R.P Hamon – La sainte âme du Sauveur ne s’ouvrait qu’à des pensées saintes, toutes pour Dieu, toutes à Dieu ou en Dieu. Les choses extérieures, loin de la dissiper, l’élevaient à l’adoration de la puissance, de la sagesse, de la grandeur et de la bonté de Dieu qu’elle y voyait empreintes. Dans tous les événements de ce bas monde, elle n’appréciait que le côté qui avait rapport à la plus grande gloire de Dieu ; de sorte que, pendant les jours entiers, c’était un recueillement en Dieu dont rien ne pouvait la distraire.
5 février 2023

Et les nuits étaient pour elle comme une oraison continuelle. Dans cette sainte âme, point de pensées inutiles, point de divagations de l’imagination, point de ces préoccupations qui absorbent ou troublent l’attention. Hélas ! Si je me compare à ce beau modèle, quelle différence ! Je m’abandonne à mille pensées inutiles, à mille imaginations frivoles ; je m’occupe de toute autre chose plus volontiers que de Dieu. Imprudent que je suis, j’oublie que ce n’est pas là aimer Dieu de tout son esprit ; que le compte que j’aurais à rendre des pensées vaines, du temps perdu en rêveries, n’est pas moins redoutable que le compte des paroles oiseuses et des heures dépensées sans utilité. Je porte l’aveuglement jusqu’à ne pas voir que l’habitude des pensées inutiles détruit toute disposition à la prière et à l’oraison, dissipe l’esprit, épanche le cœur ; que les pensées mauvaises ne sont séparées des pensées inutiles que par un pas, un pas facile à franchir, et que les passions ne se fortifient guère moins par la représentation des objets absents que par la jouissance des objets présents.
Oh ! mon Dieu, je reconnais et je confesse devant vous l’étrange abus que j’ai fait de mon esprit, et la nécessité d’y mettre un terme par le recueillement intérieur et extérieur, par la fidélité à mes exercices spirituels, la fuite du monde qui dissipe, et la promptitude à chasser les pensées inutiles, dès le premier moment que je les apercevrai. Telle a été la pratique des saints ; et ils y ont trouvé non seulement leur sainteté, mais encore leur bonheur, parce que, après les premiers efforts, qui seuls coûtent, l’habitude de l’union avec Dieu, fruit de la guerre faite aux pensées inutiles, est un avant-goût du paradis.
Oh ! que de reproches j’ai ici à me faire ! Que de dissipations dans mon esprit ! Que de divagations dans mon imagination ! Que de temps perdu en rêveries et pensées inutiles ou étrangères à ce qui devrait alors occuper mon esprit !
Source : Sainteté des pensées de Jésus-Christ | L.I.E.S.I. (liesidotorg.com)