Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renonce, porte sa croix et me suive
Être votre disciple, c’est être tout à Vous, c’est vous appartenir pleinement. Vous être parfaitement uni, ne faire plus qu’un avec Vous, ne plus vivre, mais que Vous viviez en nous, c’est l’union parfaite avec Vous, oh ! mon Dieu, comme je dois désirer être votre disciple ; c’est la plus grande gloire que je puisse Vous procurer : « La gloire de Dieu, c’est que vous deveniez mes disciples et que vous rapportiez du fruit », et c’est son plus grand bien… et faisons ce qu’il faut pour cela ; c’est aussi d’une douceur suprême ! Douce fin, doux moyen ! se renoncer, qu’est-ce ? C’est s’oublier, faire abstraction de soi, ne pas plus s’occuper de soi que si on n’existait pas : on n’a plus ni intérêt, ni goût, ni volonté, ni rien, on cesse d’être, on ne s’occupe en rien de soi, on s’oublie, on s’oublie absolument, si on ne cherche plus son propre bien, ne recherchera-t-on plus rien du tout ?… Ce cœur, cet esprit vide de soi, resteront-ils ainsi vides ?… Non, pas un instant, si on se vide de soi, c’est pour être rempli de Dieu, si on s’oublie soi, c’est pour ne penser qu’à Dieu, si on ne recherche plus son propre bien, c’est pour chercher à tout instant le bien de Dieu : ainsi, se renoncer, c’est s’oublier entièrement soi-même et rechercher en tous les instants de sa vie le plus grand bien de Dieu… en d’autres termes, se renoncer, c’est cesser de s’aimer soi-même pour ne plus aimer que Dieu seul…
Porter sa croix, c’est porter non pas n’importe quelle croix, mais la nôtre, celle que Dieu nous donne ; c’est porter, à tout heure de la vie, la croix que Dieu nous donne, par conséquent c’est obéir parfaitement à Dieu (dont la volonté se manifeste surtout par ses représentants), pendants toutes les heures, tous les instants de notre vie, recevant à chaque moment, amoureusement, patiemment, courageusement, avec obéissance, conformité, à votre volonté, foi, reconnaissance, tout ce que Dieu nous envoie ; c’est donc Lui obéir parfaitement… Comme nous ne devons jamais nous imposer une croix nous-même, mais porter toujours celle que Dieu veut de nous, porter notre croix, se réduit à Lui obéir. Il nous manifeste sa volonté par une foule de moyens ; en cas de doute, le directeur spirituel décide, en qualité de représentant de Dieu pour nous, à faire à tout instant de notre vie sa volonté.
Le suivre, c’est L’imiter, c’est imiter Jésus en tout, partager sa vie comme le faisaient la sainte Vierge, saint Joseph, les apôtres, c’est-à-dire, d’une part, en conformant comme eux notre âme semblable à son âme infiniment parfaite ; d’autre part, en conformant comme eux notre vie extérieure à la sienne, partageant comme ils l’ont fait, sa pauvreté, son abjection, ses travaux, ses fatigues, enfin tout ce qui fut le côté visible de sa vie… Soyons unis, soyons avec Jésus ; et pour cela, aimons-Le, obéissons-Lui, imitons-Le.