Quand le Christ se manifeste
Un ouvrage de Jean-Marie Mathiot
Le Seigneur Dieu de nos vies
(une mère de famille)
« … Les épreuves s’ajoutaient aux épreuves, jusqu’au dégoût de vivre. A 28 ans ! Dans ce désarroi et ce désespoir, je monte à la chapelle de la cité ouvrière pour redonner à Dieu la vie qu’il m’a donnée. Je lui dis que cela ne vaut pas la peine de vivre, qu’il y a trop d’injustices… Je comprends cependant qu’Il m’a donné la vie et, par-là, accès à l’éternité. Mais je lui dis : ‘Désormais, je ne veux plus vivre, ou alors ne vivre qu’avec toi ; alors ne me quitte pas, dirige-moi, fais quelque chose pour moi ; que seulement ta volonté soit faite ! »
Relevant la tête, regardant vers le tabernacle de l’autel, je vois devant moi le Seigneur, majestueusement grand (comme trois fois un homme) qui vient vers moi, rayonnant de lumière, le visage très digne, jeune et fort ; aux yeux pénétrants et bons, bruns, regardant très loin ; aux longs cheveux d’un blond doré, entrecoupés de mèches foncées avec le brillant d’un soleil or ; on le dirait presque roux ; il a une tunique toute blanche serrée à la taille par un cordon ; il fait tout juste trente-trois ans d’usure physique. Il possède naturellement toutes les qualités. Il ne s’impose pas. Il est noble. Devant lui, on se sent tout petit enfant.
Il me montra en détail le chemin de ma vie passée. Puis, il me fit voir un schéma que je ne comprendrai que plus tard. Cela expliquait la façon dont Dieu régit la terre et les hommes, comment la lumière créatrice de Dieu pénètre en nous, comment les ténèbres destructrices de Satan agissent, les répercussions sur l’âme, sur le corps et sur la nature ; ce que devient l’âme à la mort ; ce que sont le ciel, le purgatoire, l’enfer ; comment la lumière de Dieu se diffuse jusqu’à la résurrection ; comment va se faire le jugement final ; en somme, rien de nouveau par rapport à ce que disent la Bible et l’Eglise.
Il me dit : « Enfin, tu te décides. Si tu savais tout ce qu’il a fallu que je fasse pour toi ! Sans moi, tu n’es pas capable de faire ma volonté… Que j’aime les hommes !… Viens et vois si cela ne vaut pas la peine de vivre. »
Alors il m’ouvre les bras ; je me sens mourir et tomber d’abandon en abandon, dans une attraction très forte vers lui, comme une petite aiguille attirée par un aimant d’une puissance extraordinaire.
Plus je m’approche de lui, plus il s’agrandit démesurément, et je découvre qu’il contient tout l’univers et tout subsiste en lui.
Je pénètre en lui par le côté droit jusque dans son cœur. En lui, je ne vois que de la lumière dépassant toute beauté, et je sens que cette lumière n’est que de l’amour, un amour au-delà de toute expérience de bonheur ; c’est la Vie à sa source ; elle me fait m’exister et m’anime. Je suis comme une goutte d’eau dans un océan, comme une étincelle dans un immense feu. Cette lumière, cet amour et cette vie : c’est Dieu-Père, de qui nous dépendons.
Sa ‘forme’ extérieure, sa manifestation, c’est ce qu’on appelle : son Verbe, ou son Fils ; il est extrêmement beau ; il exprime totalement le Père. Il s’est fait homme par Marie. Il est l’image visible et vivante de ce qui est invisible en Dieu.
Le Père et son Verbe sont si imprégnés l’un de l’autre qu’il en jaillit un Souffle très conscient qui les remplit l’un et l’autre, et qui les unit ; il est comme la respiration de Dieu : c’est l’Esprit-Saint. Ce souffle passe continuellement de l’un en l’autre et produit l’amour. Il me remplit et provoque le même bonheur que celui qui est en Dieu.
En Dieu, je vois les âmes qui sont comme des enveloppes de lumière divine dans la lumière qu’est Dieu ; je constate que je suis comme les autres : un être plein de lumière, et qu’avec cette lumière en nous, nous voyons et nous sommes en une continuelle admiration, tellement c’est merveilleux. Nous nous regardons dans la lumière voisine et la lumière voisine se mire en nous. Chaque âme est remplie de la grâce selon la mesure dont elle a aimé sur la terre. C’est un reflet sans fin de bonheur ; mais on se sent en attente de la résurrection et de la transformation de l’univers jusqu’à la gloire.
Je pense qu’on reste dans cet état jusqu’à ce que l’âme retrouve son corps ressuscité à la fin des temps, et qu’après on peut se voir dans la lumière de Dieu, avec une beauté physique correspondant à la densité de la grâce dans l’âme, et qu’on peut voir définitivement Jésus avec son corps et vivre avec lui toute l’éternité, à sa ressemblance, dans un monde parfait, rendant grâce à Dieu pour son immense gloire et pour son amour infini envers sa créature et envers l’homme avec qui il partagera tout ce qu’il est et tout ce qu’il a.
Je comprends que, pour aller au Paradis, il faut que le Seigneur nous ouvre ses bras en acceptation, et que nous l’ayons considéré comme un Père pendant toute notre vie, Lui confiant nos joies, nos soucis, nos fautes, nos maladresses, nos oublis de Lui, Lui demandant pardon pour nos manques d’amour et Lui demandant même de petits signes pour savoir si on est bien dans sa volonté afin de ne pas aller contre lui.
Pour lui et en lui, le temps n’existe pas, mais seulement ce qui est terrestre et ce qui est céleste.
Puis j’ai vu mon corps inerte, agenouillé dans un banc de la chapelle, à dix mètres en dessous de moi. Et je l’ai réintégré. Quand j’ai quitté mon corps, tout ce qui était physique, matériel et temporel, avait disparu. Je me rends compte à quel point la vie terrestre est un choix permanent, en même temps qu’une épreuve. J’ai retrouvé une joie de vivre et une santé comme jamais auparavant, me sentant dans la dépendance de Dieu en permanence. J’ai pris conscience de la présence et de la toute-puissance de Dieu en tout. Je réalise que j’ai une chance inouïe d’avoir été là-haut et de voir combien nous sommes aimés de Dieu. »
J’ai vu que la terre est régie par deux puissances : une créatrice, l’autre destructrice.
La puissance créatrice est une lumière légère qui vient de Dieu créateur ; la puissance destructrice est une lumière lourde qui vient de Satan. La première n’a pas attraction à la terre, mais la domine, la dirige, l’embellit ; la deuxième n’est qu’attraction à la terre qu’elle asservit, désorganise et détruit.
L’homme est la seule créature à pouvoir connaître et choisir l’une ou l’autre de ces puissances en se servant des choses de la terre sans s’y soumettre, ou bien en étant esclave. Son corps est un filtre composé de matière et de rayonnement dont Dieu s’occupe. Son âme est une enveloppe lumineuse, emplie de la lumière légère créatrice de Dieu ou de la lumière lourde destructrice de Satan, créatrice ou destructrice d’elle-même, selon son choix.
L’âme dans le corps donne la forme au corps et a contact avec le monde extérieur par les cinq sens. L’amour concerne les deux lumières, il résulte d’un trop à donner.
Dès qu’une âme s’ouvre sur terre, le Créateur lui donne un peu de sa lumière légère dont il déborde. Cette lumière passe plus ou moins intensément dans l’âme selon la vérité dans laquelle l’homme vit. La lumière entre lui quand il entre gratuitement, fait œuvre de justice, de paix, de miséricorde. L’âme de lumière lourde est celle qui ne trouve de joie qu’aux choses de la terre, d’où il résulte tôt ou tard trouble et déception.
L’âme séparée du corps est attirée par la puissance de la lumière qu’elle contient.
Si elle ne contient que de la lumière légère, elle retourne à son Créateur qui est sa source.
Si elle ne contient que de la lumière lourde, elle tombe dans des ténèbres comme au centre terrestre.
Si elle ne contient ni assez de lumière légère, ni assez de lumière lourde, elle reste au niveau de la terre, mais elle n’a plus attraction à la terre ; elle est errante. Elle ne peut perdre de sa lumière lourde qu’en unissant au Corps mystique du Christ qui rayonne la lumière légère ; si nous avons un fort débordement de lumière légère, nous pouvons demander au Créateur de bien vouloir donner de cette lumière à une âme errante, ce qui sera fait selon sa volonté.
Le ciel : l’âme est remplie de lumière légère. Elle est toute vision, admiration et jouissance dans sa plénitude jusqu’aux limites où s’arrête sa lumière. Elle va d’admiration en admiration, sans aucune limite puisque le monde matériel n’existe plus.
L’enfer : l’âme est remplie de lumière lourde. Elle est toute vision, déception et désolation. Elle va de déchéance en déchéance comme au centre terrestre duquel elle ne veut s’échapper, se voyant réduite au rang animal et végétal dans ses sens.
Le purgatoire : l’âme est aussi toute vision, mais errante. Elle ne peut atteindre la lumière créatrice, pourtant elle sait déjà qu’elle ne pourra plus se damner ; le plus pénible pour elle, c’est d’être réduite à ne plus sentir, et d’avoir soif d’admirer son créateur. Mais elle peut être attirée par une forte puissance lumineuse qui n’est autre que notre lumière légère qui rayonne par l’amour des autres ou de Dieu, dans des rassemblements constructifs et dans les eucharisties, lumière dans laquelle, si nous le désirons, elle peut s’emplir de lumière légère, et enfin voir son créateur et entrer en lui.
Le mal, le péché : c’est quand l’homme, sous l’influence de Satan, se rend indépendant de Dieu et décide ce qui est bien et mal ; il s’ouvre ainsi à la lumière destructrice qui pénètre en son âme et en son corps, et dans la création où il est intégré, l’asservissant au pouvoir de Satan.
L’Eglise : c’est Jésus continué sur la terre en tous ceux qui reçoivent sa lumière et vivent simplement comme lui : en aimant les hommes et la création pour la gloire de Dieu.
L’évangélisation : c’est la révélation du Dieu de vérité au plus instruit comme au plus ignorant, car tout homme sur terre doit connaître son Créateur et ce qu’il est en rapport avec Lui.
L’eucharistie : c’est notre consécration dans laquelle nous pouvons dire en vérité à Dieu : Père ! Dans une communion, où il se fait un échange de lumière divine et où nous communions à tout cet esprit de Dieu sur terre et à toutes les âmes lumineuses du globe ; ce qui fait une puissance formidable qui peut réaliser des miracles. Elle s’accomplit quand chaque participant y fait mourir un peu plus son corps et son moi pour s’unir davantage à Dieu et à tous les participants, avec le prêtre, dont l’âme est plus lumineuse que les autres pour passer ensemble dans le Créateur et dans l’unique sacrifice de Jésus.
Le jugement, le tri final : c’est la révélation et la séparation douloureuse des deux lumières, créatrice et destructrice dans l’humanité et la Création, par le choix libre des hommes qui se regrouperont selon la lumière qui les anime. Ou pour Dieu, ou pour la terre, il n’y a pas de milieu.
A la résurrection, Dieu unira à notre âme un corps nouveau qui sera entièrement soumis à l’esprit. C’est la lumière de Dieu, sa gloire révélée et éclatant dans toute la Création.
La foi ne consiste qu’en ce qu’est Dieu. Tout le reste doit se ressentir par nos sens raffinés dans notre dépendance de Dieu et notre indépendance vis-à-vis de la terre.
La seule loi à laquelle l’homme doit se soumettre pour vivre éternellement est l’unique loi de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force, et ton prochain comme toi-même. »