« Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » (Mt 26, 41)
Cette parole est une véritable recommandation, forte et pressante, que nous fait Notre Seigneur Jésus. Ce n’est bien entendu pas sans raison qu’il nous presse à mettre la prière au centre de notre vie.

La prière est d’abord le moyen qui nous permet d’entrer en relation avec le Très Haut, notre bon Père du Ciel, qui nous sollicite à nous entretenir avec Lui, dans un cœur à cœur profond qu’il désire voir grandir, afin que nous puissions recevoir toujours davantage les immenses et nombreux bienfaits dont il veut nous combler chaque jour.
Car nous avons grand besoin de ses grâces pour faire face à l’Ennemi qui rôde comme un voleur, toujours prêt à dévorer une proie pour la soustraire à l’Amour de notre Créateur et l’entraîner avec lui dans ses œuvres mauvaises. Qui connaît le mieux le père du mensonge sinon Dieu lui-même puisqu’il est comme nous une de ses créatures, qui fut, souvenez-vous en, la plus belle et la plus admirable après Lui. Après sa chute, lui ayant laissé tous les attributs de sa puissance, notre Père sait combien il a l’art de détourner ses enfants de Lui. Nous avons donc besoin de puiser aux sources mêmes du salut les forces indispensables pour lui faire face. Il sait très bien que si nous nous battons seuls, le combat est par trop inégal. Nous devons donc savoir que nous avons besoin de son secours, qu’Il est disposé à nous apporter toute son aide afin de nous voir sortir vainqueur des batailles à mener contre l’adversaire, et contre nous ! Et c’est au travers de la prière que nous pouvons implorer cette assistance.

Le « Notre Père » est certainement la prière de demande idéale puisque, après avoir invoqué son Saint Nom, en demandant que sa volonté soit faite, nous l’invoquons pour qu’il nous protège matériellement et spirituellement. Le pain de chaque jour est en effet autant le pain nécessaire à satisfaire nos besoins premiers pour subsister que le pain célestiel dont notre âme a un besoin quasi indispensable pour croître dans notre relation avec Lui et se prémunir du Mal. Nous sachant pauvres pécheurs, nous sollicitons de sa part qu’il nous pardonne de toutes nos faiblesses, petites ou grandes. Son pardon, Il nous l’accordera chaque fois que nous le lui demanderons, si notre cœur est désireux de changer, chaque fois et autant de fois que nécessaire d’ailleurs. Mais ce pardon, nous le recevrons dans la mesure où nous serons nous aussi capables de pardonner à ceux qui auraient pu nous nuire d’une manière ou d’une autre.
A l’un de ses apôtres lui demandant de nous dire comment est le Père, le Christ répond « Celui qui m’a vu a vu le Père… Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en Moi… » (Jn 14, 9-10) et un peu plus loin, nous recevons l’assurance que nous serons toujours entendu « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. » (Jn 14, 13). Au travers de ce passage, chacun est ainsi conforté qu’en s’adressant au Fils, nous nous adressons au Père. Et un peu plus loin encore (Jn 14, 16-17) « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement en vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure en vous, et il sera en vous. »

Combien ce passage des écritures est magnifique et plein de grandeur. Il nous montre en effet que les trois personnes de la Trinité ne font qu’une seule et même personne. Qu’en priant l’un ou l’autre, nous les prions tous les trois et que par la prière nous les glorifions pour ce qu’ils sont, la Trinité Sainte de l’Amour vivant, dont chaque personne se donne l’une à l’autre dans un incessant va et vient d’amour. Et enfin, que cette admirable Trinité peut demeurer en nous, état si cher à notre sainte Elisabeth de la Trinité. C’est ce que Saint Jean reprend de Jésus dans ce même chapitre 14 au verset 23 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui ». Ne trouvez-vous pas cela extraordinaire. Ce message nous dépasse en fin de compte complètement en y regardant de plus près, et pourtant il est bien réel puisque c’est Jésus lui-même qui nous le déclare.

Nous pouvons comprendre également au travers de ces paroles, et toutes celles de ce chapitre 14 de St Jean, qui si nous voulons arriver sûrement au Père, c’est par son Fils que nous devons passer. Cela signifie aussi qu’il faut accepter de porter « sa » croix et notre croix avec Lui, car il n’y a pas de roses sans épines. Passer par Jésus, c’est aussi accepter de le rencontrer dans la sainte Eucharistie qui est le don du Père à ses enfants, au travers de laquelle nous nous abandonnons dans les bras de Jésus qui se donne à nous. Il y renouvelle à chaque fois son sacrifice de la Croix, auprès de laquelle Il nous emporte tous dans un immense élan d’Amour. Il nous fait revivre en ces quelques instants son Incarnation, sa Passion, sa Mort et sa Résurrection. C’est la Vie même de Jésus qui vient vivre en nous. En prenons-nous suffisamment conscience ?

Que la prière soit donc toujours l’élan de notre cœur vers notre bon Jésus, doux Seigneur et Maître de nos âmes. Répondons chaque jour à son invitation de nous entretenir avec Lui au fond de notre cœur, où il désire faire sa demeure en nous.
Christian Dachy
Editorial de la revue de mars 2015