S’entretenir avec Dieu P2 – St Alphonse de Liguori

Saint Alphonse de Liguori

Manière d’Entretenir avec Dieu
une Conversation continuelle et familière.

 

TABLE DES MATIÈRES

1)      Il faut parler à Dieu avec confiance et familiarité.

2)      L’entretien avec Dieu est agréable et facile.

3)      De quoi faut-il parler à Dieu ?

4) Pratique détaillée de la conversation avec Dieu 

 

2 – L’entretien avec Dieu est agréable et facile.

Prenez l’habitude de vous entretenir seul à seul avec Dieu, familièrement, avec confiance et amour, comme avec l’ami le plus cher que vous ayez, et le plus affectueux.

 

  C’est une grande erreur, nous l’avons vu, de mettre de la défiance dans nos rapports avec Dieu, de ne vouloir jamais paraître en sa présence que comme un esclave timide et honteux, tout tremblant d’épouvante devant son Maître. Mais c’est une erreur plus grande encore de s’imaginer que la conversation avec Dieu n’ait que peine et ennui. Oh ! Non, cela n’est pas : « Il n’y a pas d’amertume à converser avec lui, ni d’ennui à vivre auprès de lui ! » (Sag. 8, 16). Interrogez les âmes qui l’aiment de vrai amour : elles vous diront que, dans les épreuves de la vie, elles trouvent leur meilleure et plus solide consolation à s’entretenir amoureusement avec Dieu.

 

On ne réclame pas de vous une application continuelle de l’esprit, qui vous fasse oublier vos affaires, ni même vos délassements. La seule chose qu’on vous demande, c’est que, sans négliger vos occupations, vous vous comportiez avec Dieu comme vous agissez, dans les différentes circonstances qui se présentent, avec les personnes qui vous aiment et que vous aimez.

 

 

Votre Dieu est toujours auprès de vous, voire au-dedans de vous : « En lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être ! » (Act. 17, 28). Qui désire lui parler n’a pas à faire antichambre, loin de là : Dieu désire vous voir le traiter sans cérémonie. Entretenez-vous avec lui de vos affaires, de vos projets, de vos ennuis, de vos craintes, de tout ce qui vous intéresse. L’essentiel, je le répète, c’est que vous le fassiez sans gêne et à cœur ouvert.

 

 Dieu, en effet, ne parle guère à l’âme qui ne lui parle pas et qui, dès lors, n’entendrait que difficilement sa voix, n’étant pas habituée à converser avec lui. C’est de quoi il se plaint dans le Cantique des cantiques (8, 8) : « Notre sœur est encore une enfant dans mon amour : Comment ferons-nous pour lui parler, si elle ne comprend pas ? »

 

 Sans doute, Dieu, alors que nous repoussons sa grâce, se montre à nous comme le Maître tout-puissant, dont la colère est redoutable ; mais, dès que nous l’aimons, tout change : il veut alors être traité comme l’ami le plus affectionné et que nous soyons à l’aise avec lui, que nous lui parlions souvent et de façon toute familière.

 

Il est vrai que nous devons toujours à Dieu un souverain respect : mais quand il vous favorise du sentiment de sa présence et qu’il vous sollicite à lui parler comme au meilleur de vos amis, laissez aller votre cœur librement et en toute confiance.

 

 « Il prévient ceux qui le désirent ardem­ment, afin de se montrer à eux le premier. » (Sag. 6, 14). Non, il n’attend pas que vous alliez à lui : dès que vous désirez son amour, il vous prévient, il se présente à vous, vous apportant grâces et remèdes selon vos besoins. A peine aurez-vous parlé à votre tour, qu’il vous révélera sa présence par sa promptitude à vous écouter et à vous consoler, car son oreille est ouverte, se tend à votre prière. » (Ps. 33, 16).

 

Par son immensité, Dieu se trouve partout ; mais il a deux sanctuaires préférés dont il a fait sa propre demeure : l’un est le ciel empyrée, où, par sa présence, il communique sa gloire aux bienheureux ; l’autre est sur la terre : c’est l’âme humble dont il est aimé. « Il habite avec le cœur contrit et avec l’esprit humble. » (ls. 57, 15).

 

 Ainsi donc, notre Dieu, qui a son trône au plus haut des cieux, ne dédaigne pas de passer les jours et les nuits avec ses serviteurs dans leurs grottes ou leurs cellules : là, il leur fait part de ses divines consolations, dont une seule dépasse les délices que le monde pourrait accumuler ; à ne pas les désirer, il n’y a que celui qui ne les a pas goûtées : « Goûtez et voyez combien le Sei­gneur est doux. » (Ps. 33, 9).

 

Les autres amis — ceux du monde — ont des heures pour s’entretenir, des heures aussi où il leur faut bien rester séparés : entre Dieu et vous, si vous le voulez, il n’y aura jamais d’heure de séparation. « Tu reposeras, et doux sera ton sommeil … Car le Seigneur sera à ton côté. » (Prov. 3, 24-26) Tandis que tu dormiras, il se tiendra près de toi, et, si tu t’éveilles, il veillera sur toi. — Vous pouvez dire : « Je reposerai avec lui (Sag. 8, 16). Et il sera l’encourageant conseiller de ma pensée. » (Sag. 8, 9).

 

 En vérité, pendant votre repos même, Dieu ne s’éloigne pas de votre chevet et continue à penser à vous sans relâche. Il veut, si vous vous éveillez, vous parler par ses inspirations et recevoir de vous quelque acte d’amour, d’offrande, de remerciement, pour entretenir ainsi avec vous, même durant ces heures de la nuit, une aimable et douce conversation. Il pourra même arriver qu’il vous parle durant votre sommeil, qu’il vous fasse entendre ses volontés, pour que, à votre réveil, vous les mettiez à exécution : « Je lui parlerai en songe. » (Nombr. 12, 6).

 

Le matin, il est là encore, pour cueillir sur vos lèvres une parole d’affection ou de confiance, pour recevoir la confidence de vos premières pensées et l’offrande de toute votre journée : actes de vertu et bonnes œuvres auxquels vous promettez de vous employer pour lui plaire, peines que vous vous déclarez prêt à souffrir volontiers pour sa gloire et son amour.

 

 Voyant votre Dieu si empressé à se présenter à vous dès le moment de votre réveil, ne manquez pas, de votre côté, de jeter sur lui un regard plein d’amour, de laisser votre âme s’épanouir à l’entendre vous donner lui-même la douce assurance qu’il n’est pas loin de vous, comme au temps malheureux où vos péchés le tenaient à l’écart, qu’il vous aime et qu’il veut être aimé de vous : à ce moment-là même, il vous dicte son suave précepte : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. » (Deut. 6, 5).

 

 

 

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