R.P. Hamon – N’est-il pas évident, en effet, que Dieu, voulant se faire homme dans le sein d’une vierge, ne pouvait employer à ce grand dessein qu’une personne toute pure dès le premier moment de son existence ? Est-ce que le sang destiné à couler dans les veines d’un Dieu pouvait être souillé à sa source ? Est-ce que le Verbe pouvait laisser au démon les prémices de son sanctuaire et ne prendre pour lui que les restes de l’esprit impur ? Est-ce qu’il convenait que celle qui devait écraser la tête du serpent infernal fût un jour sous son empire ?
8 décembre 2022

Non, évidemment ; l’idée seule de la mère d’un Dieu emporte avec elle l’idée d’une créature toujours pure, et douée, dès le premier instant de son entrée dans la vie, d’une sainteté en rapport avec sa haute destinée.
Il fallait au Père céleste, pour l’associer à la génération de son Verbe et la faire la mère du même Dieu dont il est le père, une personne qui, loin d’avoir été un seul instant souillée, eut été, dès l’origine de son existence, enrichie de plus de pureté et d’innocence qu’il n’y en a dans le ciel, parmi les anges. Il fallait à Dieu le Verbe, dans la créature qui de toute éternité était destinée à être sa mère, une parfaite pureté originelle : dès qu’il devait s’incarner dans cette fille d’Adam et en faire un jour sa mère, il devait avoir pour elle le cœur du meilleur des fils, d’un fils qui tient à faire à sa mère tout le bien qu’il peut, et qui l’admet en participation de ses trésors et de ses richesses ; il devait par conséquent l’orner de pureté dès le premier moment de sa vie, et être son rédempteur, non en effaçant une tache contractée, mais en la préservant de toute tache. Il fallait enfin à Dieu le Saint-Esprit, pour former en Marie un homme-Dieu et l’élever ainsi à la dignité de son épouse, une personne qui eût toujours été parfaitement sainte ; et ce n’était pas trop de toutes les grâces que peut comporter la condition de créature.
En conséquence, de toute éternité il fut statué dans les conseils de Dieu que Marie serait toute pure dès le premier moment de son existence, qu’elle serait enrichie de toute la grâce et de toutes les prérogatives de la justice originelle et élevée à une sainteté bien supérieure à celle de tous les anges et de tous les saints ensemble. C’est ainsi que la maternité divine valut à Marie l’honneur de l’Immaculée conception, et que se trouve hautement légitimée la définition qu’en a donnée au monde le grand Pontife Pie IX, aux acclamations de tout l’univers catholique. Félicitons Marie de ce nouveau fleuron ajouté à sa couronne et aimons à lui redire le salut de l’Eglise universelle : Vous êtes toute belle, et il n’y a point de tache en vous.