Fécondité des œuvres
par la vie intérieure
Extrait de « L’âme de tout apostolat »
de Don Chautard
2ème partie
c) La Vie intérieure produit dans l’apôtre le rayonnement surnaturel. Combien ce rayonnement est efficace. (suite)
PAR LA VIE INTERIEURE L’APÔTRE RAYONNE DE FOI
La présence de Dieu en lui est manifeste aux personnes qui l’entendent.
A l’exemple de Saint Bernard dont il est dit : « Il s’isole des autres et pour cela il se fait une solitude intérieure », mais on devine qu’il n’y est point seul, qu’il a dans son cœur un hôte mystérieux et intime avec lequel à tous instants il revient s’entretenir, et qu’il ne parle que d’après sa direction, ses conseils, ses ordres. On sent qu’il est soutenu et guidé par lui et que les paroles qui sortent de sa bouche ne sont que l’écho fidèle de celles de ce Verbe intérieur : « Si quelqu’un parle que ce soit comme les paroles de Dieu » (1Pi 4, 11). C’est moins alors que la logique et la force des arguments qui apparaissent que le Verbe intérieur : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, le Père qui demeure en moi fait lui-même ces œuvres » (Jn, 14, 10). Influence profonde et durable, bien autrement profonde que l’admiration superficielle ou la dévotion passagère que peut faire naître l’homme sans esprit intérieur. Celui-ci peut déterminer l’auditeur à dire : cela semble tout à fait impuissant par lui-même à conduire à la foi surnaturelle et à faire vivre de cette foi.
F. Gabriel, convers trappiste, exerçant ses fonctions de sous-hôtelier, ravivait la foi de nombreux visiteurs bien mieux que n’aurait su le faire un prêtre docte, mais dont le langage parle moins au cœur qu’à l’esprit. Le général de Miribel venait parfois s’entretenir avec l’humble frère et aimait à dire : « Je viens me retremper dans la foi ».
Jamais on n’a autant prêché, discuté, composé de savants traités d’apologétique que de nos jours et jamais peut-être, au moins à ne considérer que la masse des fidèles, la foi n’a été moins vivace. Trop souvent, ceux qui ont mission d’enseigner ne semblent voir dans l’acte de foi, qu’un acte de l’intelligence, alors qu’il relève aussi de la volonté. Ils oublient que croire est un don surnaturel, et qu’entre la perception des motifs de crédibilité et l’acte de foi définitif, il y a un abîme. Dieu seul, et la bonne volonté de celui qui est enseigné, comble cet abîme, mais combien aide à le combler, la réflexion de la lumière divine produite par la sainteté de celui qui enseigne.