L’avis de Cap Fatima sur la récente demande adressée au pape par les évêques ukrainiens pour qu’il consacre la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie…
Pourquoi consacrer l’Ukraine en plus de la Russie ?
Consécration du 25 mars 2022

1ère Partie de 2
Chers amis,
L’actualité nous conduit une fois de plus à vous envoyer une lettre de liaison sans attendre l’échéance mensuelle. En effet, depuis quelques jours, plusieurs personnes nous ont demandé notre avis sur la récente demande adressée au pape par les évêques ukrainiens pour qu’il consacre la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie, ainsi que sur la réponse du Saint-Siège. Étant donné l’importance et la gravité du sujet, cette lettre sera plus longue que les lettres habituelles.
La demande des évêques ukrainiens

Cette demande est probablement le fruit des nombreuses prières qui ont été faites à cette intention depuis quelque temps. Par exemple, le 2 février dernier, des amis américains, qui avaient déjà suggéré en 2013 à Vladimir Poutine de demander au Saint-Père de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie (voir lettre de liaison n° 122), lancèrent une neuvaine à saint Maximilien Kolbe, du 3 au 11 février, pour obtenir que le pape fasse enfin cette consécration. À l’issue de cette neuvaine, l’un d’eux prit l’initiative de téléphoner au Métropolite Boris Gudziak à Rome pour l’inciter à contacter l’archevêque Shevchuk, chef de l’Église catholique ukrainienne, afin de le persuader de demander au pape, en union avec tous les évêques catholiques ukrainiens, de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Ce contact eut lieu par téléphone vers le 17 février.

Il n’est bien sûr pas possible de savoir quel en fut l’impact réel sur Mgr Shevchuk. Mais, il est venu s’ajouter aux grâces reçues par Mgr Shevchuk suite aux prières de tous les catholiques ayant prié à cette intention ; et il n’est pas exclu qu’il ait contribué pour une petite part à la décision de l’épiscopat ukrainien. Quoi qu’il en soit, le 2 mars (mercredi des Cendres), les évêques d’Ukraine ont envoyé au pape François la lettre suivante :
Saint-père,
En ces heures de douleur incommensurable et de terrible épreuve pour notre peuple, nous, évêques de la Conférence épiscopale d’Ukraine, devenons les porte-parole de l’appel implacable et sincère, soutenu par nos prêtres et nos personnes consacrées, qui nous vient de tout le peuple chrétien, afin que Votre Sainteté consacre notre Patrie et la Russie au Très Saint Cœur Immaculé de Marie[1].
En réponse à cet appel, nous implorons humblement Votre Sainteté d’accomplir publiquement un acte de consécration au Très Saint Cœur Immaculé de Marie de l’Ukraine et de la Russie, comme l’a demandé la Très Sainte Vierge de Fatima.
Que la Mère de Dieu, Reine de la Paix, accepte nos supplications : Regina pacis, ora pro nobis ![2]
Parallèlement, les évêques ukrainiens demandèrent à tous les catholiques de réciter une très belle prière. (Voir annexe)
Que penser de la demande des évêques ukrainiens ?
Tout d’abord, la lettre demande clairement au pape « d’accomplir publiquement un acte de consécration au Très Saint Cœur Immaculé de Marie de l’Ukraine et de la Russie, comme l’a demandé la Très Sainte Vierge de Fatima ». Il s’agit donc bien de la consécration demandée par Notre-Dame.
Ensuite, cette lettre demande une consécration de l’Ukraine et de la Russie. L’ajout de l’Ukraine est-il conforme à la demande de Notre-Dame ? Dans son esprit, oui. Voici pourquoi.
Voici une carte de l’expansion de l’empire russe depuis le XIVe siècle :


Déjà sous Ivan le Terrible (1533 – 1584), une partie de l’Ukraine était russe. À partir de 1667, toute la partie de l’Ukraine située à l’Est du Dniepr, y compris la ville de Kiev, est russe. En 1793, la quasi-totalité de l’Ukraine est russe. Aussi, en 1914, au début de la première guerre mondiale, l’Ukraine est une province russe depuis plus d’un siècle et certaines parties depuis trois siècles et demi.
Profitant de la révolution russe, l’Ukraine tenta de devenir indépendante en janvier 1918. Il s’en suivit quatre années de troubles, pour ne pas dire de guerre civile, pour finalement être intégrée à l’URSS lors de sa création en 1922.
Voici la carte des frontières occidentales de la Russie en 1914 et 1922.

Voici comment les frontières de la Russie de 1914 (en rouge) et de 1922 (en noir) coupent l’Ukraine actuelle :

Ainsi, la plus grande partie de l’Ukraine a toujours fait partie de la Russie, mise à part la courte tentative d’indépendance entre 1918 et 1922.
Avec la chute du mur de Berlin en 1989, suivie par la fin de l’URSS deux ans plus tard, l’Ukraine devient réellement indépendante pour la première fois de son histoire en 1991. Son indépendance est donc très récente. Aussi, en 1917, lorsque la Sainte Vierge demanda la consécration de la Russie, l’Ukraine était-elle une province russe. Il n’est donc pas exagéré de dire que l’Ukraine, au moins pour sa partie orientale, fait partie de la Russie, comme l’Alsace et la Lorraine font partie de la France depuis leur rattachement à la France au XVIIe et au XVIIIe siècle. La demande des évêques ukrainien de consacrer la Russie et l’Ukraine est donc parfaitement légitime et conforme à la demande de Notre-Dame.

Elle est également conforme dans son esprit. Car dans la prière envoyée conjointement par les évêques ukrainiens, il est demandé de prier pour obtenir « en particulier la conversion de la Russie » (voir annexe). Or c’est précisément une des raisons pour lesquelles Notre-Dame a demandé cette consécration. En effet, le 17 juillet 1917, elle confia aux trois petits voyants : « Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. »
La demande des évêques ukrainiens est donc tout à fait conforme à la demande de Notre-Dame, aussi bien dans sa forme que dans son esprit.
Quelques jours après cet appel, le 13 mars, le père Andrzej Draws, recteur du sanctuaire de la Vierge Marie de Fatima à Krisovychi, en Ukraine occidentale, demanda à tous les sanctuaires du monde dédiés à Notre-Dame de Fatima de s’unir dans la prière pour demander la conversion de la Russie.
Que penser de la réponse du Saint-Siège ?
Le 15 mars, le bureau de presse du Saint-Siège déclara :
Le vendredi 25 mars, au cours de la célébration pénitentielle qu’il présidera à 17 heures dans la basilique Saint-Pierre, le pape François consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie.
Le même acte, le même jour, sera accompli à Fatima par Son Éminence le cardinal Krajewski[3], aumônier apostolique, en tant qu’envoyé du Saint-Père.

Ce même jour, la Conférence épiscopale d’Amérique latine (CELAM) décida de s’unir au Saint-Père pour cette consécration et invitait les catholiques, les organisations ecclésiastiques et les conférences épiscopales à “se joindre aux intentions du Saint-Père“.
Cette décision des évêques d’Amérique latine est particulièrement importante. Elle montre que, étant donné la tournure des événements, les évêques veulent que cette consécration soit faite, même en l’absence d’ordre du Saint-Siège, ce qui est un grand signe d’espoir. Prions, prions beaucoup, pour que tous les évêques du monde, en particulier ceux qui ont consacré leur pays au Cœur Immaculé de Marie en 2020 (voir lettre de liaison n° 107), fassent de même.

Les demandes de Notre-Dame
Il faut cependant se garder d’un optimisme béat. Car les choses ne sont pas si simples. Tout d’abord, rappelons les demandes du Ciel. Elles sont au nombre de six.
Le jour choisi, le pape doit :
1) en union avec tous les évêques du monde entier,
2) consacrer,
3) la Russie,
4) au Cœur Immaculé de Marie,
5) avec un acte public et solennel de réparation, et
6) promettre d’approuver et de recommander la communion réparatrice des premiers samedis du mois.

Voici les paroles de Notre-Dame :
13 juillet 197 : « Pour l’empêcher [la guerre], je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. »
29 juin 1929 : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé. Il promet de la sauver par ce moyen. »
Et voici les précisions données par Notre-Seigneur à sœur Lucie en mai 1930, précisions qu’elle transmit par lettre à son confesseur : « Le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Sa Sainteté promettant, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice. »
Le 12 juin 1930, suite à une nouvelle révélation de Notre-Seigneur, elle transmit mot pour mot à son confesseur les mêmes précisions.
Six ans plus tard, le 18 mai 1936, elle écrivit à son confesseur : « Le Cœur Immaculé de Marie sauvera la Russie, elle lui est confiée. »
La réponse des papes
Depuis la demande de Notre-Dame en 1929, neuf actes ont été accomplis par les papes : trois par Pie XII, un par Paul VI, quatre par Jean-Paul II et un par François. Voici un tableau résumant comment chacun de ces actes vérifie les conditions précisées par Notre-Seigneur :


Nota 1 : Paul VI ne donna aucun ordre aux évêques. Jean-Paul II dit simplement qu’il faisait son acte « en union spirituelle » avec les évêques.
Nota 2 : Le terme employé lors de ces actes fut “remettre” et non pas “consacrer“.
Nota 3 : La formule employée par Pie XII fut : « spécialement à ceux [les peuples] qui professent pour vous une singulière dévotion et chez lesquels il n’y avait pas de maison qui n’honorât votre vénérable icône ». Celles employées par Jean-Paul II furent : « les nations qui ont particulièrement besoin de cette offrande et de cette consécration » et « les peuples dont tu attends de nous la consécration et l’offrande ».
Nota 4 : Jean-Paul II n’a pas consacré le monde au Cœur Immaculé de Marie mais à la “Mère des hommes et des peuples“. Toutefois, il mentionna trois fois le Cœur Immaculé de Marie et affirma clairement qu’il voulait refaire l’acte de consécration de Pie XII, lequel était bien un acte de consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

Ainsi, aucun des neuf actes accomplis jusqu’à présent par les papes n’a satisfait à toutes les conditions demandées par Notre-Seigneur. En particulier, il n’y eut ni acte public de réparation, ni promesse de reconnaître la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois.
A suivre…