Par le R.P. Hamon – Nous méditerons sur la vocation des mages, et nous verrons : 1° la gratuité de cette vocation ; 2° les merveilleux effets de cette vocation. — Nous prendrons ensuite la résolution : I° de remercier souvent Dieu dans la journée, par de fréquents élans d’amour, de notre vocation à la foi en la personne des mages; 2° de mener une vie meilleure, digne de notre sainte vocation. Nous retiendrons pour bouquet spirituel la parole de Notre-Seigneur : Ce n’est pas vous gui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis.
8 janvier 2023

Transportons-nous en esprit dans l’étable de Bethléem, admirons-y l’Enfant Jésus pressé par son amour de communiquer aux gentils le bienfait de sa venue. Peu après sa naissance, il envoie une étoile aux mages pour tes appeler à lui. Il voit en eux les prémices et comme l’avant-garde de toute la gentilité qui viendra à leur suite participer à la grâce de la rédemption ; chacun de nous est présent à sa pensée et à son amour. Remercions-le de tant de bonté, aimons-le pour tant d’amour.
PREMIER POINT – Gratuité de la vocation des mages
Bienheureux furent les mages d’avoir été les premiers initiés au grand secret de Dieu sur la vocation des gentils, c’est-à-dire de chacun de nous. On croyait jusqu’alors que la Judée seule avait le privilège des promesses faites au Messie : par la vocation des mages, il fut manifesté que toutes les nations y auraient part. Alors commença à luire le sens de ces annonces magnifiques qui promettaient l’empire du monde à Jérusalem, c’est-à-dire à l’Eglise dont cette ville était la figure, et qui l’invitaient à regarder tous ses enfants accourant à elle de Madian et d’Epha. Alors on put dire avec l’Eglise de Paris : Bethléem devient aujourd’hui le berceau de l’Eglise naissante. Mais d’où vient aux mages ce bonheur? Ce ne fut point de leur propre mérite : car sans la foi point de mérite ; et on ne sache pas d’ailleurs qu’ils aient rien fait plus que des milliers d’autres gentils. Ce bonheur leur vint donc du choix gratuit de Dieu, qui, en les appelant, ne consulta que son amour et non point leurs mérites Et c’est ainsi qu’il se conduit aujourd’hui à notre égard. Pourquoi ne sommes-nous pas nés dans le paganisme, dans l’hérésie, dans le schisme, dans une famille sans religion et sans mœurs comme il en est tant, où nous nous serions perdus ? C’est à la miséricorde toute gratuite de Dieu que nous en sommes redevables. Pourquoi avons-nous reçu plus que d’autres une éducation chrétienne, des secours de grâces plus efficaces, plus de lumière et de foi, plus de bons conseils et de bons exemples ? O prédilection toute gratuite de notre Dieu, pourrons-nous jamais assez vous remercier, assez vous aimer ? Béni soit le Dieu qui en Jésus-Christ nous a prédestinés pour être ses enfants par une disposition de son pur bon plaisir, afin que la louange et la gloire en soient toutes donnés à sa grâce. Oui, mon Dieu, nous le confessons, si nous ne sommes pas perdus, nous le devons à votre miséricorde. Et s’il y a quelque bien en nous, c’est votre grâce gui l’a produit. Puissé-je ajouter avec votre apôtre : Je n’ai point laissé la grâce stérile en moi.
SECOND POINT – Effets merveilleux de la vocation des mages.
Les mages, avant l’apparition de l’étoile, vivaient dans les ténèbres de la gentilité, et probablement leur vie laissait bien à désirer. Mais sitôt qu’ils ont vu l’étoile et entendu la grâce qui les appelle, ils se convertissent, quittent tout pour être entièrement à Jésus-Christ, et se livrent à la grâce pour la suivre avec simplicité et courage. A dater de ce moment, ce ne sont plus des hommes du monde, ce sont des hommes tout célestes; ils vivent et meurent en saints, tellement que depuis dix-huit siècles l’Eglise leur rend un culte public et les honore du titre de saints. La cathédrale do Cologne conserve leurs corps avec respect, et les fidèles aiment à aller prier devant leurs restes vénérables. — Pourquoi ne correspondons-nous pas comme eux à notre sainte vocation ? Pourquoi tant tenir au monde ? Pourquoi ne pas le quitter, au moins d’affection, méprisant ce qu’il estime, estimant ce qu’il méprise, haïssant ce qu’il aime et aimant ce qu’il hait ? Pourquoi, après tant de sollicitations de la grâce qui nous presse, écouter encore la lâcheté qui nous retient, le caprice qui change, la paresse qui ne vent pas se gêner et l’amour-propre qui s’idolâtre ? Que ce bel exemple des mages nous réveille enfin, et nous lasse entrer dans une vie meilleure.
Source : MÉDITATION sur les Rois Mages | L.I.E.S.I. (liesidotorg.com)