Persévérer fidèlement dans l’oraison – Père Jacques Philippe (ASDE 16/3)

A l’école de l’Esprit Saint

 

Père Jacques Philippe

Responsable de la communauté des Béatitudes

 

(imprimatur : 18 mai 1995)

4ème partie

 

A Celle qui nous dit : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jean 2,5)

8. Persévérer fidèlement dans l’oraison.

 

Toutes ces attitudes dont nous venons de parler et qui facilitent la manifestation des motions de l’Esprit ne pourront s’acquérir que progressivement, et nécessitent absolument la fidélité à l’oraison.

Pour se fortifier dans la détermination à ne rien refuser à Dieu, pour pratiquer le détachement, l’abandon filial et confiant, pour apprendre à aimer le silence et l’intériorité, pour découvrir ce « lieu du cœur » où l’Esprit nous sollicite doucement, l’oraison est indispensable. Il est nécessaire de rappeler combien est bénéfique de savoir régulièrement et fidèlement consacrer du temps à cette pratique de la prière personnelle silencieuse que Jésus lui-même nous recommande : « Quand tu veux prier, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret » (Mt 6, 6)

 

 

 

 

 9. Examiner les mouvements de notre cœur.

 

Où naissent ces inspirations de la grâce ?

 

Non pas dans notre imagination ou notre tête, mais elles surgissent du profond de notre cœur. Pour les reconnaître, il faut donc être attentif à ce qui se passe en lui, aux « mouvements » que nous pouvons y distinguer, et savoir discerner quand ces mouvements proviennent de notre nature, de l’action du démon, ou de l’influence du Saint-Esprit.

 

Si nous pratiquons tous les conseils donnés plus haut, il s’ensuivra une capacité à être attentifs à ce qui se passe en nous, au niveau le plus profond et le plus important, qui n’est pas toujours le niveau où il y a le plus de remue-ménage, mais qui est ce lieu intime du cœur dont nous prenons peu à peu conscience, et où l’Esprit Saint fait naître ses motions.

 

C’est en apprenant à remarquer les divers mouvements de notre âme que nous apprendrons à reconnaître les motions du Saint Esprit. Cela ne veut pas dire qu’il faille tomber dans une espèce d’introspection psychologique continue, inquiète et forcée, qui pourrait nous centrer sur nous-mêmes ou faire de nous le jouet du va-et-vient de nos émotions et pensées, et donc ne rien produire de bon. Mais il s’agit de vivre dans une telle disposition habituelle de désir de Dieu, de calme intérieur, de prière, d’attention à ce qui se passe en nous que, si s’éveille en notre cœur quelque mouvement de la grâce, il ne soit pas étouffé ou ne se perde pas dans le « bruit de fond » de toutes les autres sollicitations ou émotions, mais puisse émerger à notre conscience et être reconnu comme une inspiration divine.

 

Cela suppose une sorte de vigilance qui nous fait examiner de temps en temps ce qui nous meut, ce qui nous pousse à faire telle chose plutôt que telle autre. Cette attention nous rend capables de reconnaître en nous une diversité de mouvements.

 

Certains sont des mouvements « désordonnés », c’est-à-dire des impulsions à faire, dire quelque chose, etc. mais dont l’origine n’est pas saine.

 

Souvent, en effet nous sommes mus par la crainte, par le ressentiment, par la colère, par l’agressivité, par le besoin d’être remarqué ou admiré des autres, par la sensualité, etc. Ces motions désordonnées peuvent venir de notre « nature corrompue » comme on disait autrefois ; aujourd’hui on dirait plutôt qu’elles proviennent de nos « blessures », ce qui revient au même. Elles peuvent aussi venir du démon ; Il s’agit alors de tentations. Parfois, à l’inverse, nous sommes mus par de bons mouvements : désir sincère et désintéressé d’aider quelqu’un, etc.

 

Ces bons mouvements peuvent avoir une origine naturelle (tout n’est pas corrompu en nous !) ou surnaturelle, c’est-à-dire être, de manière pas forcément consciente, le fruit du travail de la grâce divine dans nos cœurs. Notons aussi que certains mouvements apparemment bons (dont l’objet semble bon) peuvent ne pas l’être en réalité, et provenant plutôt du démon, qui est rusé et qui nous pousse parfois à faire quelque chose qui paraît bon, mais qui, de fait, serait contraire à la volonté de Dieu sur nous, et dont les fruits seraient négatifs dans notre vie.

 

Le climat d’intériorité dont nous traitons nous aide à nous rendre compte de la diversité de ces mouvements, de leur origine, de leurs effets : par exemple ceux qui laissent en nous joie et paix, et ceux qui, au contraire, suscitent trouble et tristesse, etc.

 

Cet examen de notre cœur nous aidera en particulier à prendre conscience de certains mouvements qui de temps en temps nous sollicitent, et qu’avec un peu d’expérience nous deviendrons capables d’identifier comme des invitations de l’Esprit Saint qui nous pousse à faire (ou à ne pas faire !) certaines choses. Ce sont ces inspirations de la grâce dont nous parlons et qu’il est si important de pouvoir suivre, car elles sont très fécondes pour notre progrès spirituel et très précieuses pour nous assister dans notre service de Dieu et du prochain. Elles peuvent être plus ou moins abondantes, cela dépend de Dieu.

 

Mais moins on en laisse perdre, mieux ça vaut, car elles nous ouvrent à l’action de « l’esprit Saint qui vient au secours de notre faiblesse » (Rm 9, 26)

 

 

 

 

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :