A l’école de l’Esprit Saint
Père Jacques Philippe
Responsable de la communauté des Béatitudes
(imprimatur : 18 mai 1995)
4ème partie (2)
A Celle qui nous dit : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jean 2,5)
7. Pratiquer le silence et la paix.
L’Esprit de Dieu est un esprit de paix, il parle et agit dans la paix et la douceur, jamais dans le trouble et l’agitation. De plus les motions de l’Esprit sont souvent des touches délicates, elles ne se manifestent pas à grand fracas, et ne peuvent émerger à notre conscience spirituelle que s’il y a dans celle-ci comme une zone de calme, de silence et de paix. Si notre intérieur est toujours bruyant et agité, la voix douce de l’Esprit Saint aura beaucoup de mal à se faire entendre.
Cela signifie que, si nous voulons reconnaître les motions de l’Esprit Saint et les suivre, il est de la plus haute importance de chercher en toute circonstance à maintenir notre cœur dans la paix.
Cela n’est pas facile, mais à force de pratiquer l’espérance en Dieu, l’abandon, l’humilité, l’acceptation de nos pauvretés grâce à une confiance inébranlable en la miséricorde divine, nous y parviendrons de mieux en mieux. Si nous ne cherchons pas à « pratiquer la paix » face à toutes les circonstances qui risquent de nous la faire perdre (et elles sont nombreuses !), nous serons difficilement capables d’entendre la voix de l’Esprit Saint quand il voudra parler à notre cœur ; l’agitation que nous y laisserons régner l’en empêchera presque certainement.
Quand nous vivons des moments difficiles, l’effort que nous faisons pour rester quand même dans la paix est très bénéfique, car c’est justement le fait de conserver cette paix qui nous donnera le maximum de chances de réagir à cette situation non pas de manière humaine, inquiète et précipitée, (et de faire beaucoup de gâchis), mais dans l’attention à ce que l’Esprit Saint pourrait nous suggérer, ce qui sera bien entendu plus bénéfique. Mettons donc en pratique cette parole de saint Jean de la Croix :
« Ayez soin de conserver votre cœur dans la paix, qu’aucun événement de ce monde ne le trouble… Quand bien même tout ici-bas s’écroulerait et que tous les événements nous seraient opposés il serait inutile de nous troubler, car ce trouble nous apporterait plus de dommage que de profit (Maximes 173 et 175)
Le plus grand de ces dommages étant de nous rendre incapable de suivre les impulsions du Saint-Esprit.
Cela est lié à une pratique du silence. Silence qui n’est pas vide, mais qui est paix, attention à la présence de Dieu et attention à l’autre, attente confiante, espérance en Dieu. L’excès de bruit – non pas au sens physique, mais au sens de ce tourbillon incessant de pensées, d’imagination, de paroles écoutées ou dites dans lequel nous nous laissons parfois prendre, et qui ne fait qu’alimenter nos préoccupations, nos peurs, nos insatisfactions, etc.- laisse évidemment peu de chance à l’Esprit Saint de pouvoir s’exprimer.
Le silence n’est pas un « vide », mais cette attitude générale d’intériorité qui permet de préserver dans notre cœur une « cellule intérieure » (selon l’expression de sainte Catherine de Sienne) où nous sommes en présence de Dieu et conversons avec lui. Le silence est le contraire de la dispersion de l’âme au-dehors, de la curiosité, du bavardage etc. Il est cette capacité de revenir comme naturellement au-dedans de nous-mêmes, aimantés par la présence de Dieu qui nous habite.