Par Matthew J.L. Ehret – Le sommet historique Chine-Arabie saoudite qui vient de se dérouler à Riyad symbolise l’émergence de l’eurasisme dans le golfe Persique.
12 décembre 2022
Alors que les atlantistes poursuivent leur engagement en faveur d’un avenir façonné par la pénurie d’énergie, la pénurie alimentaire et la guerre avec leurs voisins à capacité nucléaire, la plupart des Etats du golfe Persique, qui ont longtemps été des alliés de confiance de l’Occident, ont rapidement compris que leurs intérêts sont mieux garantis en coopérant avec des Etats eurasiens comme la Chine et la Russie, qui ne pensent pas en termes de somme nulle.
Avec la visite de trois jours tant attendue du président chinois Xi Jinping en Arabie saoudite, l’Etat arabe le plus stratégique du golfe Persique consolide un changement puissant en faveur de l’alliance multipolaire. Selon le côté de la barrière idéologique où l’on se trouve, cette consolidation est considérée avec beaucoup d’espoir ou de rage.
La visite de Xi contraste fortement avec la rencontre décevante du président américain Joe Biden cet été, au cours de laquelle le leader autoproclamé du monde libre s’est endormi à une table de conférence et a exigé une augmentation de la production pétrolière saoudienne sans rien offrir de durable en retour. En revanche, l’arrivée de Xi a été saluée par une salve de plusieurs canons et par des jets saoudiens peignant les couleurs rouge et jaune du drapeau chinois dans le ciel de Riyad. Au cours des trois journées marquant cette rencontre historique, la délégation des élites politiques et économiques de Pékin a discuté avec ses homologues saoudiens afin de conclure des accords stratégiques à long terme dans les domaines culturel, économique et scientifique.