S’entretenir avec Dieu P5 – St Alphonse de Liguori (ASDE 11)

Saint Alphonse de Liguori

Manière d’Entretenir avec Dieu
une Conversation continuelle et familière.

(Suite et fin)

 

 

4 – Pratique détaillée de la conversation avec Dieu (2ème partie).

 

Quand le tonnerre gronde et vous impressionne, pensez à la terreur des malheureux damnés sur qui tombent sans cesse les foudres de la colère divine.

 

Si on vous parle du désespoir d’un condamné à mort devant son irrémédiable malheur, faites-vous une idée de l’accablement d’une âme condamnée à l’enfer, et qui doit se dire : « Il n’y a plus de remède à ma ruine éternelle ! »

 

Lorsque vous contemplez de riches campagnes, d’agréables rivages, des fleurs et des fruits qui vous charment par leur beauté ou leur parfum, dites : « Que de belles choses Dieu a faites pour moi, dès ici-bas ! Ne faut-il pas que je l’aime ? Et quels autres délices il me réserve en paradis ! »

 

A la vue de riantes collines ou de quelque beau paysage, Sainte Thérèse se reprochait son ingratitude envers Dieu.

 

L’Abbé de Rancé, fondateur de la Trappe, trouvait dans les beautés de la nature un rappel à l’obligation d’aimer Dieu.

 

Pénétré de la même pensée, Saint Augustin s’écriait : « Le ciel, la terre, toutes les créatures, me prêchent, Seigneur, votre amour. »

 

On raconte d’un pieux serviteur de Dieu que, rencontrant par les champs, fleurs et herbettes, il les frappait doucement avec une baguette, en leur disant : « Silence ! Ne me reprochez plus mon ingratitude envers Dieu. J’ai compris, c’est assez, taisez-vous ! »

 

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi, lorsqu’elle avait en main un beau fruit, une jolie fleur, en recevait une blessure de divin amour, et elle se disait : « Mon Dieu à donc pensé, dès l’éternité, à créer ce fruit, cette fleur, pour me donner une marque de son amour ! »

 

Une rivière, un simple ruisseau, dont les eaux courent vers la mer sans que rien ne les arrête, vous rappelleront que votre âme doit toujours tendre vers Dieu, votre unique bien.

 

Quand, dans vos voyages, vous utilisez des animaux de selle ou de trait, dites-vous : « Quelle peine ne se donnent pas ces innocentes créatures pour me servir ! Et moi, qu’est-ce que je fais pour le service et le plaisir de mon Dieu ? »

 

En voyant un petit chien qui, pour un misérable morceau de pain, est si fidèle à son maître, demandez-vous combien plus vous devriez être fidèle à ce Dieu qui vous a créé, vous conserve la vie, étend sur vous sa providence et vous comble de tant de bienfaits !

 

Entendez-vous des oiseaux chanter ? « Mon âme, direz-vous, écoute comment ces petites créatures louent leur Créateur : et toi ? » Mettez-vous alors à le louer par des actes d’amour. Mais si c’est le chant du coq qui retentit, rappelez-vous que vous avez autrefois, comme Saint Pierre, renié votre Dieu, et renouvelez alors vos regrets et vos larmes. Pareillement, lorsque vous passez là où vous avez commis quelque faute, tournez-vous vers Dieu pour lui dire : « Seigneur, des fautes de ma jeunesse et de mes égarements, ne vous souvenez plus. » (Ps. 24, 7).

 

A l’aspect des vallées, considérez qu’elles sont fertilisées par les eaux qui descendent des montagnes : ainsi les grâces du ciel descendent sur les humbles et délaissent les orgueilleux.

 

Quand vous admirez une église, belle et ornée, songez à la beauté d’une âme en état de grâce, vrai temple de Dieu.

 

Quand votre regard s’arrête sur la mer, réfléchissez à la grandeur et à l’immensité de Dieu.

 

A la vue d’un feu, de cierges allumés sur l’autel, dites : « Depuis combien d’années je devrais brûler en enfer ! Mais puisque vous m’avez épargné ce malheur, faites, ô mon Dieu, que mon cœur se consume maintenant d’amour pour vous, comme se consument ce brasier ou ces flambeaux. »

 

Quand vous contemplez le ciel étoilé, écriez-vous avec Saint André d’Avellin : « O mes pieds, un jour vous foulerez ces étoiles ! »

 

Il vous faut aussi rappeler souvent les mystères d’amour de notre bon Sauveur.

 

Voyez-vous de la paille, une crèche, une grotte ? Pensez à Jésus Enfant dans l’étable de Bethléem. Quand vous apercevez des scies, des marteaux, des planches, des haches, rappelez-vous Jésus travaillant comme simple apprenti dans l’atelier de Nazareth.

 

Si votre regard s’arrête sur des cordes, des épines, des clous, des poutres, songez aux douleurs et à la mort de votre Rédempteur. Saint François d’Assise, à la vue d’un agneau se mettait à pleurer : « Mon doux Seigneur, disait-il. a été pour moi conduit à la mort comme un agneau. »

 

Enfin, autels, calices, ornements sacerdotaux, vous feront souvenir de l’immense amour qui débordait du Cœur de Jésus, alors qu’il nous donnait la Sainte Eucharistie.

 

Au cours de la journée, renouvelez fréquemment, à l’exemple de sainte Thérèse, l’offrande de vous-même à Dieu. « Seigneur, direz-vous, me voici : faites de moi ce que bon vous semble; donnez-moi de connaître votre volonté, car je veux l’accomplir tout entière. »

 

Multipliez aussi, le plus possible, les actes d’amour envers Dieu. C’est là, disait encore Sainte Thérèse, « le bois qui alimente dans le cœur le brasier du saint amour. » La vénérable sœur Séraphine de Capri fut prise un jour, devant la mule du monastère, d’un sentiment de compassion ; elle s’écria : « Pauvre bête ! Tu ne sais pas, tu ne peux pas aimer le bon Dieu ! » La mule se mit à pleurer : de ses yeux coulaient de grosses larmes en abondance. Tirez de là une leçon : que la vue des êtres privés de raison, incapables de connaître et d’aimer Dieu, vous peine, et unissez votre volonté à la sainte porte, vous qui le pouvez, à produire de nombreux actes d’amour.

 

Après une faute, humiliez-vous aussitôt, et, par un fervent acte d’amour, relevez-vous résolument.

 

Vous survient-il quelque chose de fâcheux ? Offrez tout de suite à Dieu votre volonté de Dieu. Prenez l’habitude de redire dans chaque contrariété : « Dieu le veut ainsi, je le veux aussi. » Il n’est point d’actes d’amour aussi chers et aussi agréables au Cœur de Dieu que les actes de résignation.

 

Si vous avez à prendre une décision ou à donner un conseil, commencez par vous recommander à Dieu, puis agissez ou répondez.

 

A l’exemple de sainte Rose de Lima, répétez fréquemment, très fréquemment, cette prière: « Deus, in adjutorium meum intende : Seigneur, venez à mon aide; ne m’abandonnez pas à moi-même. »

 

Dans le même but, jetez souvent les yeux sur le crucifix ou sur l’image de la Sainte Vierge, que vous devez avoir dans votre chambre. Invoquez assidûment les noms de Jésus et de Marie, surtout aux heures de la tentation.

 

Dieu, étant la bonté infinie, ne désire que nous communiquer ses dons. Un jour, le vénérable Père Balthasar Alvarez vit notre Sauveur les mains remplies de grâces et cherchant sur qui les répandre. Encore veut-il que nous les lui demandions : Demandez et vous recevrez (Jean 16, 24) ; sinon, il retire sa main. Mais, par contre, il l’ouvre volontiers à l’âme qui le prie. « Qui donc, s’écrie l’Ecclésiastique, a invoqué le Seigneur et a été méprisé de lui ? » (Eccli. 2, 12). Qui a eu recours à lui, et a vu sa supplication repoussée ? » Et David nous en assure, ce n’est pas seulement de miséricorde que Dieu use envers ceux qui le prient, mais de grande miséricorde : « car, Seigneur, vous êtes suave et doux, et votre miséricorde est abondante pour chacun de ceux qui vous invoquent. » (Ps. 85, 5).

 

Oh ! Que « le Seigneur est bon » et libéral, « pour l’âme qui le cherche » Thrèn. 3, 25) avec amour ! Il va jusqu’à « se laisser trouver par qui ne le cherche point. » Combien plus volontiers se fera-t-il trouver par qui le cherche, et le cherche pour le servir et l’aimer ?

 

Terminons par cette pensée de sainte Thérèse (d’Avila) : « Les âmes justes sur la terre doivent être une même chose en amour avec les bienheureux du ciel. » Là-haut, les saints n’ont de commerce qu’avec Dieu, ils ne connaissent ni pensées, ni plaisirs qui soient étrangers à sa gloire et à son amour; commencez, dès ici-bas, cette vie céleste. Que Dieu seul soit votre félicité ; Dieu seul, l’objet de vos affections ; Dieu seul, la fin de vos actions et le terme de vos désirs. Vous atteindrez ainsi le royaume éternel, où votre amour sera, de tout point parfait et consommé, et votre cœur pleinement assouvi et rassasié…

 

Vivent Jésus notre amour, et Marie notre espérance !

 

 

Il faut se persuader que tout notre bien dépend de la prière : de la prière dépend la victoire sur les tentations, le changement de vie, la grâce de l’amour divin, de la perfection, de la persévérance et du Salut éternel.

 

Je sais que nous avons tous à combattre, nuit et jour, contre les tentations de l’enfer ; le démon ne laisse passer aucune occasion de nous faire tomber. Je sais que, sans le secours du Ciel, nous ne sommes pas capables de résister aux efforts de nos ennemis.

 

Priez, priez et ne vous lassez jamais de prier, car, si vous priez votre salut est assuré ; mais, si vous cessez de prier, votre perte est certaine.

 

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