Jésus, Roi d’Amour
(Sœur Yvonne-Aimée, † à 50 ans)
Partie 1
« Dieu a favorisé d’une prédestination unique mère Yvonne-Aimée de Jésus (1901-1951), et dès sa prime enfance, déclarait Mgr Picaud, évêque de Bayeux et Lisieux. Il l’a merveilleusement préservée du mal et favorisé de charismes extraordinaires. Ces grâces et faveurs surnaturelles se sont amplifiées, surtout depuis une manifestation de l’élection divine, le 5 juillet 1922, qui marque une date capitale dans le développement de sa vie mystique… »
Née en 1901, Yvonne Beauvais prend l’habit des Chanoinesses Régulières Augustines Hospitalières de la Miséricorde de Jésus, à vingt-six ans, à Malestroit, et devient sœur Yvonne-Aimée de Jésus. Elle n’a pas trente-quatre ans qu’elle est élue supérieure de l’Ordre. Elle y déploie un dévouement extraordinaire, inimaginable et miraculeux, jusqu’à sa mort à 50 ans.
Une croix et un lys
« Le 5 juillet 1922, raconte-t-elle, j’étais au lit depuis dix minutes environ, quand j’entendis distinctement mon nom : ‘Yvonne !’ Je tournais la tête vers la cheminée, d’où la voix semblait venir ; il n’y avait personne. Pensant que je m’étais trompée, je me recouchais et essayais de dormir. Une seconde fois j’entendis : ‘Yvonne !’ J’eus peur, très peur, et je me mis la tête sous les couvertures et commençai à réciter le Notre Père tout haut. Arriver à ces paroles : pardonnez-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés, la voix se fit de nouveau entendre : ‘Yvonne’
Je me mis à genoux sur mon lit et, du côté de la cheminée, je vis une lueur … Rien de naturel ne la provoquait !
Puis une croix se dessina, pendant que la voix, d’une extrême douceur, disait :
– Veux-tu la porter ?
– Oh ! Oui, Seigneur, répondis-je.
Je me sentis à ce moment-même envahie d’un bonheur immense.
La voix reprit :
– Sois une âme abandonnée. Accepte les épreuves que je t’enverrai, comme la plus grande grâce et la plus grande faveur donnée aux âmes que j’aime. Accepte-les sans t’en plaindre, sans en examiner la nature ou la durée, sans t’en prévaloir. Ne prête pas attention à ce qui te mortifiera ou t’humiliera. Regarde-moi, je t’aime, cela ne suffit-il pas à ton cœur ?
– Oh ! Si, Seigneur, répondis-je, je vous aime. Mais est-ce bien vous qui daignez me parler et vous occuper de votre petite créature ? Dites, Seigneur Jésus, est-ce bien vous ?
Alors je vis une main s’avancer près de la Croix, cueillir une fleur de lys et me la donner.
A ce moment, j’éprouvai un transport de joie et d’amour qui me fit presque défaillir, mais cela me parut durer peu, seulement mon âme était remplie de paix.
Le 9 juillet, j’étais dans ma chambre à écrire des lettres, quand je sentis une forte et pénétrante odeur d’encens envahir la pièce. Je m’agenouillai, car, sans voir le Seigneur Jésus, je sentais qu’il passait et, qu’en passant, il pénétrait mon âme d’un profond sentiment d’amour et de reconnaissance. »
Même chose le 10 et le 11 juillet, note-t-elle sur son carnet. « Puis Jésus me parla : ‘Je t’aime, et à ceux que j’aime, je n’épargne pas la souffrance, car elle est nécessaire à la sanctification. Quand tu souffriras, je te soutiendrai, je te consolerai, je sanctifierai ta souffrance. Moi, ton Dieu, j’ai souffert avec joie pour tes péchés, ne souffriras-tu pas avec joie par amour ? N’auras-tu pas mon amour infini, une éternité de gloire en récompense de quelques années de combats et d’épreuves ?’ »
Ainsi commençait un merveilleux dialogue de Jésus avec Yvonne venue, après une maladie, pour faire sa convalescence à Malestroit. Elle avait 21 ans.
Jésus lui apparaît
Dès la mi-juillet 1922, les délicatesses et les exigences du Seigneur se sont précisées : « J’ai vu hier mon bon Jésus, je l’ai vu cette fois bien distinctement. Oh, qu’il est beau, ce doux Seigneur Jésus ! Qu’il est beau ! Ses traits divins étaient illuminés, ses yeux profonds regardaient dans mes yeux et il me souriait. J’ai vu sa physionomie changer, ses yeux se voiler de larmes… Il pensait à l’âme qui lui avait fait de la peine ! Quand il m’a redit son ‘plus encore’, j’ai répondu : ‘Tout ce qu’il vous plaira, Seigneur !’ Alors son expression s’est changée et il m’a souri à nouveau. »
Dès le 30 juillet, Satan vient la tourmenter et maltraite violemment son corps jusqu’au sang. Et il reviendra fréquemment.
Elle fit un songe prémonitoire qu’elle raconta à son guide, et qui s’est réalisé : « Je voyais le Seigneur Jésus lui-même qui me mettait au cou une Croix blanche en me disant : ‘Elle t’aidera à porter on fardeau.’ Puis, je me voyais assister au sacre d’un évêque dans une église que je ne connaissais pas, et Jésus me disait : ‘Cet évêque sera bon pour toi, tu le soutiendras par tes prières et tes sacrifices surtout quand il sera dans le pays de sainte Thérèse de l’enfant Jésus’ (Il s’agit de Mgr Picaud, l’évêque de Bayeux et Lisieux). Je me vis en prison et un ange venant me délivrer (elle fut arrêtée en 1943 à Paris pendant la guerre, et miraculeusement délivrée). »
Jésus, le Roi d’Amour
« Ce matin (du 14 août 1922), le Seigneur a béni une branche de roses d’un bouquet que ma petite Mademoiselle m’avait donné pour le fleurir. Le soir, après le dîner, au moment de donner la rose à ma petite Mademoiselle, je remarque sur la tige quelque chose comme une inscription, mais pas assez nette cependant pour être lue à première vue. Pendant que Mademoiselle B., Mère Madeleine et moi, essayions de déchiffrer, nous voyons petit à petit les lettres se former distinctement et apparaître une petite écriture d’un reflet argenté. Jésus, le Roi d’Amour.
Tous les trois, nous sommes restées confondues devant tant d’immense bonté, tant d’inlassable miséricorde du divin Roi d’Amour et nous l’avons adoré en silence dans notre cœur.
Quelques instants après, avant de se retirer, la petite Mademoiselle regarda à nouveau la rose qui était restée aux pieds de mon bon Jésus, l’inscription était presque entièrement effacée. Nous demandâmes au bon Jésus de l’écrire à nouveau, ce qu’il fit immédiatement. »
Le dix-sept août, le Seigneur vient lui dire : « Fais et dis-leur de faire beaucoup d’actes d’amour. Dis soir et matin cette prière : O Jésus, Roi d’Amour, j’ai confiance en votre miséricordieuse bonté. »
L’appel à l’Amour miséricordieux du Sauveur ne resta pas sans écho, et Jésus se mit à récompenser par de nombreuses et remarquables grâces la confiance qu’on lui portait.
En 1933, la Supérieure d’alors adressa au Pape Pie XI une requête pour lui demander d’enrichir d’indulgence la pieuse prière. Le Pape y répondit favorablement.
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