LUI et moi
Mois de mars 1940
844. [I,287] — 1er mars. —
« Est-ce que tu n’as jamais la pensée que telle ou telle grâce te fut accordée à cause d’une prière qui a été dite pour toi ?
« à cause de telle ou telle bénédiction d’un prêtre ?
« à cause des mérites de la vie de tes parents ?
« à cause de la Miséricorde divine ?
« ou de la bonté de Ma Mère ?
« Que rien ne te fasse croire que la cause est toi
« ou tes vertus… »
845. [VII,262] — 2 mars 1940. Notre-Dame. —
« Chaque matin, dans le secret, unis-toi à Ma Prière
du désert de la Quarantaine. Ensuite, commence ta vie publique du jour, parmi les hommes. »
846. [VII,263] — 3 mars. —
« Quand tu avais reçu moins de grâces, tu pouvais faire ceci ou cela.
Maintenant, tu es établie en Moi. En Moi, est ta demeure. On ne quitte pas sa demeure sans nécessité. »
847. [VII,264] — 5 mars, 5 h. 30. Chemin de Croix. —
« La goutte d’eau, c’est toi dans Mon calice.
Unis-toi en toutes, et n’importe laquelle de tes actions, à Ma Croix, sur Mon Épaule meurtrie. »
Treizième station.
« Vois : Ma Mère avait bien peu de temps pour M’ensevelir. Cependant, avec quelle perfection Elle a fermé chaque plaie… avec quel amour !… »
848. [I,288 et VII,264] — 5 mars. Après la communion. —
« Quand tu vois que ta volonté va surgir par ton mouvement propre,
« alors, mets ta main dans la Mienne,
« regarde-Moi,
« afin que ta volonté soit modifiée par Moi
« pour Mon service. »
Le soir.
« Appelle-Moi ton Frère. Et quand tu auras épuisé les douceurs de ce nom, appelle-Moi ton Ami.
« Et quand tu en auras épuisé le charme, appelle-Moi ton Époux. Et ainsi variera ton amour, sans jamais changer. »
849. [VII,265] — 6 mars. —
« Tu sais, une maison vide, combien c’est froid et douloureux ? Tu sais, une autre remplie de jeunesse, de vie et de joie ?… Voilà la différence de l’âme où Je ne puis être, puisqu’elle M’a chassé en péchant, et de l’âme où Je demeure.
« Dis-toi souvent : « je suis habitée », et aime ton Hôte, où que tu Le portes.
« Dis-Lui tout ce que ton amour t’inspire, simplement, simplement… »
850. [VII,266] — 7 mars. —
« Peut-être, Je ne t’ai pas créée pour autre chose que pour Me consoler ? Me donner asile dans ton coeur où tu Me chantes le cantique d’amour ?
« Pourquoi η’aurai-Je pas une demeure à Moi sur cette terre? Dois-Je encore n’y avoir pas une pierre pour reposer Ma tête ?·Ouvre-Moi. Ouvre-toi toute grande, petite âme aimée. »
851. [VII,267] — 9 mars. — Tandis que je cirais les parquets. —
« Est-ce que Je suis un méchant Maître ?… Est-il doux, Mon joug ?
« Est-ce que Je vaux la peine qu’on s’abandonne à Moi, corps et biens?… Qui dis-tu que Je suis ?»
« Seigneur, Tu es le Suave, l’inexprimablement Bon. »
852. [VII,268] — 10 mars. — Passion. Chemin de Croix. —
« Tu Me demandes la paix pour la France.
Il y a une chose plus grave que la guerre : c’est le pécheur, celui qui ne veut pas faire ses Pâques.
« Demande-Moi des pécheurs pacifiés. »
853. [I,289 et VII,269 ] — 11 mars. Après la communion. —
« A ceci, Je verrai que tu M’es fidèle : aux heures de travail, occupe-toi bien de ton travail.
« Aux heures des affaires, occupe-toi bien de tes affaires.
« Mais aux heures de prières,
« aux heures d’amour,
« que rien ne vienne te distraire de Moi et de Mes intérêts.
« Sois ainsi — dès maintenant — Ma Fidèle. »
(Consolant 🙂
« Tu as vu à travers Mes horribles souffrances ce qui était la punition du péché. Mais tu n’as jamais été témoin de la gloire d’un seul acte de vertu, d’un seul trait d’amour. »
Devant les arbres de l’avenue.
« Que ton coeur se gonfle d’amour comme ces bourgeons se gonflent de vie!
« Que toutes tes oeuvres, tes intentions d’amour, tes désirs de servir soient renouvelés, comme la nature qui se prépare aux fleurs et aux fruits nouveaux. »
854. [I,290 et II,153] — Après une moquerie. —
« Ma petite enfant, craignons d’être moins saint que celui que nous dénigrons. »
855. [I,291] — Dans l’avenue. —
« Ne dis pas tes prières comme une corvée obligatoire
« mais comme une histoire charmante et nouvelle,
« à l’oreille de ton bien-aimé.
« Et comme tu la diras mieux encore avec un sourire intérieur.
« Et comme elle sera bien écoutée !.,. »
856. [VII,270] — 12 mars. —
« Quelquefois vous dites : « Ah ! si Ton pouvait avoir plusieurs vies!» Pense, chaque matin, qu’une nouvelle vie t’est donnée, et agis mieux qu’hier.
« Vois-tu quels progrès rapides dans la perfection ?
« Tu ne les verrais peut-être pas. Mais Moi, Je sais. »
Rameaux. Cathédrale Nantes. —
« Comprends-tu bien que Je t’ai achetée ? Douloureusement achetée ?…
« Alors, tu es à Moi, beaucoup plus que tu ne le crois. »
857. [II,154] — Vendredi saint, agenouillée derrière M. le Curé au reposoir.
« Toute grâce t’est parvenue par des Prêtres,
« au nom des Prêtres,
« au nom du Prêtre, le Christ.
« Remercie-Moi.
« Prie pour les Prêtres.
« Aide-les.
« Tu as vu des édifices qu’on soutient par des piliers ou supports de fortune ?
« Quelquefois, il en faut beaucoup.
« Sois du nombre de Mes auxiliaires.
« Par la prière, que ne fait-on pas ?
« Si vous Me le demandez, J’illuminerai le Prêtre. »
858. [VII,271] — Vendredi saint, devant le reposoir. —
« Il n’appartient pas à Satan de faire connaître la Miséricorde.
« Au moins, toi, sois heureuse aujourd’hui… J’ai tant souffert pour que tu le sois…
« J’ai porté toutes vos croix. J’ai tout subi.
« Toi, au moins, donne-Moi la joie de la tienne…
« Je t’ai remplacée dans l’amour.
« Je t’ai remplacée dans l’expiation.
« Paie-Moi en sentiments de paix heureuse, pleine de gratitude. »
859. [I,292] — Pâques. — A la cathédrale. —
« De même que Je suis entré solennellement aux limbes
« après Mes dernières souffrances
« (et rappelle-toi ceci : on arrive toujours, sur la terre, à une souffrance qui sera la dernière. Je te dis cela pour t’encourager),
« de même que J’ai réjoui et délivré ces âmes,
« de même, solennellement, Je viendrai vous délivrer de la terre
« et vous réjouir, Mes âmes si chères ! Que cette pensée vous donne confiance joyeuse.
« C’est court, la terre… « et alors, tu verras Mon visage. »
860. [I,293] — « Seigneur, je voudrais causer avec Toi avec autant de grâce que la première femme quand Tu venais visiter Adam et Eve au Paradis terrestre. »
« Mais tu as beaucoup plus de motifs d’amour que tes premiers parents !
« Je n’étais que le Créateur, que le Bienfaiteur,
« que l’illuminateur,
« tandis que Je suis ton Sauveur,
« ton Réparateur,
« ta douce Victime,
« l’Amour révélé.
« Je te donne plus que des visites,
« Je t’habite,
« tu Me manges.
« Jamais Je ne te quitte
« à moins que tu ne Me chasses…
« Trouve donc en toi des mots qui te fassent fondre d’amour. »
861. [VII,272] — 25 mars. — Train Nantes-Fresne. —
« Et maintenant que tu termines ta vie, chante-
Moi, chaque jour, ton cantique de reconnaissance.
« Parce que Je te l’ai donnée, ta vie, gratuitement, tu comprends? voyant d’avance tes
ingratitudes…
« Je te l’ai donnée, en vue du Bonheur que Je vous prépare. Oh ! Mes créatures, vous êtes Mes excès d’amour !… »
862. [II,155] — 29 mars. — A la campagne. Dans la grande salle :
« Peut-être que je Te parle trop familièrement ?
« Mais, puisque nous sommes en famille,
« rien ne peut Me faire plus de plaisir.
« Celui qui a compris Mon désir M’ouvre son coeur en tout temps.
« J’ai tant d’amour pour l’âme que son plus petit appel trouve un écho en Moi.
« Ah ! ne craignez pas de vous dire :
« Mettez votre bouche à Mon oreille.
« J’écoute. »
863. [II,156] — Tandis que je bêchais des hortensias.
« Unis-toi à Mon labeur d’ouvrier.
« Ce n’est pas ce que tu fais qui importe :
« C’est la manière d’amour dont tu le fais.
« Or, l’amour, c’est l’union.
« Donne-Moi le spectacle d’une âme toute perdue en son Sauveur,
« et J’y prendrai Ma Joie. »
864. [II,157] — A l’église de la campagne. — Je Lui disais, voyant que je ne faisais aucun progrès :
« Seigneur, j’ai fini de m’occuper de moi, je me remets entière, entre vos mains. »
« Si tu savais combien J’aime enfin être compté pour quelque chose dans votre vie ! « Je puis faire de toi une femme nouvelle. »
« Quand tu étais petite, tu voulais donner la main pour descendre des trottoirs.
« Demande-Moi souvent la main, « car tu es toujours petite.
« Ne pense pas faire sans Moi quelque chose de bien. »
865. [VII,273] — 30 mars. —
« Tu aimes notre solitude ? Mais sache que, si tu Me quittes pour un devoir social, tu Me plais autant.
« Si tu Me quittes par charité, tu Me retrouves. Un jour viendra où l’âme ne quittera jamais son Sauveur et son Dieu. »
866. [VII,274] — 1er avril 1940. Le Fresne. — Dans le jardin, assise sur la margelle du puits, je priais pour le retour d’un pécheur : « Seigneur, souvenez-Vous que Vous reposant près d’un puits Vous avez converti la Samaritaine. »
« Oui, mais Je l’ai attendue » (me faisant comprendre qu’il faut parfois prier longtemps).