Pratiquer le détachement – Père Jacques Philippe (ASDE 16/1)

A l’école de l’Esprit Saint

 

Père Jacques Philippe

Responsable de la communauté des Béatitudes

(imprimatur : 18 mai 1995)

4ème partie

A Celle qui nous dit : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jean 2,5)

  

6. Pratiquer le détachement

 

Nous ne pouvons accueillir les motions de l’Esprit si nous sommes rigides, attachés à nos biens, nos idées, nos conceptions, etc. Pour nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu, il nous faut une grande docilité et de la souplesse, qui s’acquièrent peu à peu à travers la pratique du détachement. Efforçons-nous de ne « tenir » à rien, ni matériellement, ni affectivement, ni même spirituellement. Non pas dans le sens de devenir « je m’en f…tiste » ou d’être indifférent à tout, ni dans celui de pratiquer une sorte d’ascèse forcée pour nous dépouiller de tout ce qui fait notre vie ; ce n’est pas habituellement ce que le Seigneur nous demande.

Mais il faut conserver notre cœur dans une attitude de détachement, garder à l’égard de tout comme une sorte de liberté, de distance, de réserve intérieure, qui fait que si telle chose, telle habitude, telle relation, tel projet personnel nous sont interdit, nous n’en fassions pas un drame. Ce détachement doit être pratiqué dans tous les aspects de notre vie. Mais sans doute, ce n’est pas l’aspect matériel qui est le plus important. On est parfois bien davantage empêché dans son progrès spirituel par l’attachement à certaines idées, conceptions, manières de faire qui sont nôtres.

 

Ecoutons le conseil d’un franciscain du 16ème siècle :

 

« Que votre volonté soit toujours prête à toute éventualité. Et que votre cœur ne soit asservi à rien. Quand vous formerez quelque désir, que ce soit de manière à ne point éprouver de peine en cas d’échec, mais à garder l’esprit aussi tranquille que si vous n’aviez rien souhaité. La vraie liberté consiste à ne se lier à rien. C’est ainsi dégagée que Dieu cherche votre âme pour y opérer ses merveilles grandioses. »

 

L’attachement à notre propre « sagesse », même quand celle-ci se fixe des buts qui sont excellents en eux-mêmes, est peut-être le pire obstacle à la docilité à l’Esprit Saint.

Obstacle d’autant plus grave que cet attachement à notre volonté propre, quand ce que nous voulons est une chose bonne en soi : comme le but visé est bon, nous nous justifions de le vouloir avec un entêtement qui nous aveugle, sans nous rendre compte que la manière dont nous prétendons que notre idée se réalise ne correspond pas forcément aux plans de Dieu.

 

Il n’y aura jamais une coïncidence parfaite entre la sagesse de Dieu et la nôtre, ce qui signifie qu’à n’importe quelle étape du cheminement spirituel, nous ne serons jamais dispensés de pratiquer le détachement à l’égard de nos conceptions personnelles, aussi bien intentionnées soient-elles.

 

 

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