Notes spirituelles de Charles de Foucauld 2 (ASDE 08)

Quelques notes spirituelles

de Charles de Foucauld

 

 

Confiance absolue que, si je suis fidèle, la volonté de Dieu s’accomplira, non seulement malgré les obstacles, mais grâce aux obstacles.

 

Les obstacles sont la marque que la chose plaît à Dieu. La faiblesse des moyens humains est une cause de force. Dieu fait servir les vents contraires pour nous conduire au port…

C’est la parole de Notre Seigneur à Ste Thérèse qui m’encourage si souvent dans mes lâchetés et mes bas respects humains : « Ou bien on M’en glorifiera, ou bien on t’en méprisera, dans les deux cas, tu y gagneras ».

 

J’ai un sentiment profond et sans cesse grandissant que pour glorifier Dieu et « faire ici-bas l’œuvre du Père céleste », il faut avant tout, que je goûte la croix dont Jésus nous a laissé l’exemple.

 

! * ! * !

 

A sa sœur,

 

Jérusalem, 19 novembre 1898

 

Quand on est bien persuadé qu’une chose est la volonté du Bon Dieu, il est si doux de faire la volonté du Bien-Aimé que rien ne coûte… Il est ici comme à Nazareth, Il est partout, que m’importe d’être d’ici ou là ? Une chose seule m’importe, c’est d’être là où Il me veut, de faire ce qui Lui plaît le plus… Oublions-nous, oublions-nous et vivons en Jésus, en L’aimant de tout notre cœur : car, tu le sais, quand on aime, on vit moins en soi que dans celui qu’on aime, et, plus on aime, plus on établit sa vie hors de soi, dans celui qu’on aime…

 

Si nous aimons Jésus, nous vivons bien plus en Lui qu’en nous, nous oublions ce qui nous touche, pour ne penser qu’à ce qui Le touche et, comme Il est dans une paix et une béatitude ineffable, assis à la droite de Son Père, nous participons, dans la mesure même de notre amour, à la paix et à la béatitude de notre Divin Bien-Aimé…

 

Tu me dis de demander pour toi la paix… Ma chérie, en voici le secret : aime, aime, aime…

 

Oui, je demanderai la paix, ou plutôt je demanderai pour toi l’amour de Jésus qui seul peut donner la paix, et qui la donne nécessairement, la portant toujours avec Lui… Demande-la aussi, demande d’aimer ; dis : « J’aime ; faites que je vous aime davantage… » Et pense, dis, fais tout ce qui est selon l’amour, tout ce qui peut exciter en toi l’amour, tout ce qui peut porter les autres à aimer ce Divin Epoux de nos âmes…

 

Si tu as des mouvements de tristesse, récite ton chapelet en méditant les mystères glorieux, et dis à Jésus : « Oui, moi je suis sur la terre pauvre, misérable et secouée par l’orage, et ballotée par la tempête ; mais, Vous, Jésus, mon amour, Vous êtes ressuscité et Vous ne connaîtrez plus jamais la souffrance, Vous voici bienheureux pour l’éternité… Vous, Jésus, mon Epoux, Vous êtes assis au plus haut des cieux, dans une gloire et une félicité souveraine… Est-ce moi que j’aime ou est-ce Vous, mon Bien-Aimé ; Vous êtes heureux à jamais ; qu’importe ma peine ? Je ne veux avoir que des paroles de bénédiction ; mon Bien-Aimé, Vous êtes heureux, je suis heureuse aussi ; pourrai-je me plaindre quand mon Bien-Aimé est infiniment heureux pour l’éternité ? »

 

! * ! * !

 

A sa sœur,

Nazareth, 1er septembre

 

… Comme je suis content de savoir que tu es si près de l’église, du Saint-Sacrement ! Le Saint-Sacrement, la Messe, la Sainte Communion, quels bonheurs, quelles grâces… ! Être aux pieds de notre Sauveur, Le recevoir !… Comme nous sommes bienheureux !… Et puis, Dieu est en nous, au fond de notre âme…, toujours, toujours, toujours là, nous écoutant et nous demandant de causer un peu avec Lui… Habitue tes enfants à causer avec le Divin Hôte de leur âme… rappelle-leur souvent que, pour nous chrétiens, il n’y a pas de solitude : « la solitude a germé et a fleuré comme le lys » dit un psaume… C’est bien pour nous que c’est vrai : Dieu, le doux Jésus, est au-dedans de nous… Nous pouvons nous consoler en nous asseyant à Ses pieds et en le regardant comme Magdeleine à Béthanie…

 

Oh ! Non, elle n’était pas seule, à la Sainte Baume, Sainte Magdeleine, elle n’était pas plus seule qu’à Béthanie : au lieu d’avoir Dieu visible devant elle sous une forme mortelle, elle L’avait invisible au fond de son âme, mais Il n’était pas moins présent ; elle était assise à Ses pieds, ici comme là… C’est, autant que le peut ma faiblesse, ma misère, mon indignité, ma tiédeur, ma lâcheté, ma vie à moi aussi, ma chérie ; tâche que ce soit de plus en plus la tienne ; cela ne t’écartera pas, ne te détournera pas de tes autres occupations, cela ne te prendra pas une minute ; seulement, au lieu d’être seule, vous serez deux à remplir tes devoirs. De temps en temps, baisse tes yeux vers ta poitrine, recueille un quart de minutes et dis : « Vous êtes là, mon Dieu, je Vous aime. » Cela ne te prendra pas plus de temps que cela, et tout ce que tu feras sera bien mieux, ayant un aide et quel aide ! Petit à petit tu en prendras l’habitude, et tu finiras par sentir sans cesse en toi ce doux compagnon, ce Dieu de nos cœurs…

 

Alors, il n’y aura plus de solitude pour toi. Nous serons plus unis que jamais alors, car nous aurons identiquement la même vie…

 

Notre temps se passera de la même manière, avec le même très doux Compagnon… Prions l’un pour l’autre, afin que nous tenions bien tendrement compagnie à ce cher Hôte de nos âmes.

 

… Et que mon exemple te montre que nous ne pouvons jamais savoir si nous serons plus heureux dans un lieu ou dans un autre, dans un état ou dans un autre, pour une raison bien simple : c’est Dieu, Maître Tout-Puissant de nos âmes, qui nous donne la consolation et la joie, où, quand et comme Il le veut… En un instant, Il détruit les rêves de bonheur ; en un instant, Il « fait germer et fleurir comme un lys la solitude » et Il fait de « la nuit une illumination pleine de délices » comme dit aussi un psaume…

 

! * ! * !

 

A un trappiste,

 

Nazareth, 8 mars 1900

 

Qu’il fait bon vider sa mémoire de toutes les choses visibles, pour ne la remplir que de l’espérance des biens célestes !… Et dès ici-bas, que nous sommes heureux !… Sans doute, il y a des misères, nos péchés surtout, avec le long cortège de nos imperfections et de nos faiblesses, mais quand on pense que notre Bien-Aimé Jésus est toujours dans nos âmes ; quand on voit la Sainte Hostie, que dire, sinon que la nuit de cette vie a perdu ses ténèbres : « Vos illuminatio mea in deliciis meis » ? (Vous êtes ma lumière dans vos plaisirs)

 

Cette pauvre terre si noire se transforme en une illumination délicieuse sous les rayons de la divine Hostie « lumière du monde jusqu’à la consommation des siècles » … Non pour tous : beaucoup, hélas, restent dans l’ombre de la mort ; mais pour nous, privilégiés, pour nous favoris, pour nous « qui avons été choisis et n’avons pas choisi les premiers… » Ah, cher frère en Jésus, que nous sommes heureux !

 

… Parlez-moi de votre santé : je ne m’affligerai pas si elle est mauvaise : la vie ou la mort, la santé ou la maladie, c’est l’affaire du bon Dieu et non la nôtre : ce qu’Il nous donne en cela est toujours ce qui nous est bon. Il n’y a qu’à toujours, toujours s’en réjouir.

 

! * ! * !

 

Au R. P. Guérin

 

5 avril 1907

 

Comme le Bon Dieu est bon de soulager ainsi les âmes lorsqu’Il les voit près de ployer sous le faix ! Comme Il sait mêler notre vie de consolations et de douleurs ! Assez de douleurs pour être unis à Sa Croix, autant de douleurs que chacun en peut porter pour pouvoir le récompenser le plus tôt possible ; et assez de consolations pour rendre force aux âmes épuisées et leur permettre, – après un repos, – de porter de nouveau la croix.

 

Comme Il est tendre et doux, et comme Il arrange notre vie mieux que nous ne saurions le faire ! Comme nous sommes bas et grossiers, quelle pauvre poussière nous sommes ! Et comme Il cherche notre vrai bien et sait nous donner, à toute heure, l’aliment nécessaire ! Que nous sommes heureux d’être entre les mains d’un tel Pasteur !

 

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