LUI et moi
Mois de Mai 1943
1312. [II, 204] —13 mai. — Heure sainte, à la campagne.
« Considère-toi toujours comme n’étant rien et n’étant capable de rien.
« Si Je n’étais pas en toi, que serais-tu ?
« Si Je ne te parlais pas, que pourrais-tu dire ?
« Moi, Je t’agite. Moi, Je te mène.
« Sans moi, dans quelle détresse vivrais-tu ?
« Même l’étude de Mes douleurs qui te peinent
« ne sont-elles pas une douceur puisqu’elles te prouvent mon amour ?
« Tu as de la difficulté à croire à un tel amour.
« Pourtant, rends-toi !
« Dis-toi :
« C’est vrai, je crois que si j’avais été seule à sauver, Tu aurais voulu souffrir et mourir ainsi parce que Tu es toute tendresse sans mesure. »
« Est-ce que tu ne crois pas que Je serai heureux de cette parole ?
« Le pire, vois-tu,
« après tant de souffrances,
« c’est d’être méconnu, oublié dans tant de coeurs glacés.
« Mon Coeur n’est que fournaise de zèle d’amour pour vous de dévouements.
« Combien peu y songent et s’adressent à Lui !
« Implore-Moi pour eux.
« Ta prière sera comme une raison d’accorder une grâce nouvelle,
« et Je t’en remercierais.
« Ne crois-tu pas que Je saurai remercier ?
« Que ferai-Je ?
« Je t’attacherai à Moi plus fortement
« comme un bras de Mon Corps
« et tu sauras que
« Ma Vie circule en toi :
« que ne donnerais-Je pas à celui qui Me ramène un pécheur ?
« Oh ! la joie du Pasteur retrouvant son pauvre petit agneau !
« Pour comprendre, il faudrait savoir la force de Mon amour.
« Demande-Moi souvent de comprendre davantage,
« chaque jour, un peu plus
« avancer dans la science de Moi.
« Sais-tu que Je suis un Grand Livre ?
« ce que tu y trouves, non seulement t’éclaire, t’illumine,
« mais te donne comme une expérience vécue.
« Je ne puis te pénétrer sans t’alimenter.
« Vois là mon zèle amoureux de ta montée en grâces.
« Je vous voudrais saints,
« car Mon Père est saint.
« Pour cela : être simples.
« N’avoir qu’une pensée :
« aimer Dieu.
« Etendre son Règne.
« Procurer sa Gloire.
« Maintenant, c’est la route obscure,
« mais tu verras plus tard, dans les joies bienheureuses, « des moissons, que tu ne savais pas.
« Oh ! Ma chère petite Fille, hâte ton pas.
« Tu sais tout ce que J’ai fait, en trois années ?
« Rappelle-toi Mes jours de labeurs,
« Mes nuits de prières,
« Mes charités,
« Mes pénitences.
« Viens avec Moi. »
1313. [II, 205] — 19. — Comme j’hésitais à me charger d’une commission pour un malade.
« Si tu ne prends pas de part au fardeau des autres,
« tu n’es pas digne d’avoir des frères. »
1314. [III, 218] — 20 mai. — Église d’Ingrandes. —
« Réchauffe ton amour. Réchauffe ton amour. Ne perds pas un pas. Va toujours en avant. Entre plus loin. La lecture de Ma Passion ne suffit pas. Prends-la en toi. Où que tu sois, prends Mes Souffrances. Ce sont des souffrances désirées… voulues… attendues. C’est Mon Amour pour vous… pour toi. Quand on a souffert ça… que peut-on refuser ? Demande-Moi de répondre à cet Amour de ton Dieu et J’allumerai en toi un feu nouveau qui t’étonnera. Tu ne te l’attribueras pas ; tu penseras : « C’est Lui qui me le donne !… » et ce sera vrai. Toi, tu es sans force aucune. Dis-le Moi, pour que Je te secoure. Si tu voyais un malade se complaisant dans sa maladie, tu ne chercherais pas à le guérir. Mais s’il crie vers toi, tu lui tends la main. Et s’il te témoigne sa reconnaissance, tu le presses sur ton coeur. Ouvre-Moi ta chambre secrète, pour que de notre nouvel amour nous puissions parler. Ce seront les mêmes mots, mais combien porteront-ils davantage, tu ne comprendras plus qu’un instant se passe sans Moi. Où sera ton Trésor, sera ton coeur. Enfin, il y a si longtemps que Je te désire ! Demande que Je sois tout pour toi… que tu sois toute pour Moi. Tu te rappelles ? A Corte, là-bas, tu Me l’avais dit. Maintenant il faut que tu Me le vives. Si tu n’as rien à Me dire, tu viendras Me regarder dans la chambre secrète. Tu ne M’attendras jamais, car J’y serai déjà. Et Moi, Je saurai ce dont ce regard a besoin et Je te le donnerai. Davantage encore. Si tu ne sais pas comment dire, tu resteras à Mes pieds, comme Madeleine et Je lirai en toi. Garde ta place dans la chambre secrète. Que de joies douces Je t’y réserve… Je n’ai pas beaucoup de chambres secrètes sur la terre. Je choisis la plus misérable. Comme autrefois… »
1315. [III, 219] — « Si tu conduisais ton attelage à deux chevaux, tu serais souvent obligée d’en modérer l’allure : « hé là ! hé là ! » De même, ne t’étonne pas de devoir contrôler les mouvements de ta nature impétueuse et de premier jet, tu le feras pour l’amour de Moi. »
1316. [I, 333] — 23 mai. Après la communion. —
« Tu comprends, tu n’as pas souvent l’occasion de te jeter à l’eau pour sauver autrui.
« C’est dans les petites circonstances que tu dois te dévouer au prochain pour l’amour de Moi.
« Un petit geste. De l’affection. « Et du charme.
« C’est l’intention que Je regarde toujours en toi.
« L’intention. Tu comprends ?
« Je serai indulgent si ce n’est pas très réussi. »
1317. [II, 206] — 27 mai. — A la campagne, à l’église.
« As-tu compris Mon amour ?
« Y penses-tu souvent ?
« J’allais dire « sans cesse » ?
« Efforce-toi d’y croire davantage.
« N’est-ce pas un délice de se pénétrer de Mon amour ?
« Vis-tu avec Lui ?
« Le salues-tu en t’éveillant ?
« Et le soir, t’endors-tu dans ses bras
« L’Amour et Moi, c’est la même chose.
« Combien les hommes se font une triste idée de Dieu !
« une triste idée de Jésus-Christ !
« C’est pourquoi il manque à leur vie l’enthousiasme à la vivre.
« Autrefois, un homme vivait pour son Roi « et c’était un but très cher.
« Mais, ne crois-tu pas que vivre pour son Dieu
« serait un But autrement pénétrant et comme une lumière de tendresse ?
« Moi seul puis assouvir votre coeur.
« Pauvres gens ! qui demandent le bonheur à ceux qui ne le possèdent pas…
« Viens-tu avec Moi quand tu veux aimer ?
« Et où irais-tu ?
« Je t’ai aimée de toute Eternité ; « tu ne peux pas comprendre « de toute éternité ».
« Crois et remercie.
« Et puis, ouvre-toi à Moi comme une fleur appelle le soleil et s’épanouit par lui.
« Ouvre-toi par Moi et répands-Moi, « travail exquis de l’âme qui joint ses forces à Dieu.
« Le résultat est la douce et fidèle bienfaisance.
« Ton âme, aux mille visages, se tournera avec la même onction vers Dieu et vers son prochain :
« tu ne Me quittes pas pour aller à lui,
« tu Me portes en tout lieu,
« tu sais bien que Je suis en toi
« le Créateur vit en sa créature,
« tu es faite à Mon image et à Ma ressemblance.
« Tu es donc capable d’aimer tous,
« excepté toi : ne te donne que le nécessaire.
« Le meilleur, le plus beau, offre-le aux autres à cause de Moi.
« .Combien Je t’en bénirai dans Mon Coeur et comme tu L’habiteras mieux !
« Je t’aiderai,
« toi, tu M’aideras aussi à compléter Ma Passion : tu sais ? ta part.
« Vos croix sur vos tombes représentent la croix que chacun dut porter pendant sa vie.
« Elles complètent la Mienne : « toujours, nous ne faisons qu’un.
« Je l’ai voulu ainsi, Mes frères bien-aimés.
« Et par avance
« unifie nos deux morts : la Mienne et la tienne.
« Je suis mort pour toi,
« meurs pour Moi. »