LUI et moi
Mois de Avril 1943
1305. [III, 212] — 1er avril. — Église du Fresne. —
« Je t’ai choisie pour témoigner combien est simple et joyeuse la vie d’amour, la langue d’amour, la conversation d’amour. Me regarder comme le Bien-Aimé, tout est là ; car, alors, tout dans l’âme converge vers Moi. J’attire tout d’elle.
« Quand J’aurai été élevé, J’attirerai tout à Moi. » Et dans l’âme, tout, ce sont ses puissances : mémoire, entendement, volonté qui n’ouvrent plus que sur Moi ou sur les choses de Moi. N’avoir plus de goût pour ce qui passe. Mettre toute racine en l’Éternité, à cause de Moi, voilà la vie de l’âme d’amour, et c’est facile car elle possède Mon secours. Comment pourrais-Je ne pas l’aider puisqu’elle se meut en Moi.
« N’ai-Je pas souffert en prévoyant les souffrances des Miens ? Mon Coeur n’a-t-il pas toute délicatesse ? Qui peut Me vaincre ? Et quand ta vie M’a appelé son Bien-Aimé, tes pensées Me font cortège. Tes mots sont remplis de tendresse ; tes soupirs s’échappent plus brûlants. Rien ne te prend, sinon Moi. Tu n’es attentive qu’à Ma Voix ; tu ne cherches que Mon bon plaisir. Répète-Moi que tu donnerais ta vie pour étendre Mon Règne… et sois gracieuse à la Grâce. A qui offrirais-tu tes charmes et si tu les as reçus, comment ne pas Me les donner ? Multiplie-les. Ne garde rien. Je n’ai mis des couronnes d’or sur ta tête que pour les recevoir de toi en présents d’amour. Tu inventeras la manière de Me les offrir : c’est là la nuance personnelle de chaque âme. Oh ! que la tienne Me soit douce comme un repos à M’abriter. J’ai peu d’asiles sur la terre… si tu savais comme les âmes se préoccupent surtout du gain et du bien-être… Combien peu M’ouvrent la porte de leur coeur ! Un coeur déjà rempli. Il n’y a pas de place pour Moi qui suis mort pour eux. Invite ton Bien-Aimé à loger chez toi, et la nuit, et le jour, et sans chercher tes paroles, adresse-Lui le meilleur, le plus doux, le plus intime, le plus caché de ton coeur. Ton Bien-Aimé aime les secrets. Il te dira les Siens. Tu les écouteras longtemps, car ils résonnent dans l’âme et leur son ne ressemble à aucun autre son : C’est la Voix de Dieu, de Dieu, l’Amour.»
1306. [III, 213] — 8 avril 1943. — Église d’Ingrandes. —
« Rien d’inutile. Ni en paroles, ni en gestes. Rien en dehors de Moi. Tout Me sera offert dans ton coeur et Je disposerai de tout. Tu seras ainsi Ma petite collaboratrice ; car, dans Ma vie, rien ne fut inutile : pas même un regard, pas même une pensée. Mon but : Mon Père et vous. De même, vis pour le Règne de Dieu et pour le salut de tes frères. C’est si court, ce qui te reste à vivre sur cette terre ? Donne-Moi tout ! en réparation de tout ce que tu t’es gardé dans ton insouciante jeunesse. Ne crois pas qu’en vieillissant vous perdiez de la beauté dans votre âme. C’est au contraire, souvent, le moment d’un épanouissement de splendeurs, quand l’amour et la sagesse se rencontrent pour être plus près de la Divinité. Il faut aimer, aimer sans mesure et constamment. Il faut entrer dans l’intimité de Mes souffrances connues et inconnues, les saluer comme des Bienfaitrices qui t’ont sauvée.
« Oh ! Ma chère petite Fille, approche-toi bien de Moi. Parle à Mon oreille le langage des secrets:
c’est ton coeur se déversant dans Mon Coeur. Je n’ai jamais trop entendu. Tu n’as jamais trop confié. Dis tout. Donne tout, bien humblement. Comme Jean qui prenait toujours la dernière place et qui M’aimait tant ! Et tu Me donneras joie et consolation comme Jean. Ne crois pas qu’il y en ait beaucoup qui songent à Me consoler, qui consentent à se gêner pour Me donner une preuve d’amour. Cependant, pour vous, un témoignage d’affection vous fait plaisir. Que dire de Moi ! le plus tendre, le plus affectueux, le plus sensible !… Non tu n’agis pas dans le vide quand tu te sacrifies. Tu le verras plus tard et tu te réjouiras de M’avoir réjoui.
« Si tu Me comprenais bien, tu vivrais avec le créé comme s’il n’était pas. Et tes yeux ne s’ouvriraient grands que sur ton Grand Ami, ton Créateur, ton Sauveur, ton But de demain. C’est toujours demain la Rencontre, alors; réjouis-toi. »
1307. [III, 214] — 15 avril, église du Fresne. — Dans les chemins, Il m’avait dit :
« Pour un pécheur ».
« Oui, quand tu parcours les kilomètres, fais comme si tu allais chercher un pécheur pour Me le ramener. Unis-toi. Tu sais, quand Je Me rendais pendant la chaleur au puits, pour rencontrer la Samaritaine ? Unis-toi. Comme en toute chose et Je serai en toi. Crois bien que si tu charmes et fais plaisir, ce n’est pas toi, c’est Moi en toi. Demande-le Moi. Désire. Oh ! si de saints désirs pouvaient couvrir la masse des mauvais désirs du monde mondain… quelle consolation pour Mon Coeur ! Toi, qui contemple Mon Agonie, toi, qui as vu un peu de la force de Ma douleur, pense mieux que les autres à Me consoler. Si tu as su Mon Amour, pourquoi ne pas aimer davantage ?
« Ma chère petite Fille, tu ne feras jamais trop, dans le secret fleuri du jardin de ton âme amoureuse de ton Sauveur. Je suis le Maître du Jardin. Je sais cueillir et respirer les senteurs profondes. Donne l’enivrement. Donne le repos. Comme si la torture du Jardin des Oliviers s’interrompait, pour boire forces en ton amour délicat.
« Tu vois la puissance que vous avez sur Ma sensibilité. Uses-en. Ne crains pas. J’oublie Moi-même que Je suis Dieu, quand tout Petit, Je Me rends pour vous, Mes faibles enfants… »
1308. [III, 215] — Jeudi-Saint. Fresne. — Je pensais que j’étais venue devant le Saint-Sacrement deux fois le matin, deux fois l’après-midi et que j’allais revenir le soir.
« Tout un jour à Moi, une fois par an, tu crois que c’est beaucoup ? Mon Eucharistie est tous les jours et toutes les nuits au milieu de vous. Je suis là, plein de tendresse, riche de grâces à donner. Alors, tout un jour de toi, dis-Moi que ce n’est pas long. Rappelle-toi la fête de Mon Coeur… »
1309. [I, 332] — Jeudi saint. —
« La fête de Mon Coeur c’est l’institution de ce sacrement au milieu de Mes apôtres vers qui Je Me penchais d’une manière inexprimable.
« J’entrais en eux. En chacun, dans l’intimité de soi.
« Et Je Me répandais en eux d’une manière si suave que beaucoup versèrent des larmes.
« Une cruauté dans ce bonheur : la présence du traître.
« J’avais tant aimé Judas… Quelle douleur, Ma fille !
« Imagine qu’ayant choisi une amie, tu visses cette amie, sous des dehors empressés, te vendre à vil prix à tes adversaires…
« Judas, si tu désires trente deniers, que ne vas-tu les demander à Ma Mère ! Elle se vendrait plutôt Elle-même pour M’épargner à la mort… »
« Et J’ai reçu son baiser sur Ma joue…
« Il M’avait déjà tant fait souffrir quand Je le voyais par avance au jardin de Gethsémani…
« Seigneur, puis-je vous inviter à demeurer dans mes jolis jardins pour Vous consoler ? »
« C’est toi, l’âme du jardin.
« Mes fleurs à Moi, ce sont les pensées de ton âme.
« Et si Je sens ton zèle pour les pécheurs, J’oublie les angoisses des oliviers
« Si tu Me donnes l’amour de ton coeur, J’oublie la haine, la cupidité de Judas.
« Si tu prends dans ton esprit plein de compassion
« Ma misère de ver,
« Mes laideurs de lépreux,
« Mes infamies de flagellé»
« Mes hontes de condamné,
« Mes affres de crucifié,
« tout s’éloigne de Moi et Je Me donne à toi qui M’appelles.
« Prends un langage nouveau et fort, ce soir du jeudi saint pour Me témoigner ta reconnaissance amoureuse :
« tant d’hosties reçues…
« le plus heureux de nous deux, c’est Moi.
« Vis sous Mon regard
« comme une attachée d’ambassade qui irait aux autres pour Mon nom. »
1310. [III, 216] — Samedi-Saint.— Église du Fresne. —
« Ressuscite… Ressuscite avec Moi. Cela veut dire : Sois une autre. Meilleure. Sois plus près. Toujours plus près de Moi. Implore-Moi et compte sur Moi. »
1311. [III, 217] — Pâques 1943. — Église du Fresne. — Pendant la Bénédiction, je disais :« Mon pauvre Amour ressuscité. » (Vivement) :
« Mon Amour n’est jamais mort. En tous temps Je vous ai aimés. »