S’entretenir avec Dieu P4 – St Alphonse de Liguori

Saint Alphonse de Liguori

Manière d’Entretenir avec Dieu
une Conversation continuelle et familière.

(Suite)

TABLE DES MATIÈRES

1)      Il faut parler à Dieu avec confiance et familiarité.

2)      L’entretien avec Dieu est agréable et facile.

3)      De quoi faut-il parler à Dieu ?

4) Pratique détaillée de la conversation avec Dieu 

 

4 – Pratique détaillée de la conversation avec Dieu.

 

Avant de terminer, je crois bon, tout en résumant les conseils épars ci-dessus, de vous tracer une méthode pratique pour utiliser, en vue de plaire à Dieu, les détails de chacune de vos journées.

 

Le matin, dès votre réveil, que votre première pensée soit d’élever votre cœur vers Dieu, de lui offrir et consacrer toutes les actions et souffrances de ce jour, en lui demandant l’aide de sa grâce. Faites ensuite les actes du chrétien pour le matin : actes de remerciement, d’amour, de demande, accompagnés du bon propos de passer ce jour comme si c’était le dernier de votre vie.

 

Le Père Saint-Jure vous suggère de convenir avec Dieu d’un signe par lequel, chaque fois que vous le feriez, vous entendriez exprimer un sentiment de votre âme. Le signe serait de porter la main à votre cœur, de lever les yeux au ciel, de regarder le crucifix, ou autre chose semblable ; l’acte renouvelé par-là, celui d’amour de Dieu, ou de désir de voir Dieu aimé par tous, ou d’offrande de vous-même, ou tel autre acte à votre choix. Vous pouvez renouveler cette convention chaque matin.

 

Placez votre âme dans le côté sacré de Jésus et sous le manteau de Marie. Priez le Père Éternel, pour l’amour de Jésus et de Marie, de vous garder durant ce jour.

Après quoi — et, autant que possible avant toute autre action et pendant une demi-heure au moins — faites votre oraison ou méditation.

 

Que le sujet préféré et habituel de vos méditations soit la Passion de Jésus-Christ, les souffrances et les mépris qu’il a endurés. C’est là le sujet d’oraison le plus cher aux âmes aimantes, et le plus propre à les enflammer d’amour divin. Il y a trois dévotions que, par-dessus toutes les autres, vous aurez particulièrement à cœur, si vous voulez avancer dans la vie spirituelle : la dévotion à la Passion, la dévotion au Saint-Sacrement, et la dévotion à la Sainte Vierge.

 

Dans l’oraison même, multipliez les actes de contrition, d’amour de Dieu et d’offrande de vous-même. Au dire du vénérable Père Charles Carafa, Fondateur des Pieux-Ouvriers, un bon acte d’amour de Dieu, le matin dans l’oraison, c’en est assez pour maintenir l’âme dans la ferveur toute la journée.

 

Je n’entre pas ici dans le détail de vos différents exercices de piété : confession, communion, grand ou petit office, etc…

 

Dans votre activité extérieure : étude, travail manuel, occupations variées de votre état, ne manquez pas, au commencement de chaque action de l’offrir à Dieu, en lui demandant son assistance pour vous en acquitter parfaitement. A l’exemple de sainte Catherine de Sienne, regardez votre cœur comme un oratoire secret, où vous vous retirez souvent pour vous y unir à Dieu. En un mot quoi que vous fassiez, faites-le avec Dieu et pour Dieu.

 

En sortant de votre chambre ou de votre maison, et aussi en y rentrant, recommandez-vous à la divine Mère par la récitation d’un Ave Maria.

 

En allant à table, offrez à Dieu tout ce que vous éprouverez de désagréable ou d’agréable dans le boire et le manger. Après le repas, rendez grâces en disant : « Seigneur, que de bien vous faites à qui vous a tant offensé ! »

 

Dans la journée, n’omettez point votre lecture spirituelle, la visite au Saint-Sacrement et à la Sainte Vierge, ni le chapelet.

 

Le soir, après l’examen de conscience et les actes du chrétien : foi, espérance, charité, contrition et bon propos, renouvelez l’intention de recevoir les sacrements pendant la vie et à la mort et de gagner les indulgences attachées à cette réception.

 

En vous mettant au lit, pensez que vous devriez être dans le feu de l’enfer. Endormez-vous en tenant embrassé le crucifix, et dites : « Sous votre protection, ô mon Sauveur, je dormirai et je reposerai en paix. » (Ps. 4, 9).

 

Je veux ici, en passant et brièvement, vous rappeler les indulgences attachées à la récitation de certaines prières et à certains actes de dévotion.

 

Notez qu’il est bon de former, dès le matin, l’intention de gagner ce jour-là toutes les indulgences que l’on pourra.

 

Pour les actes des vertus théologales, trois ans pour chacun d’eux ; pour la récitation quotidienne durant un mois, indulgence plénière, applicable aux âmes du purgatoire ; indulgence plénière pour soi-même à l’article de la mort, si l’on a récité ces actes fréquemment durant sa vie.

 

Ayez l’intention de gagner les indulgences attachées à l’usage d’un chapelet bénit, à la récitation du rosaire ou d’une partie du rosaire, à l’Angelus, trois fois le jour, aux litanies de la Sainte Vierge, au Salve Regina, à l’Ave Maria et au Gloria Patri. — Indulgences à qui récite cette invocation : Bénie soit la Sainte et Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu ; ou celle-ci Loué et adoré soit toujours le Très Saint Sacrement ; ou la prière Anima Christi; ou le Gloria Patri ainsi que les saints noms de Jésus et de Marie ; à qui entend la messe; à qui fait oraison mentale : et si l’on s’en acquitte tous les jours une demi-heure, ou au moins un quart d’heure, indulgence plénière une fois le mois, moyennant confession et communion : à qui fait la génuflexion devant le Saint-Sacrement ; à qui baise la croix. Ayez l’intention de gagner les indulgences attachées à vos pratiques de dévotion.

 

Pour vous maintenir, autant qu’il est possible, dans un perpétuel recueillement et dans l’union à Dieu, appliquez-vous à profiter de tout ce que vous voyez ou entendez pour élever votre esprit vers Dieu ou donner une pensée à 1’éternité. Voici quelques exemples.

 

  • Quand vous voyez une eau qui s’écoule, songez qu’ainsi s’écoulent vos jours et que vous courez vers la mort.
  • Quand vous voyez une flamme qui s’éteint faute d’aliment, dites-vous qu’ainsi, un jour, s’éteindra votre vie.

 

A la rencontre d’un convoi funèbre ou à la vue d’une personne morte, considérez que c’est là le sort qui vous attend, vous aussi.

 

 

Quand vous voyez les heureux de la terre se réjouir de leurs grandeurs ou de leurs richesses, compatissez à leur folie, et dites : « A moi, Dieu suffit. Les uns ont leurs chars ; les autres, leurs chevaux : nous, nous avons le nom du Seigneur. » (Ps.D, 8). Que les insensés se glorifient de ce qui n’est que vanité : pour moi, il n’est d’autre gloire que d’être aimé de Dieu et de l’aimer ! »

 

Au spectacle des funérailles pompeuses ou devant les mausolées magnifiques de défunts illustres, dites-vous : « S’ils sont damnés, de quoi leur servent ces splendeurs ? »

 

Une mer tranquille ou soulevée par la tempête vous rappellera quelle différence il y a entre une âme dans la grâce de Dieu et une âme dans sa disgrâce.

 

Un arbre desséché vous sera l’image d’une âme privée de la vie divine et qui n’est bonne qu’à être jetée au feu.

 

S’il vous arrivait de voir un coupable trembler de honte ou d’épouvante devant son juge, ou son père, ou son supérieur, songez à l’effroi du pécheur au tribunal de Jésus-Christ.

 

 

Quand le tonnerre gronde et vous impressionne, pensez à la terreur des malheureux damnés sur qui tombent sans cesse les foudres de la colère divine.

Si on vous parle du désespoir d’un condamné à mort devant son irrémédiable malheur, faites-vous une idée de l’accablement d’une âme condamnée à l’enfer, et qui doit se dire : « Il n’y a plus de remède à ma ruine éternelle ! »

 

Lorsque vous contemplez de riches campagnes, d’agréables rivages, des fleurs et des fruits qui vous charment par leur beauté ou leur parfum, dites : « Que de belles choses Dieu a faites pour moi, dès ici-bas ! Ne faut-il pas que je l’aime ? Et quels autres délices il me réserve en paradis ! »

 

A la vue de riantes collines ou de quelque beau paysage, Sainte Thérèse se reprochait son ingratitude envers Dieu.

 

L’Abbé de Rancé, fondateur de la Trappe, trouvait dans les beautés de la nature un rappel à l’obligation d’aimer Dieu.

 

Pénétré de la même pensée, Saint Augustin s’écriait : « Le ciel, la terre, toutes les créatures, me prêchent, Seigneur, votre amour. »

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