FIN DU MONDE PRÉSENT
ET
MYSTÈRE DE LA VIE FUTURE
PREMIÈRE CONFÉRENCE
L’ANTECHRIST
DE LA PERSÉCUTION DE L’ANTÉCHRIST ET DE LA CONVERSION DES JUIFS.

I. AVENEMENT ET PERSONNALITE DE L’ANTECHRIST.
La fin du monde n’aura pas lieu avant que l’Antéchrist ait paru. Saint Paul l’annonce clairement. Épître aux Thessaloniciens. – L’Antéchrist sera t il un personnage réel ou un personnage allégorique? L’Antéchrist sera juif. – Il naîtra d’une union illégitime. – Il sera immuablement rebelle à la grâce. – L’esprit mauvais le possédera entièrement. – Il condensera en sa personne la malice et les scélératesses de tous les tyrans et de toits les hommes pervers qui ont apparu depuis le commencement des temps. – Pourquoi Dieu permettra t il à cet homme de péché de prévaloir? – Portrait de l’Antéchrist dans saint Jean chap. XII. – Faux miracles de l’Antéchrist. – Résurrections appa¬rentes. – Feu descendu du Ciel. – Animation d’une statue. – Il supprimera les temps et la loi. – Défection générale. – Signe de la bête. – La déso¬lation sera plus grande qu’aux jours néfastes de la grande révolution fran¬çaise. – Durée du règne de l’Antéchrist. – Il n’atteindra que progressivement l’apogée de la toute puissance. – Nom de l’Antéchrist. – Les docteurs n’ont pu saisir la clef du chiffre énigmatique. – Ce nom restera ignoré jusqu’à l’avènement de la prophétie.
Le monde aura une fin. C’est une vérité que nous avons établie et que démontrent également la foi et la raison. La fin du monde et le dernier avènement du Fils de Dieu, qui la suivra, auront lieu à l’improviste, avec la rapidité de la foudre qui fend les nues et qui s’élance de l’orient à l’occident.
Mais la date précise de ce jour est un secret caché dans les profondeurs des conseils divins. Nous n’en savons ni le jour, ni l’heure, et Jésus Christ, ambassadeur de la Divinité sur la terre, nous déclare qu’il a reçu l’ordre formel de ne pas nous les divulguer. Ainsi, toutes les opinions, qu’à diverses époques des personnages doctes et pieux ont cru pouvoir émettre sur cette question, ne sont que des sentiments personnels et privés, des assertions reposant sur des données purement conjecturales, et dont plus d’une fois les événements ont mis en évidence l’erreur et l’inanité.
Saint Cyprien, Tertullien, considérant la rage des persécuteurs et les violences de cette guerre d’extermination poursuivie à outrance contre les chrétiens, signalaient ces calamités et toutes ces horreurs comme les pronostics de la proximité du jugement dernier. « La fin du monde n’est pas éloignée », disait saint Jean Chrysostome ; « les tremblements de terre, le refroidissement de la charité sont comme les avant coureurs et les présages de ce terrible événement. »
Personne n’ignore qu’à l’époque de la chute de l’empire romain et de la dissolution sociale qui accompagna ce grand cataclysme, et plus tard, au commencement de l’an mil de l’ère chrétienne, les peuples croyaient toucher aux temps prédits, et dans les désastres publics, dans l’effondrement des institutions, il leur semblait voir le prélude de la destruction finale.
Déjà au temps de saint Paul, ces mêmes terreurs s’étaient emparées des esprits. Des illuminés et de faux sectaires interprétaient dans un sens grossier et littéral les paroles de l’Évangile de saint Matthieu. Persuadés que la ruine du monde allait suivre de près la ruine de Jérusalem, ils se livraient à des prédictions désordonnées et excessives, qui remplissaient les imaginations d’épouvante. Ils détournaient les hommes de l’accomplissement de leurs devoirs religieux et civils, les invitaient à ne pas se marier, à ne pas bâtir, à se livrer à une inertie stupéfiante, en attendant la catastrophe qui allait les frapper.

Saint Paul crut devoir désabuser ces âmes séduites et égarées et il leur dit : « Je vous en supplie, mes frères, que personne de vous ne se laisse surprendre en aucune manière comme si le jour du Seigneur était près d’arriver. Car le Fils de Dieu ne descendra pas une seconde fois, qu’on n’ait vu paraître l’homme de péché, le fils de perdition, celui qui doit se déclarer l’adversaire, s’élever au dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est adoré, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, s’y montrant comme s’il était Dieu[1] … »
Voilà donc un fait précis, énoncé par l’Esprit Saint et que saint Paul annonce clairement, afin de dissiper les craintes auxquelles s’abandonnaient certains esprits et afin d’aider les chrétiens fidèles à se tenir en garde contre les faux systèmes et les prédictions incertaines et hasardées.
Mais ce qui ressort du passage que nous venons de citer, ce qui est certain et indéniable, c’est qu’avant la fin du monde, il apparaîtra sur la terre un homme profondément pervers, investi d’une puissance en quelque sorte surhumaine, qui, prenant à partie Jésus Christ, entreprendra contre lui une guerre impie et insensée. Par la crainte que cet homme inspirera, et surtout par ses artifices, par son génie de séduction, il parviendra à conquérir la presque totalité de l’univers, il se dressera à lui-même des autels, et forcera tous les peuples à l’adorer. Cet homme étrange, exceptionnel par sa malice, sera t il de notre race, aura t il sur son visage les traits de l’homme, le même sang que le nôtre coulera t il dans les veines de ce coryphée d’erreur et de corruption ? – Ou bien, comme quelques uns l’ont voulu. Sera t il une incarnation de Satan, un démon émané de l’Enfer et travesti sous une forme humaine ? – Ou bien encore, comme l’ont soutenu d’autres docteurs, cet être impie n’est il qu’un mythe, un personnage allégorique dans lequel les saintes Écritures et les Pères ont voulu manifester par une vue d’ensemble l’universalité des tyrans et des persécuteurs ; mettre en relief l’image collective de tous les impies et de tous les hérésiarques qui ont combattu contre Dieu et contre son Église depuis l’origine des temps ?

Ces diverses interprétations ne sauraient se concilier avec le texte positif et précis des Livres Saints. – La presque totalité des Docteurs et des Pères, saint Augustin, saint Jérôme, saint Thomas, affirment nettement que ce malfaiteur aux proportions effrayantes, ce colosse d’impiété et de dépravation sera un sujet humain. Le savant Bellarmin démontre qu’il est impossible de donner une autre signification aux paroles de saint Paul et à celles de Daniel, ch. XI, V, 36 et 37 [2]. Saint Paul désigne ce grand adversaire substantivement, en l’appelant un homme : « l’homme de péché, le fils de la perdition. » Daniel nous apprend qu’il attaquera tout ce qui est respectable et sacré, qu’il s’exaltera avec audace contre le Dieu des dieux, et réputera comme néant le Dieu de ses Pères : Is Deum patrum suorum non reputabit. – L’Apôtre ajoute que Jésus Christ le tuera… Tous ces traits et ces caractères divers ne peuvent évidemment s’appliquer à un être idéal et abstrait ; ils ne sauraient convenir qu’à un individu de chair et d’os, à un personnage réel et déterminé.
Les Pères et les Docteurs se sont appliqués à rechercher les origines de l’Antéchrist, à découvrir de quels parents et de quelle race il sera issu. – L’universalité d’entre eux émet le sentiment qu’il naîtra de parents juifs pris parmi les fils de Jacob, et plusieurs affirment qu’il sera issu de la tribu de Dan. C’est l’interprétation qu’ils donnent à ce passage de la Genèse, ch. XLIX : « Que Dan devienne une couleuvre sur le chemin, un scorpion dans le sentier » ; et à cet autre de Jérémie, chap. VIII : « De Dan nous avons entendu le frémissement des coursiers ». Ils supposent que saint Jean, dans son Apocalypse, a omis de mentionner la tribu de Dan en haine de l’Antéchrist, mais toutes ces données sont incertai¬nes. – Ce qui paraît positif, c’est que l’Antéchrist sortira de la race juive d’Israël. Saint Ambroise, dans ses commentaires sur l’Épître aux Thessaloniciens, dit qu’il sera circoncis… Sulpice Sévère, dans le livre II de ses Dialogues, dit qu’il obligera tous ses sujets à se soumettre à la circoncision.
Du reste, tous s’accordent à dire qu’au début de son règne, il parviendra, par ses tromperies et ses prestiges, à faire croire aux juifs qu’il est le messie qu’ils ne cessent d’attendre, et ceux-ci, dans leur aveuglement, s’empresseront de le recevoir et de l’honorer comme tel. C’est l’interprétation que Suarez et la généralité des commentateurs donnent à cette parole de Notre Seigneur Jésus Christ en saint Jean, ch. v, v. 43 : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas, si un autre vient en son propre nom, vous le recevez » Il faut donner la même signification à cette autre parole de saint Paul aux Thessaloniciens : « Parce qu’ils n’ont pas voulu recevoir la vérité, Dieu leur enverra une opération d’erreur de manière qu’ils croi¬ront au mensonge. » Or est il vraisemblable que les juifs acclament, comme Messie, un homme qui n’appartiendrait pas à leur race et qui n’aurait pas été circoncis ? – L’Antéchrist sera donc juif. – Naîtra t il d’une union illégitime ? – Le théologien Suarez nous dit que c’est chose incertaine. Toutefois, il est à présumer qu’un homme aussi profondément pervers, aussi opposé au Christ dans sa vie et dans ses mœurs, aura une origine infamante. Et de même que Jésus Christ a eu pour mère la Vierge immaculée, ainsi on peut conclure par analogie et par induction que son adversaire déclaré naîtra d’une union impure et qu’il sera le fruit d’une femme d’impudicité. « Il sera un fils de fornication », dit saint Jean Damascène « et sa nais¬sance sera imprégnée des souffles et de l’esprit de Satan. »
Ce que l’on peut sûrement affirmer de cet homme d’iniquité, c’est que dès ses plus tendres années, il sera entièrement possédé par l’esprit et le génie du démon. Le Lion de l’abîme, qu’aux derniers âges de l’humanité, Dieu, dans les secrets de sa justice, aura déchaîné pour punir l’infidélité des hommes, s’identifiera en quelque sorte avec lui, il lui inoculera la plénitude de sa malice. – Sans doute, il ne sera pas frustré de l’assistance de son bon ange, ni du secours nécessaire de la grâce suffisante, que Dieu en cette vie accorde à tout homme sans exception ; – mais sa haine contre Dieu sera si violente, sa répulsion pour toute œuvre bonne tellement invincible, ses rapports et son commerce avec l’esprit de ténèbres si étroits et si constants, que, depuis son berceau jusqu’à son dernier soupir, il demeurera immuablement rebelle à toutes les invitations divines et que la grâce d’en haut n’aura jamais en son cœur aucun accès.
Saint Thomas nous dit que dans sa personne et dans ses œuvres il se manifestera comme l’antipode du Fils de Dieu et qu’il sera la parodie de ses miracles et de ses œuvres. L’esprit mauvais depuis son origine n’a jamais poursuivi qu’un seul but, celui d’usurper la place du Tout Puissant, de se constituer ici bas un royaume qui le dédommage du royaume du Ciel, dont sa révolte l’a exclu, et pour atteindre plus sûrement ce but, il a coutume, dit Tertullien, de se faire le singe de Dieu, de le contrefaire dans toutes ses œuvres.
Vue d’ensemble d’un mur de la chapelle d’Orvieto en Italie, montrant, sur la lunette de gauche, la prédication de l’Antéchrist et, sur celle de droite, les Elus du Paradis.

L’adversaire des derniers temps ne se posera donc pas seulement comme l’ennemi déclaré et personnel de Jésus Christ. Mais il aspirera ouvertement à le détrôner, à le supplanter dans les hommages et la vénération des hommes, à se faire adjuger à lui-même l’adoration et la gloire qui ne sont dues qu’au Créateur. Il affirmera, dit saint Thomas, qu’il est l’Être suprême et éternel, et à ce titre il se fera rendre des honneurs et un culte de latrie. Ainsi, il aura des prêtres, il se fera offrir des sacrifices, exigera que son nom soit invoqué dans les serments et que les hommes s’en servent pour sceller la foi des traités : Ita ut ostendens tanquam sit Deus. Afin de mieux accréditer cette persuasion, il opposera aux révélations divines de fausses révélations ; aux cérémonies du culte divin, ses rites impies : à l’Église éternelle fondée par Jésus Christ, une société abominable, dont il sera le chef et le pontife. Et de même, ajoute saint Thomas, que la plénitude de la Divinité habite corporellement dans le Verbe incarné, ainsi la plénitude de tout mal habitera dans cet homme effroyable, dont la mission et les œuvres ne seront qu’une copie à rebours et une exécrable contrefaçon de la mission et des œuvres de Jésus Christ.
Par lui, Satan mettra le sceau à son impiété. Il quintessenciera en quelque sorte dans ce type vivant tous les projets sinistres qu’il a conçus contre les hommes, et que n’a cessé de lui inspi¬rer la haine ardente et implacable dont il est animé contre Dieu…
Et dans ses conseils cachés, le Seigneur du Ciel permettra que ce tison d’Enfer prévale pour un temps. Saint Thomas caractérise ce délégué de Satan en l’appelant caput omnium malorum : le prince et l’inspirateur de toutes les convoitises de la chair et de tous les égarements de l’esprit, au point que les génies de mensonge et les artisans de scélératesse, qui se sont succédé aux différents âges, n’apparaîtront auprès de cet homme que comme des pygmées auprès d’un géant. Ainsi, il renouvellera les infamies de Néron ; il sera animé de la haine et de la violence de Dioclétien ; il aura la ruse et la duplicité de Julien l’Apostat ; il recourra à l’intimidation et fera fléchir la terre sous son sceptre, comme Mahomet ; il sera lettré, philosophe, habile orateur, il sera éminent dans les arts et dans les sciences industrielles, il maniera le persiflage et le rire comme Voltaire. Enfin il fera des prodiges et s’élèvera dans les airs comme Simon le magicien [3].
Si vous demandez pourquoi la Providence divine lui permettra d’exercer une telle puissance et une telle séduction, l’apôtre saint Paul nous en donne la raison : « Parce que les hommes n’ont point reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. En punition, Dieu leur enverra un esprit qui donnera efficacité à l’erreur, en sorte qu’ils croiront à l’erreur, afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui se sont plu dans l’injustice, soient condamnés. » Suarez dit que Dieu permettra l’avènement de l’Antéchrist, surtout afin de punir l’incrédulité des juifs du peuple de l’ancienne alliance. Ceux ci, n’ayant pas voulu adorer le vrai Messie, ni se laisser convaincre par sa doctrine et par ses miracles, Dieu permettra pour leur punition qu’ils s’attachent à un faux messie, qu’ils ajoutent foi à ses impiétés et à sa doctrine et qu’ils se fassent les imitateurs de sa vie dissolue [4].
A cette heure, le péril des âmes sera grand et le scandale de la contagion universel. Toutefois, afin que ceux qui se laisseront surprendre n’imputent leur malheur qu’à eux mêmes, l’Esprit Saint a voulu nous tracer à l’avance les phases principales de cette épreuve terrible et décisive, la conclusion de toutes celles que l’humanité aura subies.

D’abord, afin de nous révéler la violence et la férocité de l’homme de péché, l’habileté avec laquelle il conduira la guerre qu’il aura entreprise contre les saints, l’apôtre saint Jean, dans l’Apocalypse, ch. XIII, nous le dépeint sous la figure d’une bête monstrueuse, ayant sur le front dix têtes ou dix diadèmes, et sur chacun de ces diadèmes est écrit un nom de blasphème. Au dire des interprètes, ces dix têtes et ces dix diadèmes expriment dix rois tributaires, qui seront ses lieutenants et se feront les exécuteurs de ses ruses et de ses cruautés.
De plus, saint Jean nous dit qu’il sera investi d’une souveraineté absolue, que sa puissance s’étendra sur toutes les tribus et sur tous les peuples, sur les hommes de toute nation et de toute langue [5]. En même temps qu’il parviendra à vaincre les saints en les persécutant à outrance, il ouvrira carrière à toutes les licences, et il n’y aura de liberté que pour le mal.
Enfin, il sera versé dans les sciences occultes et dans les arts de la magie, et par l’intermédiaire des démons, il opérera des œuvres merveilleuses, que les hommes séduits estimeront de vrais miracles [6].
Le premier de ces miracles cité par saint Jean sera une résur¬rection apparente. Dans une de ces guerres où l’Antéchrist appa¬raîtra comme monté sur un char de lumière et de feu, il sera frappé à la tête d’une blessure mortelle. Pendant un temps on le verra sans vie et comme mort. Puis tout à coup il se lèvera et sa plaie sera instantanément guérie. A ce spectacle, les hommes séduits, les incrédules et les esprits forts de cette époque, qui comme ceux de nos jours n’ayant aucune foi au surnaturel et aux vérités révélées, rejetteront dédaigneusement le miracle, comme irrémissiblement condamné par la science et la raison ; ces hommes, dis je, ajouteront foi à l’imposture. Ils s’écrieront avec enthousiasme et avec admiration : « Qui est semblable à la bête ? Qui pourra jamais combattre et vaincre la bête ? »
Secondement, l’homme de péché fera descendre le feu du ciel, afin de laisser croire qu’il est le maître de la nature, le régulateur des saisons, et qu’il a sous sa domination le ciel et les astres[7].
Troisièmement, il fera parler une statue ; les démons se serviront d’un arbre ou d’un bois inanimé comme d’un instrument, à l’aide duquel ils débiteront leurs supercheries et leurs faux oracles. On verra aussi les meubles se remuer et courir d’eux-mêmes, les montagnes se déplacer instantanément, des multitudes de démons transfigurés en anges de lumière, apparaître dans les airs.
Et alors, par un incompréhensible jugement de Dieu, les libres penseurs et les grands sceptiques des derniers siècles prendront au sérieux ces jongleries et ces prestidigitations. Dupes de leur présomption et de leur crédulité. ils donneront tête baissée dans toutes les folies de la nécromancie et de la divination, vérifiant à la face du monde l’oracle des Livres saints : « Ceux qui se détournent de la vérité, s’attachent à l’esprit d’erreur et à la doctrine des démons : attendentes spiritibus erroris et doctrinis dœmoniorum [8]. »
Enfin, est il encore écrit, l’orgueil de l’homme de péché n’aura plus de bornes. Il ouvrira sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle, et les saints qui sont au Ciel. – Il se croira en droit, dit Daniel, de supprimer les temps et la loi, et putabit quod possit mutare tempora et leges [9] ; c’est à dire qu’il abolira les fêtes et le repos dominical, il modifiera l’ordre des mois, la durée et la division des semaines, il effacera du calendrier les noms chrétiens, pour leur substituer l’emblème des plus vils animaux. En un mot, cette contrefaçon du Christ sera athée suivant toute la force de cette expression. Il fera disparaître la croix et tout signe religieux ; comme l’affirme encore Daniel, il substituera dans tous les temples des rites d’abomination aux sacrifices chrétiens. Les chaires sacrées seront muettes ; l’enseignement et l’éducation laïques, obligatoires et sans Dieu. Jésus Christ sera proscrit du berceau de l’enfant, de l’autel où s’unissent les époux, du chevet des mourants. Sur toute l’étendue de la terre on ne tolérera plus que l’on adore d’autre dieu que ce christ de Satan.

Dieu dans ses desseins impénétrables, permettra que les hommes subissent cette suprême et terrible épreuve, afin de leur apprendre combien la puissance du démon est grande, combien leur faiblesse est extrême ; il a voulu nous l’annoncer, afin que dès maintenant nous nous préparions à la soutenir en recourant à lui par la prière et en nous munissant des armes spirituelles de la charité et de la foi. En outre, l’Antéchrist est destiné à faire ressortir et à manifester avec éclat la fidélité et la constance de ceux dont les noms sont écrits dans le Livre de vie et que toutes ses violences et ses artifices combinés n’auront pu parvenir à ébranler.
Mais, d’autre part, il est certain que cette persévérance formidable sera un principe de ruine et le glaive du grand discer¬nement : Ut revelentur ex multis cordibus cogitationes. [10]
Les apostasies seront nombreuses, et les courages deviendront rares. Il est écrit que les vertus des cieux seront ébranlées et que les étoiles du ciel tomberont. En d’autres termes, on verra les conducteurs des peuples fléchir le genou devant l’idole régnante, et, ce qui est plus désolant encore, c’est que, parmi les dispensateurs de la science, les astres de la théologie, les bouches d’or de l’éloquence sacrée, un grand nombre déserteront la vérité et se laisseront emporter par le courant de la dépravation.
Saint Jean [11] parle encore d’un caractère étrange et mystérieux que tous « petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves » seront tenus de porter à leurs mains ou sur leur front ; ce signe sera une marque d’apostasie, il témoignera que tous ceux qui s’en sont munis, soit pour complaire au maître, soit pour échapper à ses fureurs, ont renié le vrai Christ et se sont enrôlés à jamais sous la bannière de son ennemi [12].
Ceux qui porteront ce signe infamant, jouiront en abondance des avantages de la fortune ; ils auront les gros traitements, les emplois publics, la profusion des voluptés et de tous les biens désirables. Mais ceux qui refuseront de se couvrir de ce sceau d’abomination seront mis hors la loi. Il est écrit que « personne ne pourra ni vendre ni acheter, s’il n’a sur lui le caractère ou le nom de la bête ou le nombre de son nom. » Il sera interdit à tous ceux qui n’auront pas cette marque de puiser aux fontaines publiques, ils seront même indignes d’ouvrir les yeux à la lumière et de respirer l’air pur des cieux.
La désolation sera grande « telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais[13] ». Les justes seront honnis, méprisés ; on les traitera d’insensés, de perturbateurs du repos public ; on les accusera de fouler aux pieds l’honneur et le patriotisme, en se refusant à acclamer l’homme le plus grand qui ait paru dans le monde, l’incomparable génie qui aura élevé la civilisation humaine à l’apogée de la perfection et du progrès. Si les justes ne devaient être soutenus par une assistance de Dieu spéciale, il n’y en aurait pas un seul qui pût résister à la violence d’une pareille tentation : Ita ut in errorem inducantur (si fieri potest) etiam electi [14] .
Dans les jours néfastes de la grande révolution française, il y avait encore des asiles, des lieux de sûreté ouverts aux condamnés et aux proscrits. Les campagnes étaient saines ; il y avait des forêts impénétrables, des routes secrètes et détournées. Mais à l’époque que nous entreprenons de décrire, la science et les découvertes humaines auront atteint leur point culminant, le globe terrestre sera enlacé de fils télégraphiques et de voies ferrées. Toutes les montagnes auront été perforées. Il n’y aura plus de rochers, plus de cavernes, plus d’îles ni de déserts, où la liberté puisse espérer un refuge. Le foyer domestique lui même ne sera plus un lieu sûr : car il est dit « que le frère trahira son frère et que l’ami dénoncera son ami [15]. »
Ce n’est pas la coutume des Livres saints, quand ils nous dévoilent l’avenir, d’entrer dans des détails aussi précis et aussi minutieux. Les prophètes ne nous parlent qu’énigmatiquement et en raccourci. En règle générale, ils se bornent à nous tracer les grandes lignes des événements futurs. Mais pour ce qui est de la dernière lutte livrée aux saints, les apôtres inspirés ont mis en application la maxime : mala prœvisa minus feriunt, et ils n’ont rien omis de ce qui pouvait raffermir les justes durant ces jours d’épreuve et de grande calamité.
Ainsi, ils nous apprennent qu’à cette époque l’Orient redeviendra de nouveau le centre de la politique et des affaires humaines, que l’imposteur possédé de la manie et de la rage aveugle de profaner les lieux les plus saints, ceux qui auront été le théâtre des travaux et des souffrances de l’Homme Dieu, assiéra sa royauté à Jérusalem. Mais ils nous disent pour nous consoler que Dieu abrégera la durée de sa puissance, qu’il la limitera à quarante deux mois, trois ans et demi, menses quadraginta duos.
Sans doute le nombre énoncé par les Livres saints n’exprime pas la durée de temps que mettra l’homme de péché pour con¬quérir la terre et arriver au faîte de sa toute puissance. On ne peut raisonnablement supposer que malgré les forces sataniques et surhumaines dont il sera investi, il puisse en un jour devenir maître du monde. – Il est à croire qu’il n’obtiendra la plénitude de sa souveraineté que progressivement, qu’il lui faudra un espace de temps plus ou moins long pour soumettre les peuples et enlacer l’univers entier dans le réseau ténébreux de ses ruses et de ses séductions. – Tout ce que nous apprennent saint Jean et Daniel, c’est que sa domination sur les hommes « de toute race, de toute tribu, de toute langue subsistera » usque ad tempus, et tempora et dimidium temporis, c’est à dire, un an, deux autres années et la moitié d’un an. – Daniel, ch. XII, nous dit : Depuis le temps où le sacrifice perpétuel aura cessé, et où l’on verra à sa place l’abomination de la désolation régner dans le lieu saint, il s’écoulera mille deux cent soixante jours. – D’où il suit, que le moment où Jésus Christ cessera d’être présent sur nos autels et de s’y offrir comme victime à la justice de son Père. afin de faire contrepoids aux crimes des hommes.. doit se compter à partir du jour où l’Antéchrist aura obtenu la domination universelle : alors seulement le sacrifice non sanglant de l’autel cessera d’être célébré ; mais jusqu’à ce jour et pendant le temps que l’Antéchrist mettra à conquérir sa royauté, le sacrifice de la messe continuera à subsister.

Saint Jean désigne encore le nom de l’Antéchrist ; mais il a jugé utile de ne nous le dire qu’en lettres chiffrées. On sait que dans diverses langues les chiffres peuvent se traduire en caractères alphabétiques, et réciproquement les lettres alphabétiques en caractères chiffrés. Saint Jean nous dit donc que dans une langue qu’il ne nous fait pas connaître, le nom de la bête s’exprime par le nombre 666.
Les Pères et les docteurs se sont étudiés à saisir la clef de ce nombre et à découvrir le nom caché sous ce nombre mystérieux[16], mais leurs recherches n’ont pas abouti. On peut imaginer une multitude de noms divers dont les lettres, suivant leur juxtaposition, expriment le nombre indiqué par saint Jean. Il faut s’en tenir au sentiment de saint Irénée qui nous assure que l’Esprit Saint nous a proposé le nom de l’Antéchrist, sous la formule de ce chiffre énigmatique, parce qu’il a voulu que sa vraie signification restât ignorée jusqu’à l’avènement de sa prophétie, au jour où il sera utile aux hommes que l’Antéchrist leur soit signalé. – « Alors, dit saint Jean, ceux qui ont reçu l’intelligence ne seront plus sujets à se méprendre, et pour reconnaître la bête ils n’auront qu’à compter le nombre de son nom. Qui habet intellectum computat numerum Bestiœ [17]. »
Mais Dieu, dit saint Paul, est fidèle, il a fait un pacte avec la tentation et ne permet pas que l’homme soit éprouvé au dessus de ses forces. Ici la tentation excédera les conditions et les lois normales de l’humanité. Il convient à la miséricorde de Dieu que le remède soit en proportion avec l’étendue du mal. Or, le secours annoncé est le plus surhumain, le plus extraordinaire, le plus en dehors des règles de l’histoire et de la marche ordinaire de la Providence, de tous ceux que le Ciel a envoyés aux hommes depuis l’Incarnation.
Au moment où la tempête sera plus violente, où l’Église sera sans pilote, où le sacrifice non sanglant aura cessé en tout lieu, où tout semblera humainement désespéré, on verra, dit saint Jean, surgir deux témoins.
Ces deux témoins seront deux hommes étranges, paraissant tout à coup au milieu du monde, sans que personne ne puisse dire quelle est leur naissance, leur origine, ni de quel lieu ou de quelle famille ils sont sortis.
Voici comment saint Jean en parle au onzième chapitre de l’Apocalypse : « Et je donnerai mon esprit et ma force à mes deux témoins, et ils prophétiseront mille deux cent soixante jours, vêtus d’un sac. Ce sont deux oliviers et deux chandeliers debout en présence du Seigneur de la terre[18] »
Nulle langue ne peut exprimer la stupéfaction dont les hommes seront saisis, à la vue de ces deux hommes étrangers à nos passions et à nos affaires, ayant vécu l’un six mille ans, l’autre trente siècles, dans je ne sais quelle région éthérée, sous des firmaments et sur des sphères inaccessibles à nos sens et à notre entendement. Ni l’un ni l’autre pourtant de ces témoins ne sont étrangers à la famille humaine. L’un de ces flambeaux et de ces deux oliviers est Hénoch, le trisaïeul de Noé, l’ancêtre en ligne directe de tout le genre humain. L’autre est le prophète Elie, lequel, ainsi que l’a dit le Sauveur, est destiné à restaurer toutes choses[19]. – Il vient une seconde fois refouler le flot de l’impiété, plus impétueux et plus débordé qu’il n’était au temps d’Achab. C’est aussi l’heure de la Rédemption d’Israël. Le grand prophète va convaincre la descendance d’Abraham de la venue du Messie, ôter le bandeau d’ignorance et de ténèbres, appesanti depuis dix neuf siècles sur ses yeux.
Quel sera l’extérieur et l’attitude de ces revenants d’un autre âge ? Quelle majesté antique resplendira dans leur personne ? Quels accents inspirés jailliront de leurs lèvres ? – C’est ce que la sainte Écriture ne nous dit pas. Elle nous apprend qu’ils prophétiseront pendant mille deux cent soixante jours, vêtus d’un sac, portant sur leurs vêtements et sur leurs traits l’image de l’humilité et de la pénitence. – D’après Daniel, la durée de la persécution de l’Antéchrist sera de mille deux cent nonante jours. Donc la prédication d’Hénoch et d’Elie sera plus courte de trente jours. D’où il suit qu’ils apparaîtront à l’époque où la persécution sera, déchaînée avec plus de violence. – Comment, dans l’espace de temps où sera limitée leur mission, parviendront ils à rendre leur témoignage dans tous les lieux habités et à parcourir l’étendue de la terre ? Nous répondons qu’il n’est point nécessaire qu’ils visitent toutes les villes ; il suffit qu’ils apparaissent dans les principales, qu’ils fassent entendre leurs prédications dans les capitales et les grands centres de population, où l’Antéchrist aura été présent, et où il aura exercé une fascination plus redoutable. – En outre, il n’est pas vraisemblable qu’Hénoch et Elie soient constamment réunis, et il est plus probable qu’ils prêcheront séparément, jusqu’à ce que, sur un commandement de Dieu, ou par l’effet d’une inspiration providentielle, ils se trouvent tout à coup réunis pour la lutte suprême.
Notes
[1] Il Th., II, 3, 4, 5, 6.
[2] Bellarm., lib. 111, De pontifice.
[3] S. Thom., lib. III, 2, VIII, 6.
[4] Il Thsal., II, 10, 11, 12.
[5] Apoc., XIII, 5, 8.
[6] Apoc., XIII.
[7] Personne n’ignore que les démons déchus de leur beauté et de leur justice originelle n’ont rien perdu de leur forces. Ils peuvent agir sur les éléments, condenser les nuée,; et les vapeurs, lancer les foudres, déchaîner les tempêtes… Quant aux miracles proprement dits, Dieu seul peut les opérer. Le miracle est une dérogation aux lois de la nature qui excède toute force créée, soit humaine, soit angélique. L’Antéchrist ne fera donc pas de vrais miracles, mais des miracles faux et apparents. Il est dit dans le livre de Sibylla, lib. III, Oraculorum, qu’il arrêtera le soleil, qu’il marchera sur les eaux, déplacera les montagnes. Tous ces prodiges seront de pures illusions, des soutes de mirages analogues à ceux qu’opèrent les démons lorsque, par le ministère de leurs magiciens et de leurs médiums, ils fascinent les hommes, leur brouillent l’imagination et la vue, au point de leur faire apparaître les objets tout autres qu’ils sont.
[8] Tim., L, 1.
[9] Dan. VII, 25.
[10] S. Lc, 11, 35.
[11] Apoc., XIII, 17, 18.
[12] Ce signe est appelé un caractère, parce qu’il sera imprimé sur la chair… L’Apôtre nous apprend que la bête forcera les petits comme les grands de le porter. Par les petits sont désignés les enfants qui naîtront. Car le fils de perdition et ses faux prophètes aboliront tout baptême fait au nom de la Sainte-Trinité. Ils auront soin de forcer tous les enfants et les jeunes gens des deux sexes de recevoir au front le caractère de la bête, et de rejeter le baptême institué par Notre Seigneur Jésus Christ. (Holzauser, Interpretat de l’Apocalypse, livre VI, ch. XIII.)
[13] Mt., XXIV, 21.
[14] Mt., XXIV, 24.
[15] Marc, XIII, 12.
[16] 1 Le pieux et savant Holzauser, dans son Interprétation de l’Apocalypse, observe que dans la langue grecque, celle dont s’est servi l’apôtre saint Jean, le mot (grecque) qui veut dire contraire, traduit en chiffre, correspond au nombre W. Ainsi, selon lui, le nombre 666 désignerait la qualité, la manière d’être de l’homme de péché, et non pas son nom personnel. Il est difficile d’admettre que saint Jean ait proposé le nombre 666 comme quelque chose de profond, de mystérieux, une énigme en quelque sorte impénétrable, lorsque le sens en serait si simple et si obvie. L’apôtre n’aurait alors parlé que pour nous apprendre que l’Antéchrist serait le contraire ou l’Antéchrist. Holzauser ajoute que le nombre de la bête 666 est un nombre de mois qui font cinquante cinq ans et demi. Il s’appuie sur cette donnée pour nous dire que l’Antéchrist est né en 1855, et qu’il vivra cinquante cinq ans, et que sa persécution aura lieu vers 1908. Il faut dire que ce sont là des conjectures et des suppositions purement arbitraires. Des hommes non moins saints ni moins savants que Holzauser ont essayé souvent les mêmes calculs, et ils se sont constamment trompés. L’Église ne nous a rien enseigné sur le temps de l’avènement de l’Antéchrist. Il n’y a pas un seul texte de la sainte Écriture qui autorise de telles interprétations.
[17] Apoc., XIII, 16.
[18] 1 Saint Jean ne nous dit pas ouvertement que les deux témoins dont il fait mention seront Hénoch et Elie, mais il est évident, d’après le contexte, que par les deux flambeaux et les deux oliviers il n’entend pas désigner deux saints ou deux prédicateurs quelconques, mais deux personnages déterminés, doués d’une puissance et d’une sainteté extraordinaires. Or, en pesant tous les faits et toutes les circonstances qui nous sont prédites sur la vie et la mort de ces deux personnages, en rappelant tout ce que nous disent sur eux les Écritures, notamment l’Ecclés., ch. 48, et le prophète Mlie sur la mission qu’ils seront un jour appelés à remplir, Bède, saint Anselme, saint Augustin et une multitude de Pères assurent que les deux témoins dont parle l’Apocalypse ne sont autres qu’Hénoch et Elie, et qu’ils n’ont été miraculeusement soustraits à la mort, que pour combattre l’Antéchrist, et rendre à la fin du monde témoignage à Jésus Christ.
[19] Cornélius à Lapide nous dit que c’est une vérité certaine et presque de foi, fidei proximum, qu’Hénoch et Elie ne sont pas morts. Tertullien, livre de la Résurrection, LVIII, les appelle les candidats de l’Éternité, afin de nous faire entendre qu’ils sont affranchis de toute misère, de toute souffrance et dans l’impuissance de pécher. Saint Irénée, liv. IV, ch. v, les appelle coauspicantes immortalitatem, ce qui veut dire qu’ils ont le présage et l’augure assuré de la vie immortelle. Ni Hénoch, ni Elie ne sont encore glorifiés dans leurs corps, ils continuent à être revêtus d’une chair, dont ils seront un jour, comme nous, dépouillés par la mort. Les Pères nous enseignent d’Hénoch qu’il fut transporté dans le paradis terrestre, c’est aussi ce que nous apprend le Livre de l’Ecclésiastique, c. XLIV, v. 16. Au déluge, lorsque le Paradis terrestre fut submergé. Hénoch fut transporté dans quelque région du ciel inconnue où Elie. alla le rejoindre lorsqu’il fut enlevé sur un char de feu. Dans le séjour qu’ils habitent, ils vivent absorbés dans la contemplation des choses divines, dans un état qui n’est pas celui de la béatitude céleste, mais où ils sont inondés des consolation divines et goûtent un inaltérable repos. Comme ils sont sortis en quelque sorte de la vie et ne sont plus soumis à l’état d’épreuve, ils ne sont plus susceptibles d’acquérir de nouveaux mérites, ni de croître en sainteté. Mais quand ils redescendront sur la terre, à la fin des temps, ils rentreront dans les conditions de la vie présente, ils redeviendront aptes à subir les souffrances, et ils mériteront de nouveau, soit en combattant l’Antéchrist, soit en rendant témoignage par leur prédication et par leur mort à Jésus Christ de Nazareth.