R.P. Hamon – Transportons-nous en esprit au désert où Jésus passe quarante jours et quarante nuits. Contemplons-le abîmé devant la majesté de Dieu son Père, prosterné à deux genoux, souvent même la face contre terre, répandant son âme tantôt en adorations, louanges, actions de grâces, tantôt en supplications pour obtenir de son Père miséricorde en faveur des pauvres pécheurs ; et joignant à ces prières, faites les larmes aux yeux, une mortification incomparable, puisque, pendant ces quarante jours, il ne boit ni ne mange, n’a d’autre lit que les rochers et la terre nue, d’autre abri que la voûte des cieux. Rendons-lui dans cet état tous nos hommages d’adoration, d’admiration, de reconnaissance et d’amour.
26 février 2023

D’abord, Notre Seigneur nous enseigne la sainteté du temps de carême par son exemple. Quoique sa vie fut toujours éminemment sainte, il lui donne, pendant ces quarante jours, un caractère extérieur de sainteté toute spéciale.
1°) Il passe ces jours en retraite ; c’est nous dire de les passer nous-mêmes dans un saint recueillement, condition nécessaire pour entendre Dieu au fond du cœur, l’étudier et le connaître, l’aimer et le goûter ; et en même temps dans un esprit de réflexion, condition non moins nécessaire pour nous connaître nous-mêmes et nous réformer.
2°) Il passe ce temps en prière pour nous dire d’y être plus fidèles à nos exercices de piété, de prier davantage avec plus de ferveur.
3°) Il s’assujettit pendant ce temps à la mortification la plus rigoureuse, pour nous faire entendre qu’il faut, pendant le carême moins accorder à la sensualité, au goût, au plaisir, accepter les privations imposées par l’Eglise, et faire vraiment pénitence. C’est ainsi que Notre Seigneur, par son exemple, nous enseigne la sainteté du temps du carême ; et cet enseignement du Sauveur est confirmé par celui de l’Eglise. Car pourquoi ces prédications plus fréquentes, ces exercices religieux plus multipliés ; pourquoi ces privations prescrites, sinon pour nous dire qu’il faut sanctifier ces jours par la pénitence ? Oh ! bénie soit l’Eglise de cet enseignement ! Dans le cours de la vie, nous oublions si facilement la pénitence. Nous avons grand besoin d’y être rappelés chaque année. Car la pénitence nous est indispensable, soit pour expier nos péchés passés, soit pour prévenir des rechutes ou notre faiblesse nous entraînerait infailliblement.
A tous ces enseignements sur l’obligation de passer saintement la sainte quarantaine s’ajoute une raison puissante, tirée des grands mystères de la passion et de la résurrection du Sauveur, auxquels le carême sert de préparation. Car le fruit de ces mystères doit être la mort à nous-mêmes, et une vie nouvelle toute en Dieu et pour Dieu. Or ces mystères ne produiront ces fruits en nous qu’autant que le carême sera vraiment saint. Nous recevrons la plénitude des grâces attachées à leur célébration, si nous arrivons bien disposés à la fin de la sainte quarantaine ; mais le contraire aura lieu, si nous avons le malheur de passer des jours si saints dans la dissipation et l’irréflexion, dans la lâcheté et la tiédeur. Comprenons donc bien la sainteté de ce temps et la nécessité de mieux le passer que les temps ordinaires de l’année.
Source : Sainteté du temps du carême | L.I.E.S.I. (liesidotorg.com)