La dame d’Avila – Sainte Thérèse, docteur de l’Eglise

Quand le Christ se manifeste

Un ouvrage de Jean-Marie Mathiot

 

La dame d’Avila

(Sainte Thérèse, † à 67 ans)

 

Thérèse avait vingt ans quand elle quitta la maison paternelle pour entre au couvent des carmélites de l’Incarnation.

 

Sa conversion profonde se fit en plusieurs étapes, à des dates que Thérèse ne précise pas. « Un jour, écrit-elle, j’étais avec une personne dont je venais de faire la connaissance. Le Seigneur voulut me donner à entendre que ces amitiés ne me convenaient point, m’avertir et éclairer mon grand aveuglement. Le Christ se montra à moi, et sa sévérité me fit entendre combien il le déplorait. Je le vis avec les yeux de l’âme plus clairement que je n’aurais pu le voir avec ceux du corps, et l’impression que j’en gardais fut si forte que, plus de vingt-six ans après, je crois encore le voir devant moi. Je fus très effrayée, très troublée, et je ne voulus plus voir la personne avec qui j’étais. »

 

Au début de 1555, un autre évènement achèvera sa conversion. « Il arriva qu’un jour, écrit-elle, en entrant dans l’oratoire, je vis une statue rangée là… Elle représentait le Christ tout couvert de plaies, et il inspirait tant de dévotion que sa vue me troubla toute, elle représentait bien ce qu’il a souffert pour nous. J’éprouvai un tel regret d’avoir montré si peu de reconnaissance pour ses plaies que je crus que mon cœur se brisait et je me jetai devant lui en versant des torrents de larmes, le suppliant de me fortifier une fois pour toutes afin de ne plus l’offenser. »

 

Les grâces mystiques se multiplièrent et s’intensifièrent à mesure qu’elle persévérait dans sa résolution de prière et de solitude : « Il m’arrivait d’avoir soudain le sentiment de la présence de Dieu de telle façon qu’il m’était impossible de douter qu’il fut en moi et que je fusse toute abîmée en lui. »

 

Par la suite, Thérèse eut des visions. Le Christ lui montra ses mains « si admirablement belles que je ne saurais les décrire … ». Quelques jours plus tard, je vis aussi ce divin visage qui m’absorba toute entière.

 

Un peu plus tard, le 25 janvier 1560, elle le vit tout entier. « Le jour de la fête de saint Paul, pendant la messe, Jésus-Christ daigna m’apparaître dans toute sa très sainte humanité, tel qu’on le peint ressuscité, avec une beauté et majesté ineffables… Notre Seigneur, redoublant de bonté, daigna si souvent m’apparaître dans cet état de gloire, et me fit si bien voir la vérité d’une telle faveur, qu’en très peu de temps, je me vis affranchie de toute crainte d’illusions…

 

C’était Jésus-Christ même, vivant, qui se faisait voir à moi, Dieu et homme tout ensemble, non comme il était dans le sépulcre, mais tel qu’il était après sa résurrection… Cette majesté et cette beauté de notre Seigneur demeure tellement empreinte dans l’âme, qu’elle ne peut en perdre le souvenir. L’âme, après cette vision, se voit toute changée. Elle est toujours dans une douce ivresse. Elle ressent un nouvel amour de Dieu, qui l’embrase à un très haut degré. »

 

« Ce divin maître a daigné, l’espace de deux ans et demi, me favoriser presque continuellement de cette vision… Assez souvent, je m’aperçois qu’il me regarde avec tendresse, mais ce regard a tant de force, que mon âme ne peut le soutenir ; elle entre dans un ravissement sublime. »

 

« Cet adorable Sauveur se présentait presque toujours à moi tel qu’il était après sa résurrection. Quand il m’apparaissait dans la sainte hostie, c’était dans cet état de gloire. Quelques fois, pour m’encourager quand j’étais dans la tribulation, il me montrait ses plaies. Il m’est aussi apparu en Croix. Je l’ai vu au jardin, rarement couronné d’épines. Enfin je l’ai vu portant sa Croix. S’il apparaissait ainsi, c’était à cause des besoins de mon âme, pour la consolation de quelques autres personnes, mais toujours son corps était glorifié. »

 

« Un jour que je tenais à la main la Croix de mon rosaire, notre Seigneur me la prit. Lorsqu’il me la rendit, elle était formée de quatre rangs de pierres incomparablement plus précieuses que des diamants. Les magnifiques pierres de cette Croix brillaient d’un éclat surnaturel. Les cinq plaies de notre Seigneur s’y trouvaient admirablement gravées. Ce divin maître me dit que la verrais ainsi désormais. Sa promesse s’est fidèlement accomplie. Je n’ai plus discerné dans cette Croix le bois dont elle était faite, mais les resplendissantes pierres, qui la composent, frappent elles seules ma vue, mais nul autre que moi ne jouit de cette faveur. »

 

« Voici une vision dont le Seigneur daigna me favoriser (en 1159, elle a 44 ans) et à diverses reprises. J’apercevais près de moi, du côté gauche, un ange sous une forme corporelle. Il est extrêmement rare que je les voie ainsi, quoi que j’aie très souvent le bonheur de jouir de la présence des anges. Il n’était point grand, mais petit et très beau. A son visage enflammé, on reconnaissait un de ces esprits d’une très haute hiérarchie, qui ne sont, ce semble, que flamme d’amour. Je voyais dans les mains de cet ange un long dard qui était d’or, et dont la pointe en fer avait à l’extrémité un peu de feu. De temps en temps il plongeait au travers de mon cœur et l’enfonçait jusqu’aux entrailles, et me laissait tout embrasée d’amour de Dieu. Cet indicible martyr me faisait goûter en même temps les plus suaves délices. Aussi, je ne pouvais ni en désirer la fin, ni trouver de bonheur hors de Dieu. Il existe alors entre l’âme et Dieu un commerce d’amour si suave, qu’il m’est impossible de l’exprimer. Telle était la faveur que le divin maître m’accordait de temps en temps, lorsqu’il lui plut de m’envoyer ces grands ravissements. »

 

Elle fit quinze fondations de couvents. Elle fut une grande réformatrice du carmel. On trouva dans son bréviaire un signet qui dit bien sa spiritualité :

 

 

    

Que rien ne te trouble

Que rien ne t’effraie

Tout passe,

Dieu ne change pas,

La patience obtient tout ;

Celui qui a Dieu ne manque de rien.

Dieu seul suffit.

 

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