Méditations sur les Evangiles
Avec le père Charles de Foucauld
« Samedi de la semaine de la Passion –
Jésus a encore sept jours à vivre à Béthanie. »
Mon Dieu, c’est en ce soir du dernier samedi de votre vie, soir d’amour et de douleur, soir de douceur, car Vous êtes présent, et de douleur car Vous êtes si près de mourir et de tant souffrir, c’est en ce soir que Magdeleine répand sur vos pieds et votre tête des parfums, « pour Vous ensevelir », dites-Vous. En répandant les parfums, en brisant le flacon, elle répand à vos pieds, elle Vous donne totalement tout son être, corps et âme, cœur et esprit : tout ce qu’elle est, elle le donne : elle répand le parfum et brise le vase… elle ne garde rien, elle se donne toute, tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle a : comme plus tard à la sainte Baume, sans rien garder pour elle, sans rien garder d’elle. « Ecce venio ut. » Sainte Magdeleine, donnez-moi Jésus. Donnez-moi à Lui comme vous vous êtes donnée, sans rien garder de vous, ni à vous, donnez-moi tout entier : « ego illi… » « Ecce venio ut faciam voluntatem tuam »
Faites-moi tout donner à l’Unique Bien-aimé ; tout moi et tout ce qui est à moi : le parfum et le vase, l’âme et le corps : tout « Holocausta non coluisti ecce venio. »

Cœur Sacré de Jésus, que Vous êtes bon de me donner dans sainte Magdeleine une si bonne mère et un si parfait exemple : un modèle si parfait du don complet – le parfum et le vase – qu’il faut taire de soi, et de la manière dont il faut se donner pour que le don soit parfait : pour que le don soit total – le parfum et le vase – il faut comme Magdeleine, se donner dans l’amour, l’obéissance, l’imitation, l’adoration, l’esprit de victime en union à la Victime du Calvaire, la pauvreté, la charité, la pénitence, le zèle des âmes, l’amour de la solitude, du silence et de l’oraison
Faire tout en vue de Dieu, au fond, consiste à n’avoir d’yeux que pour Dieu, à toujours regarder Dieu, et alors, naturellement, sans cesse on n’agit que pour Lui… Quand on aime un être, on le regarde sans cesse, on n’a d’yeux que pour lui, on n’a de pensées que pour lui, on est tout entier tourné vers lui, toutes les pensées, les paroles et les actions se rapportent à lui, à son bien, à son bon plaisir : c’est l’amour…

Faire tout en vue de Dieu, ne rien faire en vue de moi ou des créatures, cela consiste simplement à aimer Dieu… Si nous l’aimons, nous ferons tout en vue de Lui, nous ne regarderons que Lui, nous n’aurons de pensées que pour Lui, toutes nos pensées seront en vue de Lui… Nous n’aurons pas un regard pour nous ni pour les créatures, si ce n’est ce que comprend l’accomplissement de sa volonté en vue de Lui…
O mon Dieu, faites-nous Vous aimer, et alors nous ferons nécessairement tout en vous de Vous seul.
IL NE NOUS EST PAS POSSIBLE DE L’AIMER
ET DE VOULOIR ÊTRE COURONNÉS DE ROSES QUAN IL L’A ÉTÉ D’ÉPINES…
AIMONS-LE COMME IL NOUS A AIMÉS,
DE LA MÊME MANIÈRE, EN L’IMITANT,
C’EST-A-DIRE EN SOUFFRANT POUR LUI DÉCLARER NOTRE AMOUR
COMME IL A SOUFFERT POUR NOUS DÉCLARER LE SIEN…