Amitié avec Dieu, 1ère partie – Saint José Maria (ASDE 16)

   

Amitié avec Dieu (1ère partie)

De saint Josemaria Escriva

Extraits du 1er livre posthume

Amis de Dieu

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Ce dimanche in albis me fait penser à une vieille et pieuse tradition de chez moi. En ce jour où la liturgie nous invite à désirer la nourriture spirituelle — rationabile, sine dolo lac concupiscite, désirez le lait spirituel non frelaté — il était alors d’usage d’apporter la Sainte Communion aux malades, — et pas seulement dans les cas graves — afin qu’ils puissent accomplir le précepte pascal.

Dans quelques grandes villes les paroisses organisaient des processions eucharistiques. Je me rappelle que, lorsque j’étais étudiant à Saragosse, il était courant d’y rencontrer dans la grand rue trois processions entièrement composées d’hommes, de milliers d’hommes, portant de grands cierges allumés. De solides gens, qui accompagnaient le Saint Sacrement avec une foi plus grande encore que leurs immenses cierges de plusieurs kilos.

 

La nuit dernière, m’étant réveillé à plusieurs reprises, j’ai répété, en guise d’oraison jaculatoire, cette phrase de l’Ecriture : quasi modo geniti infantes, comme des enfants nouveau-nés… Je considérais que cette invitation de l’Eglise venait à point pour tous ceux qui éprouvent la réalité de leur filiation divine.

 

S’il est bien vrai que nous devons être fermes, solides, d’une trempe telle que nous exercions une influence là où nous nous trouvons, comme il est doux néanmoins de se sentir de tout petits enfants devant Dieu !

 

Nous sommes enfants de Dieu.

 

Quasi modo geniti infantes, rationabile, sine dolo lac concupiscite: “ Comme des enfants nouveau-nés pleurez pour recevoir le lait pur et sans souillure de l’esprit . Ce verset de Pierre est extraordinaire, et je comprends bien que la liturgie lui ait ajouté: exsultate Deo adiutori nostro: iubilate Deo Jacob; criez de joie pour Dieu notre force, acclamez le Dieu de Jacob, qui est aussi notre Père et Seigneur. Cependant, j’aimerais qu’en ce jour nous méditions, vous et moi, non sur le Saint Sacrement de l’Autel, qui arrache à notre cœur les plus sublimes louanges à Jésus, mais sur cette certitude de la filiation divine, ainsi que sur les conséquences qui en découlent pour ceux qui veulent vivre sérieusement leur vie chrétienne.

 

Pour de tout autres raisons, qu’il ne sied pas de rappeler mais que Jésus, qui nous préside au Tabernacle, connaît bien, mon existence m’a conduit à me sentir tout spécialement fils de Dieu; j’ai pu goûter la joie de me blottir contre le cœur de mon Père, pour rectifier ma conduite, pour me purifier, pour Le servir, pour comprendre et excuser tout le monde, me souvenant de son amour et de mon humiliation.

 

Aussi voudrais-je insister maintenant sur la nécessité pour vous et pour moi de nous ressaisir, de sortir de cet engourdissement provoqué par notre faiblesse, et qui nous assoupit si facilement. Nous recommencerons alors à percevoir, de façon plus profonde et plus immédiate, la réalité de notre condition d’enfants de Dieu.

 

L’exemple de Jésus, le passage du Christ sur cette terre de Palestine, nous aident à nous pénétrer de cette vérité. Si nous recevons le témoignage des hommes, lisons-nous dans l’épître de Jean, le témoignage de Dieu est plus grand. Le témoignage de Dieu, en quoi consiste-t-il donc ? Saint Jean nous dit encore : Voyez quel grand amour a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu — car nous le sommes… Bien-aimés, dès maintenant nous sommes enfants de Dieu.

 

Au fil des années, j’ai tâché de m’appuyer sans défaillir sur cette réalité si encourageante. Ma prière, en toute circonstance, a toujours été la même, à quelques nuances près. Je Lui ai dit : Seigneur, c’est Toi qui m’as placé ici; c’est Toi qui m’as confié ceci ou cela, et moi, j’ai confiance en Toi. Je sais que Tu es mon Père, et j’ai toujours observé que les tout-petits ont une confiance totale en leurs parents. Mon expérience sacerdotale m’a confirmé que cet abandon dans les mains de Dieu porte les âmes à acquérir une piété forte, profonde et sereine, qui les pousse à travailler constamment avec droiture d’intention.

 

Quasi modo geniti infantes… Avec joie j’ai répandu partout cette idée : nous sommes de petits enfants de Dieu. Elle nous fait savourer les paroles que la liturgie de la Messe a aussi recueillies, sous la forme suivante : tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde, surmonte les difficultés, remporte la victoire, dans cette grande bataille pour la paix dans les âmes et dans la société.

 

Notre sagesse et notre force nous viennent précisément de ce que nous sommes convaincus de notre petitesse, de notre néant devant Dieu. Mais c’est Lui qui, en même temps, nous pousse à agir avec une assurance confiante et à prêcher Jésus-Christ, son Fils Unique, en dépit de nos erreurs et de nos misères personnelles, à condition que notre faiblesse soit accompagnée d’une volonté de lutter pour en venir à bout.

 

Vous m’avez sans doute entendu reprendre souvent ce conseil de l’Ecriture : discite benefacere. Nous devons en effet apprendre et enseigner à faire le bien. Il nous faut commencer par nous-mêmes, en nous appliquant à découvrir quel est ce bien que nous devons rechercher ardemment pour nous, pour chacun de nos amis et pour tout homme. Je ne connais point de meilleure façon de considérer la grandeur de Dieu que de se placer sous cet angle ineffable et pourtant à notre portée : Il est bien notre Père et nous sommes ses enfants.

 

Tournons à nouveau nos regards vers le Maître. Peut-être entends-tu, toi aussi, en ce moment, le reproche adressé à Thomas : Porte ton doigt ici: voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté et ne sois plus incrédule mais croyant, et du fond de ton coeur tu t’écrieras avec l’Apôtre, dans un élan de contrition sincère: Mon Seigneur et mon Dieu ! Je Te reconnais pour mon Maître à tout jamais et, avec ton secours, je garderai comme un trésor tes enseignements et je m’efforcerai de les suivre loyalement.

 

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