Quelques méditations
sur l’Evangile
de Charles de Foucauld
« Le Père vous aime, car vous m’aimez et vous croyez que je suis sorti de Dieu. »
Jean, 16, 25
La vie de foi, la vie de l’âme qui aime Dieu, la vie de l’âme religieuse consiste à penser, à parler, agir, uniquement d’après les enseignements de la foi, d’après les paroles, les exemples de Jésus, uniquement par des motifs surnaturels de foi et de faire taire toutes les suggestions de la raison humaine, de l’expérience, si raisonnables qu’elles paraissent, dès qu’elles sont en désaccord non seulement avec les dogmes de foi catholique, mais encore avec tout ce que la foi nous demande de penser, dire et faire.
« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en Celui qu’Il a envoyé. »
Jean, 6, 22
L’œuvre de Dieu, c’est la foi ; la sainteté c’est la foi, la volonté de Dieu, la perfection, la gloire de Dieu, ce qui plaît à Dieu, de notre part, d’une manière parfaite, c’est la foi… La foi de l’âme et la foi dans les œuvres, l’une et l’autre réunies, composent la foi vraie, la foi vivante. Une fois sans œuvres ne serait pas la foi, ce serait une foi morte, ce serait une dérision de la foi.
« Pourquoi avez-vous peur ainsi, comment n’avez-vous pas de foi ? »
Marc, 5, 35
Croyons que Jésus peut tout et qu’Il nous accordera tout ce que nous Lui demandons avec foi. Il nous l’accordera parce qu’Il est infiniment bon et tout-puissant. Il nous l’accordera soit en nous donnant la chose demandée, soit en nous en donnant une meilleure. S’Il nous fait attendre, si nous recevons tard ou jamais, soyons sûrs que l’attente est ce qui nous est le meilleur, que recevoir tard ou jamais nous est meilleur que recevoir tout de suite…
« Je suis la porte. Qui entrera par moi sera sauvé. »
Jean, 10, 1
« Le juste vit de foi ». Ne nous contentons pas de lire les paroles de Notre Seigneur, de les méditer, de les approuver, de les admirer, de les prêcher. Appliquons-les, vivons-en, faisons-les passer dans notre vie : c’est là ce qui distingue une âme religieuse de l’âme mondaine : la première vit de foi, la deuxième vit des maximes du monde ; la première dirige sa vie sur le fondement des paroles de Jésus, la seconde la dirige vers le fondement des principes humains. « Vivons dans la foi », en laissant de côté la raison humaine, qui est « folie devant Dieu », et en réglant notre vie, d’après les paroles de la sagesse divine, qui est « folie devant les hommes ». « Entrons par Lui », en L’aimant et tout notre cœur … « Entrons par Lui », en L’imitant… « Entrons par Lui » en Lui obéissant… Les brebis sont attachées à leur pasteur, le regardant, le suivant, lui obéissant. A leur exemple suivons et aimons notre divin Pasteur, regardons-Le, par la contemplation ; suivons-Le par l’imitation, obéissons-Lui.
« Il enseignait les foules de la barque. »
Marc, 5, 35
Toutes ses paroles, toutes ses actions nous crient d’espérer … En effet, toutes ses paroles sont dites, toutes ses actions sont faites en vue de notre bien, même celles où Il peut sembler parler pour son Père, Jésus nous donne l’exemple : Il nous donne sciemment et volontairement et ainsi ses paroles et ses actions même qui s’adressent directement à son Père, et sont l’épanchement intime mais visible du Christ vers Dieu, sont comme tous les actes de Jésus, d’abord pour la gloire de son Père, ensuite pour le bien des hommes. Tout ce qui dit, fait Jésus, tout ce que rapportent de Lui les Evangiles a donc sa source d’abord dans l’amour de Dieu, puis dans l’amour des hommes en vue de Dieu…
La vue de cet amour de Jésus pour nous est une source perpétuelle d’espérance, tout ce qui vient de son cœur, nous crie d’espérer. Ainsi il n’y a pas à chercher dans les Evangiles quels sont les passages où Dieu nous enseigne l’Espérance : tous les versets dictés pour l’amour de nous par l’Esprit-Saint, toutes les paroles dites devant nous pour être, par conséquent, entendues de nous par Jésus, tous les actes, faits devant nous par Jésus, sont autant de bienfaits de Dieu pour les hommes, nous montrent son amour pour nous, son cœur et par conséquent nous crient d’espérer en Lui.
« Le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui périssait. »
Matthieu, 18, 2
Espérons ! Nous sommes bien de ceux que Jésus est venu pour sauver car nous périssons… car sans Lui nous périssons sans cesse…
Espérons ! Car quels que soient nos fautes, Jésus veut nous sauver. Plus nous sommes pécheurs, plus nous sommes près de la mort, plus nous sommes dans un état désespéré pour le corps et pour l’âme, plus pour ainsi dire Jésus veut nous sauver, car Il est venu sauver ce qui va périr…
Ne nous décourageons jamais, espérons toujours ! Nous sommes au bord de l’abîme, nous allons périr, nous méritons de périr, nous devons justement périr après nos ingratitudes multiples, nous périssons : c’est précisément nous que Jésus vient sauver. Il vient sauver ceux qui périssent. Bon à l’infini et puissant à l’infini, jusqu’à la dernière minute tant qu’il y a un souffle de vie, tout espère en Lu !