Le sacrement de l’amour du Seigneur 2 – Marie Lataste (ASDE 21)

6ème partie

Par Sœur Marie Lataste, mystique catholique

LIVRE 2

Le Verbe de Dieu fait homme

 

Chap. 14, Le sacrement de l’amour du Seigneur

(Partie 2)

« Je me trouve dans mille hosties, aussi bien que dans une, je suis également présent dans tous les lieux où il y a quelque hostie consa­crée, et je ne suis qu’un ; tous, quand il y en aurait mille millions, me recevraient tout entier, et l’abondance des grâces, chacun selon ses dispositions. Ne peut-on pas dire que dans le sacrement de son amour le Seigneur a fait paraître sa puissance ?

 

« Quel amour pour les hommes ! Non content de prendre leur forme et de vivre au milieu d’eux, de leur enseigner la voie du ciel par mes paroles, la conduite qu’ils doivent tenir par mes exemples, et d’être mort pour eux, je ne peux me résoudre à me séparer d’eux. Et comme l’amour est insatiable et ne peut se satisfaire que dans l’amour même, qu’un cœur dévoré et consumé par l’amour ne peut se désaltérer qu’en aimant davantage, ainsi j’instituai ce divin sacrement, afin d’être toujours auprès d’eux pour les aider, les fortifier et les assister dans leurs besoins.

 

« Le Prophète avait bien raison de dire : Il a fait connaître à son peuple la puissance de ses œuvres [1] ; et comment ? En leur donnant l’héritage des nations. Or, c’est moi qui suis le partage, la récompense, l’héritage des enfants de Dieu, et tous les hommes sont appelés à le recevoir.

 

« Je ne suis pas dans mon sacrement pour quelques-uns, dans quelques endroits en particulier, ou pour quelque temps, mais pour tous, par toute la terre, et dans tous les temps que le monde subsistera. Je présenterai ce sacrement à toutes les générations comme un spectacle toujours ancien et toujours nouveau de la puissance de Dieu. Ô ma fille ! Avez-vous jamais compris comme vous faites à présent les grandeurs de l’Eucharistie ?

 

« La puissance de Dieu paraît encore dans ce sacrement par le bien et les bons effets qu’il produit dans les âmes. Et combien de personnes me rendraient témoignage de la vérité de ce que je dis ici ! »

 

Le jour suivant :

 C’est dans ce sacrement de son amour que le Seigneur a ouvert le trésor de sa miséricorde.

 

« Toute la bonté et la miséricorde de Dieu s’y trouvent, car dans cette hostie sont toutes les perfections de Dieu, toutes les vertus, toutes les grâces, puisque celui qui y réside est l’auteur de la grâce et le Dieu des vertus.

 

« C’est là que Dieu aime à faire miséricorde, y étant par bonté et par miséricorde. On louerait beaucoup un ami, qui, pour son ami, se serait dépouillé de ses biens, se serait exilé avec lui. Et moi, je suis mort pour les hommes, j’ai voulu habiter au milieu d’eux dans leur exil, afin de les consoler, de les fortifier, de les soulager et de pourvoir à leurs besoins en leur donnant ce qui leur est nécessaire. Car quel est celui qui, étant venu prier avec foi, espérance, soumission, constance et persévérance, n’ait été exaucé ?

 

« Ah ! Ma fille, je vous le dis en Vérité, si les hommes sont si faibles, si dépourvus de vertus, c’est qu’ils ne demandent pas assez : la plus grande partie se rassemble dans ma maison, dit quelques prières, avec quelque ferveur, si vous voulez ; d’autres les disent du bout des lèvres, dans l’égarement et la dissipation de leur esprit. Et comment voulez-vous qu’un Dieu jaloux et juste puisse recevoir et exaucer ces prières ?

 

« Quel est celui qui, étant affligé, soit venu avec de saintes disposi­tions et n’ait pas été soulagé ? C’est précisément pour ceux qui sont accablés sous le poids de la loi que je suis dans l’Eucharistie ; car j’ai dit : Venez à moi, vous tous qui êtes chargés, et je vous soulagerai.[2] J’invite non seulement les justes, mais encore les pécheurs, pourvu qu’ils veuillent renoncer sincèrement à leurs péchés ; étant ici comme sur un trône de grâce et de miséricorde pour recevoir ceux qui se présenteront. Je leur demande de renoncer à leurs péchés, à leurs habitudes coupables, et je suis prêt, s’ils veulent m’accorder ce que je leur demande, à faire tomber sur leurs têtes avec abondance et mes grâces et mes bénédictions, à déverser sur eux toute la miséricorde de mon cœur, à leur donner tout mon amour, à les prendre dans mes bras comme des brebis errantes retournées au bercail, à les environner de ma sollicitude comme une mère son enfant malade, à me consacrer en un mot tout à eux pour qu’ils soient à moi pour jamais. N’est-ce point mettre à découvert l’immensité de ma miséricorde que d’être ainsi parmi les enfants des hommes, à chaque instant du jour et dans tous les lieux de la terre, sous les espèces eucharistiques ? N’est-ce point un mystère insondable de miséricorde divine que l’abaissement par lequel le Fils de Dieu se met tout entier à la disposition des hommes avec tout ce qu’il est, avec tout ce qu’il a ? Ah ! ma fille, que de regrets plus tard dans le cœur de milliers d’hommes, de n’avoir point usé de ma miséricorde dans ce sacrement quand ils le pouvaient si facilement ; mais alors ma miséricorde sera passée, car déjà dans le temps le sacrement de mon autel se sera élevé pour lancer contre eux des jugements pleins de sévérité et de justice. »

 

Le jour d’après :

 C’est dans le sacrement de son amour que le Seigneur fait connaître la sévérité de ses jugements et la rigueur de sa justice envers ceux qui le profanent.

 

« Ces jugements retomberont sur deux sortes de personnes : sur celles qui ne me reçoivent pas et sur celles qui me reçoivent indignement. Les premières sont dans un état de mort. Elles ressem­blent à un arbre qui n’a plus de sève, qui se dessèche et meurt ; elles sont pareilles à un poisson des mers mis hors de l’eau, qui n’est plus dans son élément et meurt ; elles sont comme un homme qui voudrait non seulement entretenir sa force et sa vigueur, mais encore vivre sans boire ni manger. Je suis la sève de l’âme ; je suis l’élément dans lequel elle sait et peut se mouvoir et se remuer ; je suis sa nourriture, son breuvage, et celui qui ne mange point ma chair eucharistique et ne boit point mon sang, n’aura point la vie ; il meurt chaque jour davantage, et le jour de sa mort sera celui où je lui montrerai et ma rigueur et ma justice dans le fond des abîmes.

 

« Vous, sacrilèges, quelle n’est point votre ingratitude ! On ne peut trouver de termes pour exprimer la noirceur de votre crime. De quels châtiments ne vous rendez-vous pas dignes, que vous soyez instruits ou ignorants ?

« Vous qui êtes instruits et qui connaissez mieux la grandeur de ce sacrement, vous êtes plus coupables, ministres de Satan, que les docteurs et les princes des prêtres, puisque vous devez connaître mieux qu’eux ma divinité. Ils me livrèrent entre les mains des hommes, et vous me livrez entre les mains de mes plus grands ennemis, les démons. Et vous, qui êtes ignorants, faites-vous instruire. Êtes-vous si ignorants que vous ne sachiez pas que recevoir ce sacre­ment en état de péché mortel, c’est faire un sacrilège ?

 

« Celui qui communie indignement se rend coupable du sang d’un Dieu, et devient semblable aux Juifs qui s’en chargèrent et portent sur eux la malédiction qu’ils se sont attirée. Ils sont, et ils seront toujours les monuments et les objets des châtiments de Dieu, et sur leur tête pèse la justice.

 

« Dispersés çà et là, ils accomplissent la parole que j’avais dite :

Ils seront dispersés et leur ville sera détruite de fond en comble, en sorte qu’il n’en restera pas pierre sur pierre.

 

« La communion indigne est un si grand péché que tout le monde en a horreur ; et cependant, il n’y a rien de plus ordinaire. Celui qui s’en rend coupable en ressent la confusion, et devient comme les Juifs ; car tout le monde a pour les Juifs un mépris secret, une certaine horreur. Les enfants supportent la peine du crime de leurs pères : ce peuple est dans une insensibilité qui fait pitié. De même celui qui communie indignement tombe dans une indifférence, qui le rend insensible à tout, ou bien il est dévoré par les remords de sa conscience, et ainsi ce sacrement porte avec lui le châtiment.

 

« Une première communion indigne trouble beaucoup une âme, une seconde l’endort un peu, une troisième et les autres qu’elle fait ensuite la font tomber dans l’insensibilité, le mépris même des choses saintes, dans une sécurité et une léthargie mortelle. Qu’il est rare que celui qui a profané les sacrements pendant sa vie les reçoive bien à la mort, et combien meurent dans le désespoir ou dans cette indifférence qui les rend insensibles à tout !

 

« Celui qui fait une communion indigne ressent dans le fond de son cœur une crainte, un désespoir, une haine de Dieu qui est le commen­cement de ce qui le dévorera dans l’éternité. Tout, au lieu de le porter à la confiance, le porte au désespoir. Lui parle-t-on des derniers sacrements ? Mais le souvenir de ceux qu’il a profanés pendant sa vie le trouble. Lui présente-t-on une croix ? Mais cette vue, au lieu de le consoler, lui reproche son crime. La plus grande partie meurt dans cette insensibilité, ils meurent ! et souvent en pensant à toute autre chose qu’à moi, et ces sacrements sont comme la confirmation de leur réprobation.

 

« Ainsi, il est vrai de dire que le Seigneur fait paraître dans ce sacrement la sévérité de ses jugements et la rigueur de sa justice. Il ne punit aucun autre péché aussi sévèrement que la communion sacrilège. Enfin, tout est renfermé dans ces paroles que j’ai dites :

 

Celui qui me reçoit indignement mange et boit sa condamnation.

 

« Puisqu’il en est ainsi, ma fille, tâchez de vous avancer de plus en plus dans mon amour et dans l’amour au sacrement de mon autel. Alors il ne sera pour vous qu’un mystère ineffable de miséricorde pour le temps et pour l’éternité. Nous entretiendrons par ce sacrement l’intimité de nos relations, nous resserrerons de plus en plus nos liens. Vous m’aimerez davantage et je vous comblerai de faveurs plus grandes et plus spéciales. »

 


[1] Psaume 111, verset 6.

[2] Évangile de Saint Matthieu, chapitre 11, verset 28.

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