A l’école de l’Esprit Saint
Père Jacques Philippe
Responsable de la communauté des Béatitudes
(imprimatur : 18 mai 1995)
A Celle qui nous dit : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jean 2,5)
Comment reconnaît-on
qu’une inspiration est de Dieu ?
Cette question est vraiment délicate car une multitude parfois confuse de pensées, émotions et sensations nous habitent intérieurement et il est pourtant indispensable de reconnaître les inspirations qui ont Dieu pour origine.
Comment identifier ce qui vient du Saint-Esprit, et ne pas le confondre avec ce qui peut être le fruit de notre imagination, autosuggestion, tentations du démon, etc. ?
Il n’y a évidemment pas de réponse automatique. Notre moi, et les différentes influences qu’il subit, d’ordre psychologique ou spirituel, forme un univers infiniment trop complexe pour qu’on puisse réduire le discernement des motions de l’Esprit Saint à quelques règles qu’il suffirait d’appliquer mécaniquement.
On peut faire certaines remarques et formuler certains critères qui permettent de s’orienter. Ces critères ne permettent pas d’arriver à une infaillibilité qui n’existe pas en la matière, mais sont suffisants cependant pour aller de l’avant (même si c’est parfois un peu à tâtons) et pour rendre possible une collaboration de plus en plus étroite de notre liberté avec la grâce divine.
1. Acquisitions progressives d’un sens spirituel
Avant de passer en revue les critères qui permettent de discerner les motions de l’Esprit, nous voudrions faire une remarque importante.
En fin de compte, ce qui nous permettra de reconnaître le plus facilement et promptement les motions divines et d’y correspondre, c’est le développement en nous d’une sorte de sens spirituel, qui est inexistant ou très grossier au départ de notre vie, mais qui peut beaucoup s’affiner par l’expérience, et surtout par la fidélité à cheminer résolument à la suite du Seigneur (1)
(1) Le développement de ce sens spirituel relève de la théologie des dons du Saint Esprit, telle que saint Thomas et beaucoup d’autres ont pu la développer, chacun à sa manière propre. Nous ne voulons pas y entrer, parler en détail des divers dons du Saint-Esprit, car nous voulons garder cet exposé le plus simple possible.
Retenons cependant que ses sept dons (à savoir la sagesse, l’intelligence, la science, le conseil, la force, la piété et la crainte) vous seront explicités dans un futur numéro de notre revue.
Cette ouïe spirituelle est comme une capacité de reconnaître, parmi toutes les voix multiples et discordantes qui se font entendre à l’intérieur de nous-mêmes, la voix unique et reconnaissable de Jésus. Ce sens est comme une co-naturalité amoureuse, qui nous fait de plus en plus facilement distinguer la voix de l’Epoux, dans le concert de toutes les sonorités qui se présentent à notre oreille.
Le saint-Esprit utilise pour chacun un ton de voix, un timbre qui lui est propre: une douceur et une force, une pureté et une clarté particulière qui, quand nous nous sommes habitués à l’entendre, nous donnent de le reconnaître presque à coup sûr. Le démon bien sûr, singe de Dieu, pourra parfois chercher à imiter cette voix de l’Epoux. Mais si nous nous sommes vraiment accoutumés à cette dernière par une familiarité amoureuse et par une recherche constante et pure de la volonté divine, nous reconnaîtrons facilement la voix qui, même si elle est bien imitée, sonne faux quelque part, et n’est donc pas celle de Jésus.
Que ce sens spirituel nous soit donné progressivement par le Saint-Esprit, c’est ce que promet Jésus dans l’Evangile de Jean. Parlant de lui-même comme du Bon Berger, il dit : « Les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (Jn, 10,4-5).