Le sanctuaire Notre-Dame du Laus est le lieu des plus longues apparitions mariales au monde : 54 années au cours desquelles la Vierge Marie est apparue à Benoîte Rencurel. La « Belle Dame », comme elle aimait à l’appeler, lui avait révélé : « J’ai demandé le Laus à mon divin Fils pour la conversion des pécheurs, et Il me l’a accordé ».
C’est donc à juste titre que le sanctuaire est compté parmi les sanctuaires mariaux ; et même parmi les sanctuaires à la Vierge officiellement reconnus dans le monde. Mais le Laus n’est pas qu’un sanctuaire marial : si la « Belle Dame » est apparue environ 400 fois à Benoîte, les anges se sont manifestés environ 500 fois à elle.
De quoi voir aussi ce sanctuaire comme un « sanctuaire angélique » et y trouver des pistes précieuses d’une véritable spiritualité angélique.
La révélation et la tradition nous éclairent sur 4 grandes missions des anges : l’adoration, l’intercession, le service et la protection. Dans les apparitions du Laus, ces 4 missions apparaissent clairement, pour aider Benoîte à s’y associer.

POUR NOUS CONDUIRE À ADORER
La première mission des anges, c’est l’adoration. Ils contemplent la face du Seigneur dans toute sa lumière, comme le révèle le livre de l’Apocalypse : « Dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions. Ils criaient à pleine voix : “Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction”». (Ap 5, 11-12).
Benoîte Rencurel a souvent eu la grâce de contempler la joie adorante des anges. Par exemple, « entendant la messe, [elle] vit un ange en l’air, au-dessus du tabernacle, qui souriait au prêtre, aux clercs et aux personnes dévotes. Il dit à Benoîte, à la fin de la messe, de dire les litanies pour ces personnes ; elle eut de la peine à les dire, tant elle avait de joie et de consolation ». Les anges sont par conséquent nos meilleurs conseillers pour une adoration plus véritable, une prière plus offerte.

La servante du Laus l’expérimente très subtilement quand on nous rapporte : « Benoîte dit son chapelet avec son bon ange, qui le commençait et elle répondait ». L’ange commence puisque l’Ave Maria reprend d’abord les paroles de l’archange Gabriel à la Vierge Marie ; Benoîte continue en reprenant les paroles d’Élisabeth : l’ange et Benoîte témoignent de l’union, dans la prière du chapelet, du Ciel et de la terre.
Le monde céleste et notre humanité s’unissent dans une même prière pour la Gloire de Dieu.
LES ANGES, DE PRÉCIEUX INTERCESSEURS

Les anges aident Benoîte à prier de manière plus fervente ; ils sont aussi de puissants intercesseurs. L’archange Raphaël révèle ainsi à Tobie : « Quand tu priais en pleurant, quand tu abandonnais ton repas pour ensevelir les morts, quand tu cachais les morts chez toi pendant le jour pour les ensevelir la nuit, moi, je présentais ta prière au Seigneur » (Tb 12, 12). Au Laus, Benoîte a vécu ce même soutien céleste, particulièrement pour qu’elle résiste aux tentations.
On lit dans les Manuscrits du Laus que « l’ange dit à Benoîte qu’il serait de temps en temps en sa compagnie […] afin qu’elle n’ait pas de peine touchant l’impureté ». Les êtres de lumière que sont les anges intercèdent auprès du Père pour que nous ne laissions pas les ténèbres nous parler.
POUR LE SERVICE DE CEUX QUI DOIVENT AVOIR LE SALUT EN HÉRITAGE
L’autre fonction des anges, c’est de servir. La lettre aux Hébreux l’exprime par une question, qui est plutôt une révélation : « Les anges ne sont-ils pas tous des esprits chargés d’une fonction, que Dieu envoie pour le service de ceux qui doivent avoir en héritage le salut ? » (He 1, 14). Les anges sont donc à notre service, au service de notre bien véritable.

Benoîte Rencurel l’a expérimenté dans plusieurs réalités de sa vie. Les anges ont d’abord été au service de sa santé : « Ses douleurs, ses peines et ses mortifications étaient si véhémentes, sans prendre aucun repos, que le 26 octobre 1689, l’ange la reprit amoureusement, lui dit de se ménager et de ne pas tant avoir de sévérité envers son corps ».
Les anges sont « des êtres spirituels, non corporels » (Catéchisme de l’Église catholique, § 328) ; et voilà qu’ils sont au service du bien de nos corps, comme s’ils voulaient nous dire : vous avez de la chance d’avoir un corps, ne le méprisez pas. Au Laus, les anges se révèlent aussi au service de notre croissance spirituelle et de nos justes attitudes envers Dieu et les autres. Un amusant passage des Manuscrits du Laus rapporte au sujet de Benoîte : « Étant tombée dans quelque légère impatience, son ange la reprend. Elle lui répond, avec sa simplicité ordinaire : “Bel Ange, si vous aviez un corps comme nous, nous verrions ce que vous feriez” ». Les anges sont à notre service, mais nous n’acceptons pas facilement leur rôle, qui peut nous déranger dans nos habitudes.

Mais la servante du Laus saura aussi accepter ce précieux service des anges, surtout quand ils l’encouragent au cœur de ses combats spirituels : « L’ange encouragea Benoîte à toutes sortes de combats et d’avoir recours à la prière et à l’eau bénite.
Il lui apprit à rétorquer au démon que Jésus s’était incarné pour elle ; que par conséquent il n’avait aucun droit sur elle ».
PROTECTEURS CONTRE LES CHUTES… SPIRITUELLES
La quatrième grande mission des anges consiste à nous protéger ; certains ont même spécifiquement cette mission de « gardiens ». Mais ce serait avoir un regard trop restrictif sur les anges que de les considérer seulement comme nous évitant les accidents de la vie. Le livre de l’Exode révèle : « Voici que je vais envoyer devant toi un ange pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé. Respecte sa présence, écoute sa voix » (Ex 23, 20-21).

Le lieu préparé, la terre promise, c’est le paradis ; si les anges sont protecteurs, c’est d’abord pour nous protéger du mal, afin que nous parvenions au salut éternel. Benoîte a souvent expérimenté cette protection spirituelle des anges dans ses combats spirituels : « Les démons lui ont parlé dans sa chambre deux fois toutes les semaines, l’entretenant toujours de leurs vilains et infâmes discours, qui la troublent plus que tout le reste. Dans ce temps-là, l’ange lui est apparu trois fois pour lui donner courage à bien combattre ces tisons d’enfer, et il les chasse de sa chambre ». Les anges se révèlent aussi à Benoîte comme protecteurs de l’unité.
Ainsi, « l’ange lui dit d’avertir deux personnes qu’elles devaient bien prendre garde, parce que le démon fera tout ce qu’il pourra pour les mettre en désordre et pour les faire se séparer ». Cet ange ne fait pas que prévenir ; il agit pour l’unité et œuvre, à l’inverse de l’esprit malin, pour la réconciliation.
CONCLUSION : SERVITEURS ET MESSAGERS DE DIEU

Le Catéchisme de l’Église catholique nous enseigne : « De tout leur être, les anges sont serviteurs et messagers de Dieu » (§ 329). Au Laus, Benoîte a expérimenté pendant 54 années combien c’est « de tout leur être » que les anges sont serviteurs et messagers.
De tout leur être : auprès de Benoîte, ils se sont faits consolateurs en apparaissant dans la splendeur de leur lumière.
Ils se sont manifestés sous forme de bonnes odeurs réchauffant le cœur de la servante du Laus. Ils ont réjoui ses oreilles en s’exprimant par des chants mélodieux. Ils ont soulevé son cœur d’admiration, en la rendant témoin de leurs louanges. De tout leur être, ils ont servi Benoîte et sa mission au Laus.
De tout leur être, ils ont servi leur Reine, la Vierge Marie, qui avait demandé ce lieu à son Fils pour la conversion des pécheurs.
Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire (Notre-Dame du Laus)