retenais pour éprouver la réalité des supplices qui me sont destinés par la justice de mon Père.

 

La cinquième agonie

« Enfin, ma fille, une cinquième et dernière agonie est celle de la croix. Les hommes avaient épuisé sur moi toute leur cruauté ; ils m’avaient cloué sur la croix, abreuvé de fiel et de vinaigre ; le sang de mes veines était presque tout répandu ; les prophéties étaient accom­plies ; je poussai un grand cri et remis mon esprit entre les mains de mon Père. »

 

 

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