R.P. Hamon – Nous méditerons sur un vice qui forme un des principaux obstacles à la sanctification de l’année nouvelle où nous venons d’entrer. Ce vice, c’est la routine ou l’habitude de faire toutes choses machinalement et sans réflexion. Nous verrons : 1°) la gravité de ce mal; 2°) ses remèdes.
14 janvier 2023

Adorons Dieu, le souverain maître des temps, l’arbitre de notre vie et de notre mort, qui nous donne cette nouvelle année, non pour en disposer à notre gré, mais pour en employer tous les moments à le bien servir. Demandons lui la grâce de ne pas retomber cette année dans le vice qui a paralysé tontes les années précédentes, le vice de la routine et de l’irréflexion, sur lequel Jérémie a prononcé cette terrible lamentation : La terre a été désolée parce qu’il n’est personne qui réfléchisse.
Gravité du mal de la routine ou de l’irréflexion
Quel plus grand mal peut-on imaginer qu’un mal qui rend les grâces de Dieu inutiles, la foi stérile, la réforme des mœurs impossible ? Or, tel est le mal de la routine ou de l’irréflexion.
1°) Il rend les grâces inutiles. Dieu nous donne la grâce de la prière ; mais la prière faite par routine et sans réflexion se réduit à un mouvement machinal des lèvres, incapable d’honorer Dieu et de rien obtenir à l’homme. Dieu nous fait la grâce d’une bonne pensée, d’un pieux mouvement, d’un avertissement précieux pour notre salut. Mais cette semence, qui eût porté fruit si elle eût été mûrie par la réflexion, n’est bientôt que la semence jetée sur le grand chemin, où les vaines imaginations, les nouvelles du monde, la foulent aux pieds et la font périr. Dieu nous accorde la grâce de ses sacrements ; mais la vie de routine et d’irréflexion en paralyse tout le fruit. Dieu nous accorde une année nouvelle pour opérer notre salut ; mais la routine, si nous ne la détruisons, ne fera qu’accumuler sur notre tête, comme un nouvel anathème, une année d’abus de grâces ajoutée aux années précédentes.
2°) La routine et l’irréflexion rendent la foi stérile. C’est une chose déplorable de voir ce que devient la foi sous l’empire de la routine. Elle n’est plus dans l’âme que comme dans une partie secrète de nous-mêmes où nous n’entrons jamais, ou dans un lointain obscur d’où sa lumière ne frappe plus les regards ; de sorte qu’on croit comme ne croyant pas ; on parle, on agit, on pense comme si réellement on ne croyait pas. La mort qui s’avance, le jugement qui la suit, suivi lui-même du paradis ou de l’enfer, rien ne nous touche plus. Les mystères les plus augustes de la religion, les sacrements, l’eucharistie même, ne rencontrent plus dans l’âme que la froideur du marbre. C’est une indifférence, une insensibilité que rien n’émeut. On s’est familiarisé avec ces hauts mystères, on s’en est fait une routine ; c’est fini, ils seront stériles pour nous, tant que nous n’aurons pas guéri ce mal.
3°) La routine rend la réforme des mœurs impossible. Entraînés par elle, comme par un fleuve qui coule toujours dans le même lit, nous ne songeons point sérieusement à nous réformer, nous n’en comprenons pas mieux le besoin, et nous ne nous en sentons pas l’énergie. Nous nous laissons aller au torrent de l’habitude et des usages : cela nous semble plus doux ; cela nous semble même peut-être la seule chose possible. Nous sommes comme endormis dans ce triste état. Craignons le réveil; il sera terrible.
Remèdes à la routine et à l’irréflexion
Le premier remède, c’est la prière. Demandons à Dieu, avec toute la ferveur dont nous serons capables, de guérir notre âme malade, de raviver notre foi sur les grandeurs de la Divinité, sur la religion profonde qui leur est due, et de nous faire la grâce d’une vie meilleure pour la nouvelle année. — Le second remède, c’est d’être fidèles à tous nos exercices de piété, c’est-à-dire non seulement de les faire exactement, mais de les bien faire, en y apportant une attitude recueillie, un grand désir d’en bien profiter pour l’amélioration de notre vie, et de traiter toujours Dieu en Dieu, c’est-à-dire avec un respect souverain. — Le troisième remède, ce sont des retours sérieux et fréquents sur nous-mêmes, pour voir si nous ne nous laissons point encore entraîner par nos vieilles habitudes de routine et d’irréflexion, si nos actes et nos paroles, nos intentions et nos pensées, sont toujours inspirés par cet esprit de foi, d’humilité, de charité, d’amour de Dieu qui caractérise une âme chrétienne ; et, lorsque nous reconnaîtrons que nous retombons dans notre vieille manière de faire, de nous relever promptement, en nous remettant à l’œuvre avec zèle et bonne volonté.
Nous prendrons la résolution : 1°) de faire très exactement et le mieux possible nos exercices spirituels ; 2°) de réfléchir avant d’agir, pour nous exciter à faire très saintement et en vue de plaire à Dieu chacune de nos actions. Notre bouquet spirituel sera la prière des Machabées: Mon Dieu, donnez-moi un cœur qui vous aime et vous serve comme il faut.
Source : Le danger de la routine pour notre salut éternel | L.I.E.S.I. (liesidotorg.com)