Fruits de l’adoration (1) – (ASDE 07)

FRUITS DE L’ADORATION

P. Florian Racine

 

Introduction

« Loué et remercié soit à chaque instant le Très Saint et Divin Sacrement ! ». C’est avec cette prière de louange que je souhaite bénir notre Seigneur Jésus, vraiment présent dans le sacrement de son Amour. L’Eucharistie est notre vrai trésor sur terre. Rien n’est plus beau, rien n’est plus grand, rien n’est plus admirable que cette présence du Ressuscité, qui sans quitter le ciel, vient dresser sa tente parmi nous, pour nous enrichir de sa grâce et nous revêtir de sa gloire. Combien de paroisses, en se prosternant devant le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, ont non seulement expérimenté son amour qui donne sens à notre existence, mais plus encore ont fait descendre sur l’Église et le monde quelques rayons de la lumière du Christ ressuscité.

 

Le Saint-Père Benoît XVI, dans une catéchèse sur sainte Julienne de Cornillon a affirmé sa joie de constater « dans l’Eglise un « printemps eucharistique » : combien de personnes demeurent en silence devant le Tabernacle, pour s’entretenir dans une conversation d’amour avec Jésus ! Il est réconfortant de savoir que beaucoup de groupes de jeunes ont redécouvert la beauté de prier en adoration devant le Très-Saint-Sacrement (…). Je prie afin que ce « printemps » eucharistique se répande toujours davantage dans toutes lesparoisses » (Audience générale de Benoit XVI sur sainte Julienne de Cornillon, 17 novembre 2010).

 

 

D’une part, un nombre grandissant de paroisses enracine la vie pastorale dans l’Eucharistie célébrée, puis continuellement adorée. L’adoration devient ainsi une source inépuisable de sainteté pour les fidèles. D’autre part, comme le rappelait le bienheureux Jean-Paul II, « malheureusement, à côté de ces lumières, les ombres ne manquent pas. Il y a en effet des lieux où l’on note un abandon presque complet du culte de l’adoration eucharistique. À cela s’ajoutent, dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus qui contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s’il n’allait pas au-delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et fraternelle »(Jean Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 10, 2003).

 

Si l’adoration du Saint-Sacrement est tombée en désuétude pendant quelques décennies, c’est en partie parce que celle-ci était considérée, principalement, comme intimiste, personnelle, privée. Aujourd’hui, grâce à la contribution pastorale de Jean-Paul II et l’apport théologique de Benoît XVI, l’Eglise ne cesse de rappeler que l’adoration n’est ni une piété personnelle ni une dévotion privée, mais une prière qui élargit le cœur aux dimensions du monde. En touchant le Cœur du Christ, Dieu touche tous les cœurs des hommes. En adorant la sainte Eucharistie, « nous entrons dans ce mouvement de l’amour d’où découlent tout progrès intérieur et toute fécondité apostolique » (Jean-Paul II, Homélie à Montmartre, 1 juin 1980).

 

Développons quelques-unes des grâces perceptibles qui découlent de cette prière contemplative. Toutefois, n’oublions pas que nous « cheminons dans la foi et non dans la vision claire » (2 Co 5, 7). Ainsi les grâces visibles découlant de l’Eucharistie sont comme la pointe de l’iceberg en comparaison des bienfaits spirituels invisibles que le Seigneur prodigue à son Église et au monde. Puisque l’Eucharistie est le mémorial de la Passion du Christ, les fruits de l’Eucharistie découlent directement de la Croix : tout en bouleversant le monde de l’intérieur, le monde visible n’a pas radicalement changé, car nous attendons « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Ap 21, 1).

 

Mais avant de parler des fruits découlant de l’adoration, rappelons l’essentiel : Le Seigneur est digne d’être adoré pour lui-même, car il est notre Créateur, notre Rédempteur, notre Sanctificateur. Paul VI écrivait : « C’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous » (Paul VI, lettre apostolique, ‘Profession de Foi Catholique’, 1968). Adorer Dieu est donc un « doux devoir ». D’abord un « devoir », car c’est le premier commandement : « Tu adoreras ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ton âme, voilà le premier commandement » (Mt 22, 36). Toutefois, ce devoir est « doux », car les bienfaits pour l’âme et pour le monde sont innombrables : « Quiconque aborde le vénérable Sacrement avec une dévotion particulière et tâche d’aimer d’un cœur généreux le Christ qui nous aime infiniment, éprouve et comprend à fond, non sans joie intime ni sans fruit, le prix de la vie cachée avec le Christ en Dieu ; il sait d’expérience combien cela vaut la peine de s’entretenir avec le Christ ; rien de plus doux sur terre, rien de plus apte pour avancer dans les voies de la sainteté…» (Paul VI, Lettre encyclique, ‘Mysterium Fidei’, 1965). Même si l’adoration du Saint-Sacrement représentait une démarche pénible, ou même si aucun fruit concret n’en découlait, le Seigneur serait tout de même digne d’être adoré pour lui-même. Ce qui doit motiver notre démarche d’adoration n’est pas d’abord les bienfaits spirituels que nous allons recevoir.

 

Adorer est un acte de justice où l’on reconnaît que Dieu est l’être premier qui donne la vie. Il est l’Alpha et l’Omega. Tout provient de lui, tout subsiste en lui et tout doit retourner à lui. Avant d’envoyer ses disciples en mission, le Christ ressuscité « leur montra ses mains et ses pieds » (Lc 24, 40) avec ses plaies glorieuses, sources de grâce pour l’humanité. Car « ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées et dans ses blessures, nous trouvons la guérison » (Is 53 4-5). Des plaies glorieuses du Christ découlent des fruits spirituels pour l’adorateur, pour l’église et pour le monde. Cet exposé tentera de présenter quelques-unes de ces grâces reçues lorsqu’une communauté paroissiale se mobilise pour adorer le Saint-Sacrement. Les témoignages des curés illustreront cette présentation. Les trois parties aborderont les principaux fruits constatés, d’abord dans la vie des adorateurs, ensuite dans la communauté paroissiale, enfin dans l’Église et le monde. Tous ces fruits découlent du Sacrifice de Jésus sur la Croix, rendu présent dans l’Eucharistie. Ces fruits sont tous profondément liés : en renouvelant le cœur des fidèles, le Seigneur édifie la communauté. Par-là, il donne à l’Église des vocations et au monde des apôtres. Chaque vie changée renouvelle l’Église et transforme 
le monde…

 

 

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