Soyez mes témoins
P. Florian Racine
Bonne fin de carême et joyeuses fêtes de Pâques ! Dans une récente catéchèse, le pape Benoît XVI a rappelé un des points centraux de la spiritualité de sainte Thérèse d’Avila : la contemplation de la sainte humanité du Christ. En effet, pour Thérèse, la vie chrétienne est une relation personnelle avec Jésus, qui atteint son sommet dans l’union avec lui par grâce, par amour et par imitation. D’où l’importance que celle-ci attribue à la méditation de la Passion et à l’Eucharistie, comme présence du Christ dans l’Eglise pour la vie de chaque croyant.
L’Eucharistie est le moyen sublime que Dieu donne dans la surabondance de son amour pour nous unir à lui. Notre vie sur terre est d’autant plus belle et féconde que notre union avec les trois personnes de la Trinité est authentique. La célébration et l’adoration de l’Eucharistie nous permettent de nous approcher de l’amour de Dieu et d’y adhérer personnellement jusqu’à l’union avec le Seigneur bien-aimé. Précisons ces trois dimensions de l’union avec le Christ, en soulignant comment l’Eucharistie constitue la voie royale pour y parvenir :
L’union par grâce : Le Christ est vraiment présent dans le sacrement de l’Eucharistie. Ce sacrement est le « plus saint pour ce qu’il renferme. Oui, il renferme le Christ lui-même ». L’Eucharistie contient non seulement la plénitude de la grâce, mais plus encore l’auteur de la grâce. Par elle, le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier. Jour et nuit, le Christ demeure dans tous les tabernacles du monde comme notre Emmanuel, Dieu avec nous. Il habite avec nous, plein de grâce et de vérité. Il restaure les mœurs, nourrit les vertus, console et fortifie les affligés…
L’union par amour : L’amour eucharistique est un amour transformant. Lorsque Moïse rencontre Dieu dans le buisson ardent, il remarque que le feu ne consume pas le buisson. Il en est de même pour l’âme qui reçoit l’Eucharistie dans son Cœur ou qui adore Dieu au Saint Sacrement. Ce brasier divin ne consume pas l’âme. Au contraire, celle-ci est renouvelée dans la charité divine. Le cœur est transformé selon la prophétie : « je changerai ton cœur de pierre en cœur de chair ». Nous ne pouvons garder pour nous l’amour que nous célébrons dans ce Sacrement. Il demande de par sa nature d’être communiqué à tous. Ce dont le monde a le plus besoin, c’est de l’amour de Dieu, c’est de rencontrer le Christ et de croire en lui. « Une Église authentiquement eucharistique est une Église missionnaire ». Nous aussi, nous devons pouvoir dire à nos proches avec conviction : « Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons, pour que vous soyez en communion avec nous » (1 Jn 1, 3).
L’union par imitation : Sainte Thérèse d’Avila insiste sur l’importance de la méditation de la sainte humanité du Christ pour grandir dans l’union avec lui. Les saintes écritures présentent les paroles et les gestes de Jésus. On découvre comment ses disciples et ses amis ont répondu à son appel à le suivre en s’engageant dans sa mission. Le même Jésus présenté dans les écritures se rend présent aujourd’hui dans l’Eucharistie. Là il prolonge son incarnation et agit envers nous de la même manière que dans l’évangile. Il attend de l’adorateur les mêmes actes d’amour, la même docilité et le même engagement pour le suivre. L’Eucharistie invite instamment, tous ceux qui s’approchent de lui, à l’imiter, afin qu’à son exemple, ils apprennent la douceur et l’humilité de cœur, qu’ils sachent chercher non leurs propres intérêts mais ceux de Dieu.
Saint Pierre-Julien Eymard disait : « Il est peu de personnes qui pensent aux vertus, à la vie, à l’état de Notre-Seigneur au Saint-Sacrement. On le traite comme une statue ; on croit qu’il n’est là que pour nous pardonner et recevoir nos prières. C’est faux. Notre-Seigneur vit et agit : regardez-le, étudiez-le, imitez-le… Si vous lisez l’Évangile, transportez-le en l’Eucharistie, et de l’Eucharistie en vous. Vous avez alors une bien plus grande puissance. L’Évangile s’illumine, et vous avez sous les yeux et réellement la continuation de ce que vous y lisez… ».