Bienheureuse Thérèse Couderc

Ils ont vu le purgatoire

Un ouvrage de Jean Mathiot

Des foules chantant le Te Deum.
Bienheureuse Thérèse Couderc
(1805-1885) France.

Elle est la fondatrice de la Société de Notre-Dame du Cénacle.

Le 10 janvier 1180, elle disait à une confidente : « Je ne sais pas ce qui se passe, mais puisque Notre Seigneur permet que je puisse vous parler, je le ferai volontiers comme je le ferais avec personne. Depuis hier, je suis environnée de multitudes qui prient sans interruption, avec un accent pénétrant, un respect sans comparaison possible avec ce que j’ai jamais entendu. Elles chantent aussi sur un ton grave, les hymnes, les psaumes, les prières liturgiques. Elles supplient, elles gémissent, elles adorent la divine Majesté ; elles la louent avec un ensemble, une harmonie, une foi, une espérance, un amour ineffables. Je crois que ce sont les âmes du purgatoire.

Il y a des heures où j’en suis absorbée au possible, car, malgré moi il faut que je m’unisse à elles. Quelques fois j’en suis effrayée, parce qu’elles m’entourent et m’approchent de très près. Elles souffrent ; elles l’expriment d’une façon déchirante. Je voudrais bien en être délivrée : je le demande à Notre Seigneur, mais il ne m’exauce pas. »

Thérèse ne s’était pas encore ouverte à son confesseur sur cela. On lui conseilla de le faire, et le lendemain elle disait : « Le Père n’a pas peur et ne veut pas que j’aie peur. Il pense que ce sont les âmes du purgatoire ; et comme elles sont amies de Dieu, c’est, à mon avis, une bonne société. Je n’ai pas dormi cette nui ; elles ne m’ont pas quittée. J’ai vu des nôtres ; j’ai vu beaucoup de prêtres et de religieux. Lorsque j’ai reçu ce matin la sainte hostie, ils ont entonné le Te Deum. Au 4ème verset, malgré les efforts que j’ai fait pour m’occuper de Notre Seigneur, comme à l’ordinaire, j’ai dû les suivre et chanter avec eux : Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth.

Et Thérèse donnait à ces paroles une expression indéfinissable. « J’ai dû les suivre jusqu’à la fin, répétait-elle ; c’était admirable. Je vivrais encore longtemps que je ne pourrais oublier cette harmonie, cet accent, ce respect, dont rien sur la terre ne peut donner une idée. Chaque verset était chanté avec un sentiment conforme aux louanges et aux supplications qu’il exprime. Lorsqu’ils furent arrivés au dernier : In te Domine speravi : non confundat in aeternum, ils le chantèrent au moins dix fois avec une humilité, une ardeur et une confiance pleines d’amour. Ils sont là sans cesse ; je ne comprends point comment on ne les entend pas. Vous ne les entendez donc pas ? »

La Mère générale lui demanda si elle avait reconnu quelqu’un. « Pour les prêtres, comment les aurais-je reconnus, dit-elle, puisque je ne les connaissais pas. Parmi les religieux, il y en a, je crois, qui ont rempli quelques ministères dans cette maison. » Elle nomma seulement une ancienne Sœur, morte hors de la Société, d’où les scrupules l’avaient fait sortir.

« Pendant plusieurs heures de la nuit dernière, elle est restée là, à la gauche du lit, près du chevet ; elle a prié comme elle avait coutume de le faire durant sa vie ; j’ai reconnu sa manière de réciter les prières vocales. Elle m’a beaucoup fatiguée. J’ai prié pour elle, j’ai jeté de l’eau bénite pour la faire taire ; elle s’est un peu éloignée pendant un moment, puis elle est revenue. Ce matin, elle n’y est plus. »

Thérèse disait encore : « Ce sont des multitudes. Comment ne les entendez-vous pas ? Il y a des voix d’hommes, des voix de femmes, des voix d’enfants… Comme ils prient ! Comme ils chantent ! Oh, si nous savions prier comme eux ! Que notre manière de prier est inconvenante et grossière auprès de celle-là ! Où est notre respect ? »

Bibliographie : Pratique de tout suffrage. R.P. Jouët Ed. Dillen, Issoudun.

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