Excellence de l’union des amis de la Croix, avec saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Excellence de l’union des amis de la Croix

(saint Louis-Marie Grignion de Montfort)

 

 

Vous êtes unis ensemble, Amis de la Croix, comme autant de soldats crucifiés, pour combattre le monde ; non en fuyant comme les religieux et les religieuses, de peur d’être vaincus ; mais comme de vaillants et braves guerriers sur le champ de bataille, sans lâcher le pied et sans tourner le dos. Courage ! Combattez vaillamment !

 

Unissez-vous fortement de l’union des esprits et des cœurs, infiniment plus forte et plus terrible au monde et à l’enfer que ne le sont aux ennemis de l’Etat les forces extérieures d’un royaume bien uni. Les démons s’unissent pour vous perdre, unissez-vous pour les terrasser. Les avares s’unissent pour trafiquer et gagner de l’or et de l’argent ; unissez vos travaux pour conquérir les trésors de l’éternité, renfermés dans la Croix. Les libertins s’unissent pour se divertir ; unissez-vous pour souffrir.

 

 

Grandeur du nom d’ami de la Croix

 

Vous vous appelez Amis de la Croix. Que ce nom est grand ! Je vous avoue que j’en suis charmé et ébloui. Il est plus brillant que le soleil, plus élevé que les cieux, plus glorieux et plus pompeux que les titres les plus magnifiques des rois et des empereurs. C’est le grand nom de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme tout ensemble : c’est le nom sans équivoque d’un chrétien.

 

Mais, si je suis ravi de son éclat, je ne suis pas moins épouvanté de son poids. Que d’obligations indispensables et difficiles renfermées en ce nom, et exprimées par ces paroles du Saint-Esprit « [Vous êtes] la race choisie, l’ordre des prêtres-rois, la nation sainte, le peuple conquis. »

 

Un Ami de la Croix est un homme choisi de Dieu, entre dix mille qui vivent selon les sens et la seule raison, pour être un homme tout divin, élevé au-dessus de la raison, et tout opposé aux sens par une vie et une lumière de pure foi et un amour ardent pour la Croix.

 

Un Ami de la Croix est un roi tout-puissant, et un héros triomphant du démon et de la chair dans leurs trois concupiscences. Par l’amour de la pauvreté, il triomphe de l’avarice du monde ; par l’amour de la douleur, il amortit la sensualité de la chair.

 

Un Ami de la Croix est un homme saint et séparé de tout le visible, dont le cœur est élevé au-dessus de tout ce qui est caduc et périssable, et dont la conversation est dans les cieux, qui passe sur la terre comme un étranger et un pèlerin et qui, sans y donner son cœur, la regarde de l’œil gauche avec indifférence, et la foule de ses pieds avec mépris.

 

Un Ami de la Croix est une illustre conquête de Jésus crucifié sur le Calvaire, en union de sa sainte Mère ; c’est un Bénoni ou Benjamin, fils de la douleur et de la droite, enfanté dans son cœur douloureux, venu au monde par son côté droit percé, et tout empourpré de son sang. Tenant de son extraction sanglante, il ne respire que croix, que sang et que mort au monde, à la chair et au péché, pour être tout caché ici-bas avec Jésus-Christ en Dieu.

 

Enfin, un parfait Ami de la Croix est un vrai porte-Christ ou plutôt un Jésus-Christ, en sorte qu’il peut dire avec vérité « Je vis ; non je ne vis plus, mais Jésus-Christ vit en moi » (Ga 2, 20)

 

 

Êtes-vous par vos actions, mes chers Amis de la Croix, tels que votre grand nom signifie ? Ou du moins avez-vous un vrai désir et une volonté véritable de le devenir, avec la grâce de Dieu, à l’ombre de la Croix du Calvaire et de Notre-Dame de Pitié ? Prenez-vous les moyens nécessaires pour cet effet ? Êtes-vous entré dans la vraie voie de la vie, qui est la voie étroite et épineuse du Calvaire ? N’êtes-vous point, sans y penser dans la voie large du monde, qui est la voie qui paraît droite et sûre à l’homme, et qui conduit à la mort ?

 

Distinguez-vous bien la voix de Dieu et de la grâce d’avec celle du monde et de la nature ? Entendez-vous bien la voix de Dieu notre bon Père qui, après avoir donné sa triple malédiction à tous ceux qui suivent les concupiscences du monde vous crie amoureusement, en vous tendant les bras, Séparez-vous, mon peuple choisi, chers Amis de la Croix de mon Fils ; séparez-vous des mondains, maudits de ma Majesté, excommuniés de mon Fils, et condamnés de mon Saint-Esprit. Prenez garde de vous asseoir dans leur chair tout empestée, n’allez point dans leurs conseils, ne vous arrêtez pas même dans leur chemin. Fuyez du milieu de la grande et infâme Babylone ; n’écoutez que la voix, et ne suivez que les traces de mon Fils bien-aimé, que je vous ai donné pour être votre voie, votre vérité, votre vie, et votre modèle.

 

L’écoutez-vous, cet aimable Jésus, qui vous crie, chargé de sa croix : « Venez après moi (Mt, 4, 19) ; celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres (Jn 8, 12) ; confiez-vous, j’ai vaincu le monde (Jn 16, 33). »

 

 

Les deux partis

 

Voilà, mes chers confrères, voilà deux partis qui se présentent tous les jours : celui de Jésus-Christ et celui du monde.

 

Celui de notre aimable Sauveur est à droite, en montant, dans un chemin étroit et rétréci plus que jamais par la corruption du monde. Ce bon Maître y est en tête, marchant les pieds nus, la tête couronnée d’épines, le corps tout ensanglanté, et chargé d’une lourde Croix. Il n’y a qu’une poignée de gens, mais des plus vaillants, à le suivre, parce qu’on n’entend pas sa voix si délicate au milieu du tumulte du monde ; ou on n’a pas le courage de le suivre dans sa pauvreté, ses douleurs, ses humiliations et ses autres croix qu’il faut nécessairement porter à son service tous les jours de la vie.

 

A gauche est le parti du monde ou du démon, lequel est le plus nombreux, le plus magnifique et le plus brillant, du moins en apparence. Tout le plus beau du monde y court ; on y fait presse, quoique les chemins soient larges, et plus élargis qua jamais par la multitude qui y passe comme des torrents ; ils sont jonchés de fleurs, bordés de plaisir et de jeux, couverts d’or et d’argent.

 

A droite, le petit troupeau qui suit Jésus-Christ ne parle que de larmes, de pénitences, d’oraisons et de mépris du monde ; on entend continuellement ces paroles entrecoupées de sanglots : « Souffrons, pleurons, jeûnons, prions, cachons-nous, humilions-nous, appauvrissons-nous, mortifions-nous ; car celui qui n’a pas l’esprit de Jésus-Christ, qui est un esprit de croix, n’est point à lui ; ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec leurs concupiscences ; il faut être conforme à l’image de Jésus-Christ ou être damné. Courage, s’écrient-ils, courage ! Si Dieu est pour nous, en nous et devant nous, qui sera contre nous ? Celui qui est nous est plus fort que celui qui est dans le monde. Le serviteur n’est pas plus que le maître. Un moment d’une légère tribulation produit un poids éternel de gloire. Il y a moins d’élus qu’on ne pense. Il n’y a que des courageux et violents qui ravissent le ciel de vive force ; personne n’y sera couronné que celui qui aura combattu légitimement selon l’Evangile, et non pas selon la mode. Combattons donc avec force, courons bien vite afin que nous atteignions le but, afin que nous gagnions la couronne ! »

 

Voilà une partie des paroles divines dont les Amis de la Croix s’animent mutuellement.

 

Les mondains, au contraire, pour s’animer à persévérer dans leur malice sans scrupule, crient tous les jours : « La vie, la vie ! La paix, la paix ! La joie, la joie ! Mangeons, buvons, chantons, dansons, jouons ! Dieu est bon, Dieu ne nous a pas faits pour nous damner ; Dieu ne défend pas de se divertir, nous ne serons pas damnés pour cela ; point de scrupule ! … »

 

Souvenez-vous, mes chers confrères, que notre bon Jésus vous regarde à présent, et vous dit à chacun en particulier :

 

« Voilà que quasi tout le monde m’abandonne dans le chemin royal de la Croix. Les idolâtres aveugles se moquent de ma Croix comme d’une folie, les Juifs obstinés s’en scandalisent comme d’un objet d’horreur ; les hérétiques la brisent et l’abattent comme une chose digne de mépris. Mais, ce que je ne puis dire que les larmes aux yeux et le cœur percé de douleur, mes enfants que j’ai élevés dans mon sein et que j’ai instruits en mon école, mes membres que j’ai animés de mon esprit, m’ont abandonné et méprisé, en devenant les ennemis de ma Croix ! Voulez-vous point aussi, vous autres, m’abandonner, en fuyant ma Croix, comme les mondains, qui sont en cela autant d’antéchrists ? Voulez-vous, afin de vous conformer à ce siècle présent, mépriser la pauvreté de ma Croix, pour courir après les richesses ; éviter la douleur de ma Croix, pour rechercher les plaisirs ; haïr les humiliations de ma Croix, pour ambitionner les honneurs ? J’ai beaucoup d’amis en apparence, qui protestent qu’ils m’aiment et qui, dans le fond, me haïssent, parce qu’ils n’aiment pas ma Croix ; beaucoup d’amis de ma table, et très peu de ma Croix. »

 

* ! * ! * ! * ! * ! *

 

 

 

3 commentaires sur « Excellence de l’union des amis de la Croix, avec saint Louis-Marie Grignion de Montfort »

  1. Merci ! est-ce un hasard si ce soir à la télé sur C8 j’ai vu mère TERESA partie 2 suivi de Saint Philippe ? Jamais rassasiée de Dieu, Sa vérité et Son amour, Merci aux amis de la croix ! Vivement…

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