Comment reconnaît-on qu’une inspiration est de Dieu ? Les critères qui permettent de dire qu’une inspiration vient de Dieu – Père Jacques Philippe (ASDE 17/2)

A l’école de l’Esprit Saint

 

Père Jacques Philippe

Responsable de la communauté des Béatitudes

(imprimatur : 18 mai 1995)

A Celle qui nous dit : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jean 2,5)

 

Comment reconnaît-on

qu’une inspiration est de Dieu ? (2)

 

2. Les critères qui permettent de dire qu’une inspiration vient de Dieu.

 

Pour se constituer progressivement, ce sens spirituel a besoin de se baser dur des critères de discernement. Voyons maintenant les plus importants.

 

Critère externe : Dieu ne se contredit pas

Il y a un certain nombre de critères pourrait-on dire externes auxquels doivent nécessairement correspondre les inspirations pour venir de Dieu ; ces critères permettent principalement d’éliminer comme ne pouvant pas venir de Dieu certaines pseudo-inspirations se présentant à nous. Ces critères découlent simplement de la cohérence de Dieu : l’Esprit Saint ne peut pas par ses inspirations nous demander quelque chose qui soit contradictoire avec sa volonté telle qu’elle s’exprime par des moyens plus usuels : la parole de Dieu, l’enseignement de l’Eglise, les exigences de notre vocation.

 

Cohérence avec l’Ecriture Sainte et l’enseignement de l’Eglise

Une inspiration divine ne peut pas nous inciter à faire quelque chose qui serait en contradiction avec ce que nous enseigne et nous demande la Parole de Dieu. Et non pas une Parole de Dieu livrée à la fantaisie interprétative de chacun mais l’Ecriture Sainte telle qu’elle nous est transmise et expliquée par le magistère de l’Eglise. Par exemple une inspiration ne peut me demander d’accomplir des actes que l’Eglise considère comme immoraux.

 

De même, les inspirations authentiques iront toujours dans le sens d’un esprit d’obéissance à l’Eglise. Un religieux qui désobéirait à ses supérieurs, ou un évêque au Saint-Père, même pour un but en soi louable, ne serait sans doute pas sous l’inspiration divine. « Quand Dieu jette des inspirations dans un cœur, la première qu’il y répand, c’est celle de l’obéissance » (2), dit saint François de Sales.

(2) Traité de l’Amour de Dieu, livre 8, chapitre 10

 

 

 

Cohérence avec les exigences de ma vocation propre

De ma vocation particulière (comme personne mariée, parent, prêtre, consacré, etc.) et de ma situation de vie (mes devoirs professionnels, etc.) découle tout un ensemble d’exigences qui sont la volonté de Dieu sur moi.

Une inspiration ne peut me demander quelque chose qui serait en contradiction manifeste avec l’accomplissement de ce que l’on appelait autrefois les devoirs d’état. Le Saint-Esprit peut pousser une mère de famille à se laisser un peu moins préoccuper par les soins du ménage, pour dédier du temps à la prière. Mais s’il lui suggère de passer tellement de temps en contemplation que ses enfants et son mari en pâtissent, il y a lieu de se poser des questions. Les inspirations vont dans le sens du devoir d’état, n’en détournent pas mais, au contraire, facilitent son accomplissement.

Ce critère peut avoir parfois des domaines d’application un peu délicats, la limite que nous tracent nos devoirs d’état présente une certaine marge de flou. La contradiction entre le devoir d’état et certaines inspirations peut être parfois plus apparente que réelle. L’histoire de l’Eglise présente des cas-limites dans ce domaine : saint Nicolas de Flüe qui quitte sa famille, ou sainte Jeanne de Chantal qui enjambe un de ses fils, couché en travers de la porte pour l’empêcher de suivre l’appel à fonder la Visitation. Mais ces décisions n’étaient pas des coups de tête ; elles avaient été longuement mûries dans la prière, la réflexion, et soumises au discernement d’un père spirituel.

 

Il arrive parfois que nos devoirs familiaux ou professionnels soient un prétexte commode pour ne pas nous rendre à ce que l’Esprit Saint nous demande. Mais il reste que ce critère de cohérence entre les inspirations et les exigences propres à notre condition est important, et le prendre en considération peut éviter bien des illusions spirituelles.

 

 

Critère interne : On juge l’arbre à ses fruits

Le critère de discernement le plus important est celui qui est donné par Jésus lui-même dans l’Evangile : « On juge l’arbre à ses fruits » (Mt 12,33). Une inspiration de Dieu, si elle est suivie, sera féconde et portera de bons fruits : fruits de paix, de joie, de charité, de communion, d’humilité. Une inspiration qui vient de notre chair ou du démon sera stérile, voire portera des fruits négatifs : tristesse, amertume, orgueil, etc.

 

Ce critère est très important, mais il présente un énorme inconvénient : il ne peut être appliqué qu’après coup ! Une fois que la décision est prise, on mesure ses conséquences. Mais en pratique on préférerait évidemment avoir des critères qui permettent de prévenir les erreurs, et donc de savoir si une inspiration est de Dieu ou pas, avant de la mettre à exécution !

 

Malgré l’inconvénient cité, ce critère n’est pas du tout inutile. D’abord parce qu’il permet de se former l’expérience. Ensuite parce que, même avant l’exécution de la décision, certains fruits peuvent déjà se manifester à l’intérieur de nous-mêmes (fruits de paix, de joie, etc.)

 

Formation de l’expérience

Nous avons dit plus haut que notre capacité concrète à reconnaître les motions de l’Esprit provient de l’acquisition d’une sorte de sens spirituel. Ce dernier est un don de Dieu, mais il se développe et s’affermit aussi grâce à l’expérience.

 

En constatant le résultat produit par certaines décisions consécutives à ce que nous pensions être des inspirations, nous serons le plus souvent à même de nous rendre compte si notre idée venait de Dieu ou si elle était une production de notre seul psychisme. Cela ne sera pas toujours agréable pour notre orgueil ; nous n’aimons pas beaucoup reconnaître que nous nous sommes trompés. Mais il faut en passer par là…

 

Nous devons savoir que dans la vie spirituelle, même si nous sommes pleins de bonne volonté et pouvons être sûrs que Dieu nous assiste avec une grande fidélité, nous ne sommes en aucun cas dispensés de l’expérience d’un certain apprentissage, qui implique des tâtonnements, des succès et des erreurs. Dieu a voulu que les choses soient ainsi, c’est une loi humaine dont nul n’est exempté, même la personne la plus spirituelle. Si nous accueillons, avec humilité les leçons de l’expérience et allons de l’avant sans jamais nous décourager, dans la confiance que tout est grâce, alors se formera en nous une plus grande sûreté de jugement. Laquelle ne deviendra jamais une infaillibilité, qui n’existe ndre compte si notre idée venait de Dieu ou si elle était une production de notre seul psychisme. Cela ne qsera papas en ce bas monde. (3)

 

(3) Sauf bien sûr le charisme reconnu au Concile Œcuménique et au Saint-Père quand ils définissent ex cathedra la foi de l’Eglise.

 

L’expérience des résultats objectifs et aussi de l’état intérieur dans lequel nous laissent certaines de nos décisions (si elles nous laissent paisibles, humbles et joyeux, ou si elles nous laissent tristes, troublés, tendus…) nous permettra d’apprendre à, mieux reconnaître ce qui vient de Dieu et ce qui vient du démon ou de nous-même, de nos traits de caractère, de nos tendances, etc.

 

Prochain article : Le discernement des esprits

 

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