Par Matthew J.L. Ehret – Le point culminant de la visite a été le tout premier sommet sino-arabe, le 9 décembre, au cours duquel Xi a rencontré 30 chefs d’Etat. Le ministère chinois des affaires étrangères a qualifié cet événement de “jalon historique dans l’histoire du développement des relations sino-arabes”.
13 décembre 2022

Si 30 milliards de dollars d’accords seront signés entre Pékin et Riyad, il se joue quelque chose de bien plus important que trop peu de personnes ont pu apprécier à sa juste valeur.
La dernière visite de Xi Jinping dans le royaume remonte à 2016, afin de faire progresser la participation de Riyad à l’initiative “la Nouvelle Route de la Soie” (IRB) récemment dévoilée par la Chine. Un rapport politique de janvier 2016 du gouvernement chinois à tous les Etats arabes se lit comme suit : “Dans le processus de poursuite conjointe de la Ceinture économique de la Route de la Soie et de l’initiative de la Route de la Soie maritime du XXIe siècle, la Chine est disposée à coordonner les stratégies de développement avec les Etats arabes, à mettre en jeu les avantages et les potentiels de chacun, à promouvoir la coopération internationale en matière de capacité de production et à renforcer la coopération dans les domaines de la construction d’infrastructures, de la facilitation du commerce et des investissements, de l’énergie nucléaire, des satellites spatiaux, des nouvelles énergies, de l’agriculture et de la finance, afin de réaliser un progrès et un développement communs et de bénéficier à nos deux peuples.”
Ce n’est que trois mois plus tard que le prince héritier Mohammed bin Salman (MbS) a inauguré Vision 2030 qui a fermement exposé un nouvel agenda de politique étrangère saoudien beaucoup plus compatible avec l’esprit de “développement pacifique” de la Chine.
Après des décennies passées à servir d’Etat client atlantiste, sans perspectives de production viables ni autonomie au-delà de son rôle de soutien aux opérations terroristes gérées par l’Occident, Saudi Vision 2030 a montré les premiers signes de pensée créative depuis des années, avec une perspective d’après-pétrole.
Sur le front énergétique, China Energy Corp construit une centrale solaire tentaculaire de 2,6 GW en Arabie saoudite, et les développeurs nucléaires chinois aident Riyad à exploiter ses vastes ressources en uranium tout en maîtrisant toutes les branches du cycle du combustible nucléaire.
Toujours en 2016, les deux nations ont signé un protocole d’accord pour construire des réacteurs nucléaires de quatrième génération refroidis au gaz. Cela fait suite au récent saut des Emirats arabes unis dans le 21e siècle, avec 2,7 GW d’énergie désormais construits.
Début 2017, Riyad avait fermement acheté son billet pour la Nouvelle Route de la Soie avec un accord de 65 milliards de dollars intégrant Vision 2030 en mettant l’accent sur l’intégration pétrochimique, l’ingénierie, le raffinage, l’approvisionnement, la construction, la capture du carbone et le développement en amont/aval.