Ils ont vu le purgatoire
Un ouvrage de Jean Mathiot
Revenue à la vie pour aider les âmes.
Sainte Christine l’admirable
(1150-1224) Belgique, Saint-Trond.
Sainte Christine, vierge liégeoise, de Saint-Trond en Belgique, avait une dévotion aux âmes du Purgatoire. On ne pourrait croire les pénitences qu’elle s’imposait pour elles dans sa vie de bénédictine.

Elle termina sa vie toute angélique par une très sainte mort en 1182 ; elle avait 32 ans. Elle raconta, après sa résurrection, ce qu’elle vit. Son âme, reçue par les anges, fut conduite dans un lieu obscur et tout rempli d’âmes, où elle vit beaucoup de personnes de sa connaissance. On lui dit que c’était là le Purgatoire ; elle y vit les tourments qu’on y endurait.
De là, elle fut conduite en Enfer, et elle fut témoin des supplices des réprouvés ; elle y reconnut des personnes qu’elle avait connues autrefois.
Ensuite, elle fut transportée au Ciel, jusqu’au trône de la divine Majesté. Le Seigneur la regarda favorablement et lui dit : « Ma fille, je vous donne le choix : vous pouvez demeurer avec moi dès à présent et pour toujours, ou retourner sur la terre pour y souffrir de très grands tourments qui pourtant ne vous ôteront par la vie ; et cela afin de délivrer des flammes du Purgatoire toutes ces âmes dont les tourments vous ont causé tant de compassion, et de porter les pécheurs par l’exemple de votre vie pleine de souffrances, à rentrer dans le devoir et à prévenir par une pénitence sévère les maux éternels dont ils sont menacés. Après cela vous reviendrez ici, comblée de mérites. »
Après avoir entendu ces paroles, Christine n’hésita pas à quitter le Ciel pour revenir sur la terre, où elle commença à exécuter les choses pour lesquelles Dieu l’avait renvoyée sur la terre. Elle ressuscita en présence de ceux qui l’ensevelissaient. Ce ne fut rien pour elle de passer des jours sans boire ni manger. Elle ne faisait rien que par l’inspiration divine et par la force d’En-Haut. Elle opéra un nombre infini de conversions et fut pour des milliers de gens un instrument efficace de salut.

Dieu permettait souvent aux âmes qu’elle délivrait de lui apparaître et de la remercier. Elles se montraient souvent par groupes entiers.
Un jour, Louis, comte de Léon, dans la basse Allemagne, qui avait une grande vénération pour Christine, la fit venir pour l’aider à bien mourir malgré les écarts de comportements auxquels il s’était jadis livré. Christine pria beaucoup pour lui. Et Louis, plein de regrets, réconcilié par une bonne confession, rendit son âme à Dieu.

Il ne tarda guère à apparaître à Christine, la suppliant de le délivrer des tourments qu’il souffrait, grâce à ses prières et pénitences. Elle accepta de souffrir une partie des peines qu’endurait Léon, y ajoutant bien d’autres pénitences, allant jusque dans les lieux où Léon s’était perverti, pour y prier et faire pénitence afin d’expier à la place de Léon. Elle continua ses austérités, déconcertantes pour ceux qui la voyaient, jusqu’à un jour Léon lui apparut de nouveau mais cette fois environné de gloire. Il la remercia chaleureusement. Christine fut remplie de joie de voir l’âme de Léon monter dans les splendeurs célestes.
Enfin, chargée d’années et de mérites, Christine s’endormit de nouveau dans le Seigneur et alla recevoir la récompense de sa vie offerte pour le salut d’un grand nombre, en union avec son Seigneur. Elle avait 74 ans.
Bibliographie : Surius, Vie de Christine, l’Admirable, 23 juin.
Denys-le-Chartreux, De quatuor novissimis, ch. 50