LUI et moi
Mois de Octobre 1942
1268. [III, 185] — 8 octobre. — Église du Fresne.—
Je disais : « Nous sommes seuls tous les deux, comme si nous nous étions enfermés à clef. »
« Appelle, tout ce Mois du Rosaire, Ma Sainte Mère : Notre-Dame d’Amour. Dis : « Notre-Dame d’Amour, donnez-moi l’amour ! »
« Afin de progresser dans la voie où l’on court ; que peux-tu seule… Fais-toi porter dans les bras plus puissants, comme quand tu étais petite. N’aie pas honte d’être sans force et imparfaite. Diminue-toi encore. Je t’aimerai de nouveau. Ne perds pas de vue la voie de l’Enfance Spirituelle et épanouis ta confiance. Tu peux avoir confiance ? Rappelle-toi… Est-ce qu’il ne te semble pas que J’en suis digne ? Mon Amie, ne mets donc pas de limites à tes sentiments envers Moi. Je n’en mets pas pour toi. Arrive, peu à peu, le coeur plein de feu au moment de la mort. Donne-lui un nom plus doux, à cette mort. Appelle-la : la Rencontre et déjà tu Me tendras les bras, bien que Me distinguant à peine dans la pénombre du temps ; tends-Moi les bras. Désirs charmants d’un coeur impatient que J’enferme dans le Mien. »
« Seigneur je ne sais te parler que très mal, alors les petits mots que je te dis fais-les mettre en poésie par l’un de Tes Anges,.. »
« C’est en les écoutant que Je les rends sublimes. »
1269. [II, 198] — 17 octobre. —
Je Lui disais les sentiments que je souhaiterais avoir au moment de ma mort.
« Dis-le Moi maintenant. Je les prendrai tels. « Rien n’est oublié. Rien n’est perdu. »
1270. [III, 186] — 20 octobre. Église d’Ingrandes. —
« Mais chez toi c’est chez Moi ; arrange donc bien ta maison, orne-la comme quelque chose à nous Deux.
« Aie l’impression de ne jamais Me quitter ; ta tenue, tes gestes s’en modifieront. « Jésus est là », rien que de te dire cela tu restes immobile, à l’écoute. Fais-le avec Amour, non avec crainte : tu sais, un Agneau, un pauvre Agneau de Dieu, c’est un des noms que se donne Jésus. Est-ce que tu n’aimes pas ce nom ? Il te dit la douceur de Mon Coeur, tu te souviens ? doux et humble. Et comme tu dois Me ressembler devant le regard du Père, applique-toi à ces deux vertus. Fais des efforts répétés. Dis-toi : « Il faut que je monte ! » On ne monte pas sans peine. Tu sais que J’aide toujours quand on ne compte pas sur soi, mais sur Moi. — Jamais rien toute seule. Travaille avec Moi, ton Ami, ton Frère, ton Époux. Oh ! Ma Gabrielle, ne perds pas une minute d’amour, tu retrouveras une éternité. Louange Dieu. Glorifie-Le. Unis-toi aux grands artistes, les Anges, les Saints, dont le choeur Me chante sans cesse. Perds ta voix parmi la leur. Je saurai la retrouver. Crois bien que tout demeure devant Moi comme un monument précis, lors même que toi, tu as oublié ! Te rappelle-tu ta vie ? Moi Je la sais, minute par minute, car tout M’est présent. Aie l’intention de réparer tout ce qui M’a fait de la peine. Pour cela, aime. Toujours et sans cesse. Cesses-tu de respirer ? Que ta vie intérieure ait ses battements réguliers d’amour. Comme j’y répondrai bien !… »
1271. [III, 187] — 22 octobre. Église d’Ingrandes. — « Seigneur, je suis intimidée. »
« Est-on intimidée avec son Père ? avec son Époux ? N’y a-t-il pas entre nous toute correspondance ? Est-ce que Je ne te connais pas tout entière ? Et si Je te sais si parfaitement, comment peux-tu être intimidée ? Laisse-Moi faire et laisse-toi faire. Ouvre ton coeur avec amour. Dis: « Prenez tout, Mon Dieu ! » Et ce sera bien, car tout pour Moi, c’est normal, Tu verras plus tard. J’appelle tout. Je mérite tout. Votre malheur serait de vous garder quelque chose à vous-mêmes, soit de l’intellectuel, soit de matériel. Tout vient de Moi. Penses-y, Ma Fille. Donne-Moi ce que Je t’ai donné. Ajoutes-y la grâce de ton sourire intérieur.
« Tu as vu ce matin, comme un sacrifice fait joyeusement n’est même plus un sacrifice ? C’est ce qu’on refuse qui coûte. C’est ce qu’on traîne. Prends ta croix sur ton épaule, et en route ! Près de Moi, toujours plus près de Moi. Chaque pensée vers Moi, c’est comme ton regard dans Mon Regard. Mets-y une tendresse confiante. Moi aussi J’ai confiance en toi. Tu es cependant bien peu ! Alors, toi, tu peux avoir confiance en Moi, l’Infini, le Puissant. Songe que Je puis tout te donner. Mais J’aime que vous Me demandiez, et sentir vos coeurs battre, parce que vous êtes Mes petits enfants bien chers. »
Je pensais aux amitiés si courtes de la terre.
« Moi, c’est pour toujours. Vous Me quittez, Moi, Je ne vous quitte pas. Je vous attends aux carrefours comme les disciples d’Emmaüs. Bien souvent, Je demeure seul. Ceux que J’attendais ont pris un autre chemin. Mon Regard ne les quitte pas, désirant qu’au moment de la mort ils Me tendent humblement les bras. Quelle n’est pas alors leur joie et leur paix ! Ils s’endorment sur Mon Coeur.
« Parfois leur mauvaise vie est toute effacée ; elle a coûté Mon Sang. Prie pour ces retours. Tu Me feras tant plaisir… ! »
1272. [II, 199] — 29 octobre. —
« N’es-tu pas heureuse d’avoir divisé ton jour en trois temps ?
« Le matin,
« tu es avec le Père,
« A midi,
« tu Lui demandes de te donner au Fils.
« Et pour le soir et la nuit,
« le Fils te donne au Saint-Esprit.
« Oh ! la bienheureuse journée !
« Te rends-tu compte de cette Grâce, triple et une ?
« Savoure, selon tes puissances, le gîte que t’offre chaque jour,
« chaque Personne de la Trinité infiniment sainte.
« Et tandis qu’Elle te comble,
« offre-toi tout entière.
« Ne parais plus devant toi-même.
« C’est Elle qui t’agira.
« Toi, tu n’as que des fautes, des à-peu-près de Bien.
« Tout le Bon de Toi,
« c’est de l’Infinie Personne qui t’habite et te meut.
« Tu te rappelles quelques péchés de ta vie passée, mais tu ne les vois pas tous.
« Nous, Nous les voyons à la fois et, malgré cela,
« Nous habitons en toi,
« t’aimant infiniment.
« Humilie-Toi.
« Remercie la Miséricorde
« et aime-Nous avec Notre amour.
« Le tien est si court !
« Mais ce qu’a Jésus t’appartient.
« Quel trésor !…
« Tu es riche pour honorer Dieu.
« Ne désires-tu pas que Dieu fasse Ses délices dans ton coeur ?
« Revêts-toi de Jésus, sans défiance.
« Crois de tout ton coeur tout simple.
« C’est ainsi que Nous aimons le coeur de Nos créatures.
« Oh ! petite Fille de la Sainte Trinité, marche en avant toujours,
« non pas avec tes forces,
« avec les Nôtres. Toujours plus en avant.
« Monte plus qu’hier.
« Aime à la source. Glorifie la Gloire.
« Pénètre dans les secrets que nous brûlons d’ouvrir.
« La fin des temps approche.
« Il nous faut des saintetés nouvelles.
« Il faut que tout soit accompli.
« Il ne faut pas qu’on dise : « Les siècles sont révolus et Dieu n’a pas été loué de telle manière ou de telle. »
« Dieu aura été servi de toutes les manières, « fort dissemblables, « mais faisant un tout,
« comme mille fleurs variées forment une couronne.
« Va donc ton chemin, sans t’étonner du chemin.
« Respires-y l’Amour :
« Avez-vous rencontré mon Bien-Aimé ? Dites-moi où vous L’avez vu ? »
« disait le Cantique des Cantiques.
« Et Madeleine : « Dites-moi où vous L’avez mis ? et je L’emporterai. »
« De même, Mon amie, cherche-Moi en toute action de tes jours
« et emporte-Moi au fond de toi.
« Les jours deviennent courts…
« Nous ne devons plus nous séparer
« et n’est-ce pas doux
« à deux Frères d’habiter ensemble ?
« à deux époux ?
« ô petite âme si petite… »