Extrait des cahiers de
Maria Valtorta
Le 3 août 1943,
3 Rois, 19, 27
Jésus dit :
« Où est-ce que je me trouve ? Où faut-il me chercher pour me posséder à tout instant ? Dans ce qui est grandiose ? Là seulement ? Non. Je viendrais trop rarement, car la vie est faite de petites choses et les moments solennels sont rares. Et cela, par miséricorde de ma part. Comment une créature qui serait soumise du matin au soir, et chaque jour de l’année, à l’usure conditionnelle de grandes souffrances, de grandes luttes et de grands renoncements pourrait-elle résister ?
La vie est faite de petites choses, cette vie par laquelle vous pouvez conquérir la Vie éternelle. Mais les petites choses doivent être considérées avec un regard d’amour, en toute connaissance de cause, et accomplies en un acte d’amour. Alors, oui, elles deviennent grandes même si elles sont minuscules.
Portez sur tout un regard d’amour et de connaissance exacte. Je n’aurai jamais fini de vous dire, pour vous en convaincre, que le mal ne vient pas de Dieu et qu’il est la conséquence de l’union de vos semblables à Satan, ou de leur légèreté si ce mal est de faible importance. Le mal qui vous fait souffrir ne vient pas de Dieu. Quand une douleur vient de lui – ce peut être une personne ou une chose qu’il vous enlève pour vous détacher davantage de ce qui est humain et vous rendre plus libre de le suivre, lui –, alors il vous donne en même temps force et paix. Tu en as fait l’expérience, et tu le sais bien. Dis aux âmes combien la souffrance qui vient de Dieu est différente, même si elle est grande, de ce qui est la conséquence de la dureté humaine et de la haine que se portent les frères.
Quand donc vous vivez les évènements de chaque instant, sachez discerner et aimer, aimer, et aimer encore. Aimez la main de Dieu si c’est elle qui vous les offre. Aimez ceux qui sont infidèles et coupables d’être mauvais, si ce sont eux qui vous les imposent. Aimez toujours. Faites tout avec amour. Cela vient-il de Dieu ? C’est sa volonté, il faut donc l’aimer. Cela vient-il de l’homme ? Faites de ce qui est humain quelque chose de précieux et de surnaturel en le supportant avec patience et charité – à condition que ce ne soit pas contraire à ma Loi –. Dans ce cas, il convient de savoir résister en essayant avec douceur d’amener au bien celui qui veut le mal, quand bien même il faudrait mourir si ce dernier persiste dans son intention, afin de ne pas risquer de pécher. Les martyrs ne sont pas seulement ceux qui sont morts sous la main des tyrans. Nombreux sont les martyrs humbles et inconnus qui meurent chaque jour parce qu’ils refusent de faire le mal, qu’ils soient tués violemment ou qu’ils s’éteignent lentement, consumés par l’oppression lente mais continue de ceux qui les haïssent parce qu’ils ont compris qu’ils sont leurs juges et qu’ils sont plus forts qu’eux, d’une force surnaturelle.
Mais pour en revenir au Livre, où le Seigneur se trouve-t-il ? Dans le vent fort et violent ? Dans le tremblement de terre ? Dans le feu ? Non. Dans la brise légère.
Oui, le Seigneur est toujours doux à l’égard de ses enfants ! Il est toujours patient et miséricordieux. Il vous montre un visage paternel pour rendre ses bons enfants toujours plus aimants, et pour attirer à lui ses fils prodigues. Quelle patience ! Si elle n’était infinie, il devrait sans cesse terrasser [les hommes] avec mépris. C’est pourquoi ne vous imaginez pas qu’il fait preuve de faiblesse. Il vous donne toute la vie pour vous convertir, ô fils ingrats, mais chaque jour d’indulgence que Dieu vous aura accordé en vain sera marqué, et vous l’expierez durement une fois quittée cette terre où vous vous croyez maîtres en vous moquant de celui qui en est le véritable Maître.
La brise légère est la paix qui enveloppe ce qui vient de Dieu et vous annonce : « Le Seigneur est là. » Hâtez-vous donc de le servir. Ne dites pas : « Il ne me fait pas peur, donc je n’en tiens pas compte. » A l’opposé, sachez aimer, précisément parce qu’il vous aime. Avec respect et amour confiant, sachez vous tenir devant Dieu. Sachez redire ce que disait le prophète : « Je brûle d’ardeur pour le Seigneur.
Tous, vous devriez être impatients de servir Dieu. La plupart sont, au contraire, prêts à servir l’homme et à négliger Dieu. Un trop grand nombre d’enfants de Dieu ont abandonné son alliance et détruit dans leur cœur l’autel de l’amour pour le Seigneur, ils raillent les enfants fidèles et les oppriment, parfois jusqu’à la mort.
C’est alors que le Seigneur s’adresse à ceux qui restent seuls, comme autant de palmiers isolés dans l’aridité d’un désert, parmi les buissons épineux et amers – l’aridité représente le monde, et les buissons épineux les mauvais, alors que le palmier est utile et haut, et qu’il donne des fruits sucrés –. Il leur dit : « Marche sans peur. Ta vie est entre mes mains. Toi, et avec toi les sept mille qui n’ont pas plié le genou devant la Bête et ne l’ont pas embrassée, vous m’êtes réservés. Vous m’appartenez d’une manière absolue, éternelle, dans une béatitude sans limites. »
Toutefois – la leçon n’est pas terminée –, tant que vous participez au combat, ne tirez pas gloire de la prédilection de Dieu. Tels des soldats en armes, vous avez lutté et en avez obtenu votre récompense, mais vous n’avez pas encore fini de lutter. Dieu est à vous comme votre chef. Mais celui qui, les premières victoires passées, abandonne son chef et se satisfait des éloges qu’il a reçus, celui-là ne peut se dire vainqueur. Le fort, le victorieux, c’est celui qui le suit jusqu’au bout. La vie est un combat de tous les jours. Vous êtes les personnes armées qui en êtes victorieuses.
L’Ennemi vous est bien connu. Il n’y en a qu’un, mais il prend beaucoup de visages différents. Le premier, c’est celui du Démon, les secondaires sont la chair, le monde, l’argent. Soyez fidèles. Avez-vous gagné ? Que la joie de la victoire vous fortifie pour les luttes à venir. Avez-vous perdu ? Que le découragement ne vous démoralise pas. Au contraire, que l’humiliation de votre faiblesse vous pousse à vous racheter par une victoire. Seul celui qui parvient au terme peut se glorifier dans le Seigneur car, jusqu’au dernier moment de lutte, l’Ennemi commun et l’ennemi individuel – qui est la partie inférieure de votre être – peuvent vous faire mordre la poussière par une chute mortelle.
« Que celui qui est armé ne se glorifie pas, aussi longtemps qu’il n’a pas déposé les armes. » Qu’il se fie dans le Seigneur mais veille en permanence. L’heure viendra d’embrasser votre Roi. Alors les armes seront remplacées par les palmes, et le fracas du combat par les harmonies célestes. Alors vous pourrez crier votre joie d’être victorieux.
La vie est un combat, la récompense, c’est le ciel. Sachez l’obtenir en entendant Dieu dans la brise légère, en résistant à Satan et à ses tourbillons violents. Sachez tourner votre cœur vers moi seul et faire des baisers d’amour à votre Seigneur Dieu. Vous n’avez pas d’autre Dieu. Servez-le, lui seul, et vous ferez partie des sept mille qu’il s’est réservés, des cent quarante-quatre mille dont parle Jean : les élus à la vraie gloire, incomparable et éternelle, qui viennent de la grande tribulation de la terre se reposer dans le Royaume de Dieu. »
Hier soir, la grande Reine, qui m’avait été présente toute la journée avec toute sa splendeur, est redevenue une Mère aux côtés de sa pauvre fille qui souffrait tellement. Elle ne portait plus son vêtement resplendissant et n’était plus dans l’azur du paradis, mais elle portait son habituel vêtement de laine blanc ivoire ; elle se tenait auprès de mon lit, si douce, si bonne, avec son sourire et ses caresses.
Je me suis réfugié sur son sein qui semble être celui d’une jeune fille svelte, et je suis restée là à lui caresser les mains, ces mains si belles et menues, délicates et parfumées comme des fleurs, de son parfum d’Immaculée. Cela n’a rien d’une fragrance humaine. Ce doit être l’odeur du ciel. Il est bien beau, savez-vous, de rester comme cela, la joue sur le cœur de la Mère, de sentir, à travers l’étoffe rêche, battre son cœur et de percevoir la tiédeur de son sein, il est bon de pouvoir jouer avec ses doigts fins comme avec ceux d’une maman. Combien de fois ne l’ai-je pas appelée : « Maman ! »
Vous direz que je me répète. Mais j’éprouve tant de joie à vous raconter, à vous comme à moi, mes rencontres avec Marie, que je ne puis m’en passer. Je l’ai tellement priée hier matin sous le titre de Reine des cieux pour les besoins de tous. Hier, je lui ai répété mes demandes avec une confiance d’enfant. Pour tous. Notamment pour certains que je veux sauver de la souffrance puisque, pour eux, souffrance voudrait dire désespoir.
En lisant pour l’énième fois la vie de la petite sainte Thérèse, je trouve : « En me mettant dans les bras du bon Dieu, j’imitai le petit enfant, qui au moment de ses grandes peurs, cache sa tête blonde sur l’épaule de son papa. » Je me suis exclamée : « Je me cacherai sur le sein de la Mère. Jésus est l’Epoux, le Frère et le Seigneur. Je m’appuierai donc sur lui, mais comme sur un époux et un frère, et je prendrai pour guide sa main armée de la croix. Quand il le voudra, il m’entourera de son bras pour m’attirer sur son cœur. Je serai en position d’épouse. C’est une position provisoire, que je ne peux prendre à tout instant. Sur le cœur de sa Mère, en revanche, une fille – malade qui plus est – peut rester constamment. Je m’abandonne sur le sein de la Mère. En outre, je ne considère pas cela comme une défection vis-à-vis de Jésus. C’est l’opposé. Je suis sûre que, en me tenant ainsi, je serai toujours auprès de Jésus car j’ai la certitude la plus certaine que Jésus se trouve toujours dans les bras de Marie. Si je le cherchais ailleurs, je pourrais sortir de son chemin. Mais en le cherchant là, je le trouve toujours. Mère, je choisis ton épaule pour refuge. Le visage contre ta joue, je te demanderai tout et j’espérerai tout. Une Mère ne déçoit pas. »
Si vous saviez comme il est doux de la sentir ici, tout à moi… La sentir et la voir vraiment toute, toute, toute pour moi, vivante et vraie, respirant, souriante… Ma joie d’hier était extatique, entièrement pour mon âme. Aujourd’hui, ma joie concerne aussi mon humanité. Je ne sais pas bien expliquer ce en quoi consiste cette joie complète, cette paix, cette compagnie, bref, ce que j’éprouve. Il faudrait le sentir pour comprendre. Je suis seule, mais en réalité je suis avec elle, et je ne serais pas surprise de la voir ouvrir la porte si j’en avais besoin, ou m’apporter de l’aide s’il m’en fallait. Je n’en serais pas surprise, tant sa présence est réelle.
Oh, je ne mérite pas tout cela ! La bonté de Dieu est vraiment au-dessus de tout calcul humain abusif.