Je suis venu du ciel sur la terre pour diriger vers le ciel l’esprit des hommes.

Dieu, la Sainte Trinité

8ème partie

Par Sœur Marie Lataste, mystique catholique

LIVRE 2

Le Verbe de Dieu fait homme

 

Chap. 17, « Je suis venu du ciel sur la terre pour diriger vers le ciel l’esprit des hommes. » – Laisser le monde et suivre Jésus.

 

Le Sauveur Jésus m’a dit un jour :

 

 Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais la division. Le fils s’élèvera contre le père à cause de moi, et le père contre le fils, et la mère contre la fille.

 

« Vous allez me comprendre, ma fille, et vous ne trouverez pas de contradiction entre ces paroles et d’autres enseignements que je vous ai donnés en d’autres temps. Je suis venu du ciel sur la terre pour diriger vers le ciel l’esprit des hommes qui rampait sur la terre. Ma grâce travaille les cœurs dans ce même sens. Aussi, bien souvent, voit-on des âmes tellement saisies par ma grâce que rien ne les attache aux biens ni aux choses de la terre, et qu’elles voudraient tout abandonner, tout oublier, pour n’être qu’avec moi seul. On en voit d’autres laisser les voies communes des chrétiens pour marcher dans des voies plus élevées et qui les rapprochent davantage de moi. Eh bien ! Ma fille, entre ces inclinations de ma grâce et les inclinations de la nature se trouvent la division que je suis venu apporter en ce monde. Oui, je divise les mouvements de la nature et les mouvements de la grâce ; je divise ceux qui suivent les mouvements de la grâce et ceux qui, d’une autre part, ne sont dirigés que par les mouvements de la nature. Il y a division entre eux comme entre le ciel et la terre, le monde et moi. Il y a division entre l’enfant que j’appelle à mon sacerdoce, et le père qui lui destine l’héritage de ses aïeux ; il y a division entre la fille qui me choisit pour époux, et la mère qui veut un mariage de chair et de sang, et non une alliance spirituelle et divine entre moi et son enfant. Il y a division ! si vous saviez les effets de cette division ! si vous voyiez les luttes entre ces parents insensés et le cœur de leurs enfants, entre ces parents aveugles et la volonté de leurs enfants, entre ces parents charnels et leurs enfants soutenus par ma grâce ! Heureux les enfants qui ne se laissent pas dominer par la voix de leurs père et mère en cette circonstance, pour écouter ma voix ! Leur résistance pourra un instant faire éclater la colère de leur famille ; mais parce qu’ils auront écouté ma voix, ils deviendront pour leur famille une source de bénédiction.

 

« Malheur, au contraire, trois fois malheur, à jamais malheur aux parents qui auront détourné leurs enfants de la voie où je les appelais, pour les lancer dans la voie du monde, du péché et de l’enfer ! Ma fille, il n’est pas d’abomination qui ne se soit commise quelquefois à cet égard ; vous frémiriez comme une feuille au vent des tempêtes si je vous rapportais les excès parricides que je connais. Ô pères et mères, indignes de ce nom, qui ravissent à leurs enfants un héritage éternel pour un héritage temporel, qui ravissent à leurs enfants les joies de la grâce pour leur donner les remords du crime, qui ravissent à leurs enfants la paix d’une bonne conscience pour leur donner les tortures d’une âme couverte d’iniquités, qui ravissent à leurs enfants la liberté des fils de Dieu pour leur donner les chaînes si lourdes des fils de Bélial ! Pourquoi avez-vous jamais engendré, pères dépravés ? Pourquoi vos seins ne sont-ils pas demeurés stériles, mères sans cœur ? Père, pourquoi n’avez-vous pas plutôt enfoncé un poignard dans le cœur de vos enfants ? Mères, pourquoi n’avez-vous pas étouffé dans leur berceau le fruit de vos entrailles ? Si du moins vous les aviez exposés dans un lieu public où les passants les eussent recueillis ; si du moins vous les aviez jetés sur les eaux d’un fleuve où les baigneurs les eussent pris dans leurs bras ! Mais non ; vous les avez plongés dans l’iniquité ; vous les avez livrés au monde, à leurs passions, à Satan. Malheur, malheur à vous !

 

« Je l’ai dit, ma fille, quand j’étais sur la terre, il vaudrait mieux pour quelqu’un qu’on attachât à son cou une meule de moulin et qu’on le jetât à la mer que de scandaliser un petit enfant.[1] Que dirais-je des pères et mères qui ne scandalisent pas leurs enfants, mais qui se font leurs plus cruels ennemis et les ensevelissent, pour ainsi dire vivants, nuit et jour dans le vice, au lieu de leur laisser pratiquer le bien auquel ils avaient droit et qu’ils voulaient me donner ? Ah ! Ma fille, ceux-là ne font point l’office de pères et de mères, mais l’office infernal de Satan.

 

« Combien je plains ces enfants et combien je leur porte intérêt ! Ah ! S’ils avaient toujours la constance de porter leurs yeux sur moi ; s’ils savaient m’appeler à leur secours ! S’ils voulaient espérer en moi, rien de les rebuterait, rien ne les arrêterait ; ils oublieraient leur père de la terre pour ne penser qu’à leur Père du ciel. Ils ne craindraient point le père qui peut tuer leurs corps, mais le Père qui peut les jeter à jamais dans les flammes de l’enfer.

 

« Combien je déplore l’aveuglement de ces parents ! C’est Dieu qui demande leurs enfants, et ils disent à Dieu : “Vous n’aurez point nos enfants.” C’est Dieu qui les leur a donnés ; et Dieu n’aurait pas le droit de les leur demander, de les prendre à son servie et de verser sur eux des bénédictions toutes spéciales ? Dieu n’est-il pas le premier Père de ces enfants ? N’a-t-il pas, par conséquent, des droits supérieurs à ceux des parents ? Est-il juste de les lui contester ? Est-ce chose juste envers Dieu ? Est-ce chose juste envers les enfants, non seule­ment de les engager à ne point se donner à Dieu, mais de les en empê­cher réellement ? Ah ! S’ils savaient mieux comprendre leurs intérêts !

 

« Si un roi de la terre demandait à des parents leur fille pour épouse, ne se feraient-ils pas un plaisir de la lui accorder ? Ne verraient-ils point comme un grand honneur, qui retombe sur leur famille, le choix de ce prince ? Qu’est-ce donc, ma fille, qu’un roi de la terre devant le roi du ciel ? Voilà pourtant la pensée de bien des parents ; ils préfére­raient pour gendre un souverain de la terre au souverain de la terre et du ciel. Quel outrage envers Dieu ! Quelle injustice envers lui ! C’est aussi un outrage et une injustice envers les enfants. C’est un outrage, puisqu’au lieu de les ennoblir, on les avilit. C’est une injustice, puisque éclairés par la lumière divine, ils voient la vérité qui est faite pour eux, qu’ils veulent saisir, et qu’ils en sont empêchés par ceux qui leur ont donné le jour, pour les livrer au mensonge, au crime et puis à la damnation ! Ô aveuglement ! Ô crime ! Ô opiniâtreté affreuse et parricide !

 

« Malheur, trois fois malheur, à jamais malheur aux parents divisés avec leurs enfants quand ma voix se fait entendre à eux ! Félicité, bonheur et bénédiction à jamais aux parents unis avec leurs enfants quand ma voix se fait entendre à eux et parvient jusqu’à leur cœur ! »

 


[1] Saint Matthieu, chapitre 18, verset 6 ; St Marc, ch. 9, v. 42 ; St Luc, ch 17, v. 2.

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